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Euro 2016 : les trois pièges que les Français doivent éviter lors des matchs de préparation

Les Bleus, qui affrontent le Cameroun, lundi, sont parfois tombés sur un os lors de ces rencontres amicales. Des accros qui peuvent ensuite peser sur la compétition.

Article rédigé par Christophe Rauzy, Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Djibril Cissé, attaquant de l'équipe de France, gravement blessé le 7 juin 2006 lors d'un match de préparation à la Coupe du monde contre la Chine, à Saint-Etienne (Loire). (FAYOLLE / SIPA)

Les questions entourant l'équipe de France sont si nombreuses, à onze jours du début de l'Euro 2016, que les Bleus assurent tous avoir hâte que la compétition débute. Sauf que la sélection de Didier Deschamps doit encore peaufiner sa préparation en disputant deux matchs amicaux, lundi 30 mai contre le Cameroun à Nantes (Loire-Atlantique), et samedi 4 juin à Metz (Moselle) contre l'Ecosse. Des rencontres délicates à gérer pour le staff et pour les joueurs, tant le risque existe d'en sortir affaiblis, avant même d'avoir débuté la vraie compétition.

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Francetv info revient sur les dangers qui guettent les Français lors de ces matchs sans enjeux qui peuvent s'avérer être de vrais pièges.

1Se blesser au plus mauvais moment

C'est le cauchemar de tous les internationaux : cravacher toute une saison pour obtenir une sélection en équipe nationale, parvenir à surpasser les autres pour décrocher une place dans le groupe des 23 joueurs choisis... et renoncer à cause d'une blessure contractée lors d'un match sans enjeu contre un adversaire anonyme.

Se blesser pendant un match de préparation est une malédiction que plusieurs grands joueurs ont connue. On peut citer le Ballon d'or espagnol Alfredo Di Stefano avant le Mondial au Chili en 1962, mais aussi l'Italien Andrea Pirlo ou l'Ivoirien Didier Drogba en 2010, ou encore l'Allemand Marco Reus en 2014.

Les Français n'ont pas été épargnés par ces blessures de dernière minute. Le cas le plus traumatisant reste celui de Zinédine Zidane, qui, en 2002, est victime d'une déchirure à la cuisse en plein match amical contre la Corée-du-Sud, à cinq jours du Mondial.

Zinédine Zidane soigné pour une blessure à la cuisse, lors du match amical France-Corée-du-Sud à Suwon (Corée-du-Sud), le 26 mai 2002. (PATRICK HERTZOG / AFP)

Les Bleus sont accablés, mais, surtout, l'attention médiatique se concentre uniquement sur le quadriceps du meneur de jeu français, dévalorisant le reste de l'équipe, comme le regrettera après coup le sélectionneur Roger Lemerre. Démobilisée, la France est éliminée dès le premier tour de la Coupe du monde, Zinédine Zidane jouant sur une jambe le dernier match de poule contre le Danemark (défaite 2-0).

En 2006, l'image du tibia brisé de Djibril Cissé, planté à l'équerre dans la pelouse de Saint-Etienne, reste, là encore, un traumatisme pour la France. Cette horrible blessure, survenue lors d'un match de préparation contre la Chine, deux jours avant le Mondial en Allemagne, prive les Bleus d'une flèche offensive et d'un titulaire en puissance.

Dans ces deux cas, les deux joueurs présentaient un terrain fertile aux blessures. Zinédine Zidane était arrivé en Corée fatigué, après une saison pleine avec le Real Madrid, conclue par une finale de Ligue des champions remportée seulement 9 jours avant son pépin physique. Après le match, Jean-Marc Ferret, le médecin des Bleus, a ainsi reconnu que le meneur de jeu était "un peu plus exposé à la blessure". Djibril Cissé venait lui aussi de disputer une saison bien remplie avec Liverpool. Mais il revenait surtout d'une longue convalescence après une première fracture tibia-péroné, contractée la saison précédente, en octobre 2004.

Didier Deschamps devrait donc y réfléchir à deux fois avant de titulariser Antoine Griezmann, tout juste revenu de la finale de la Ligue des champions, qu'il a perdue avec son club de l'Atlético Madrid après une saison dantesque (54 matchs). Mais aussi Bacary Sagna, qui a déjà raté l'Euro 2012 à cause d'une fracture du péroné.

2Se saper le moral en perdant contre des seconds couteaux

On l'a un peu oublié, mais la Coupe du monde catastrophique des Bleus en 2010 avait été précédée d'une préparation pas beaucoup plus réjouissante. Le programme était pourtant idéal pour offrir aux Bleus une douce montée en puissance, avec trois équipes plutôt faibles non-qualifiées pour le Mondial : le Costa-Rica, la Tunisie et la Chine. Des rencontres idéales pour expérimenter un nouveau système et lancer des petits nouveaux. Mais rien de tel qu'une défaite surprise pour saper la confiance.

Cela commence laborieusement contre le Costa-Rica, où le dernier arrivé chez les Bleus, Mathieu Valbuena, arrache une victoire 2-1 à dix minutes de la fin. Les médias parlent de "vent nouveau", d'enthousiasme retrouvé... Des espoirs vite douchés par un triste nul à Tunis (1-1) où la France est menée pendant une heure. "J'espère que [l'équipe de France] n'est pas prête, il faut être prêt le jour du match", s'amuse Raymond Domenech en conférence de presse. Officiellement, tout va toujours pour le mieux, et la France poursuit sa préparation par un séjour à la Réunion, où elle ne s'était jamais rendue.

Les joueurs chinois célèbrent leur ouverture du score face à un André-Pierre Gignac dépité, le 4 juin 2010, à Saint-Pierre de la Réunion. (FRANCK FIFE / AFP)

Mais à Saint-Pierre de la Réunion, les Bleus livrent un des matchs les plus embarrassants de leur histoire. Incapables de construire des actions, les joueurs en sont réduits à tenter des frappes lointaines, toutes captées par le gardien chinois. A la mi-temps, le sélectionneur estime que la France gagnera "par miracle dans les cinq dernières minutes", mais il était encore un peu trop optimiste. Un long coup franc un peu flottant surprend Hugo Lloris et la France perd 1-0 contre la Chine (84e nation au classement mondial de la Fifa). Ironique, un internaute a précédé le résumé du match de la musique de Benny Hill.

"La Coupe du monde, c'est pas aujourd'hui, ça commence le 11", une semaine plus tard, martèle Raymond Domenech. Mais les Bleus ont donné l'impression de jouer de moins en moins bien, et ont perdu ce qui leur restait de confiance et la bienveillance des supporters. Un écueil à éviter face au Cameroun et l'Ecosse.

3Se voir trop beau après des victoires faciles

Si une défaite surprise à quelques jours d’une grande compétition peut saper la confiance d’un groupe, il faut aussi se méfier du scénario inverse : se balader face à un adversaire trop faible, et en sortir un peu trop confiant sur ses capacités. Ainsi, en 2012, juste avant de partir pour disputer l’Euro en Ukraine et en Pologne, la France s’était offert une victoire 4-0 contre l’Estonie. Karim Benzema avait marqué ses premiers buts en un an, les nouveaux Jérémy Ménez et Olivier Giroud avaient convaincu, et on parlait même d'un renouveau de Franck Ribéry. Une confiance qui s’était délitée au fil d'un Euro conclu par une élimination en quart de finale face à l'Espagne (2-0). Pas pire que les Pays-Bas qui, après avoir flambé contre l’Irlande du Nord (6-0) en amical, étaient annoncés comme de possibles outsiders du tournoi… qu’ils ont terminé avec zéro point.

En 2014, pour le Mondial, c’est l’Espagne qui avait choisi la facilité en affrontant la Bolivie et le Salvador. Pas vraiment de quoi se préparer à l’intensité de ses rencontres du premier tour contre les Pays-Bas et le Chili, où la Roja était apparue comme dépassée, avant de finir éliminée dès le premier tour. 

Reste que balayer une petite équipe n’est, bien sûr, pas toujours une mauvaise préparation : en 2014, les Bleus avaient su rester, lors du premier tour du Mondial, sur la bonne dynamique de leur victoire 8-0 contre la Jamaïque, une semaine avant leur entrée dans la compétition.

Cette année, la France a tout de même choisi des adversaires plus coriaces, contre lesquels une victoire aura plus de valeur.

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