Euro 2016 : parmi les grands France-Allemagne, il n'y a pas que Séville en 1982
Outre la mythique demi-finale du Mondial espagnol, les 27 confrontations franco-germaniques de l'histoire ont donné lieu à plusieurs rencontres marquantes. En voici une sélection.
Pour ceux qui l'ont vécu, le traumatisme est toujours là. La défaite aux tirs au but de la France face à l'Allemagne, en demi-finale de la Coupe du monde 1982 à Séville, reste comme la plus célèbre, et la plus dramatique, des confrontations entre les deux nations. Alors que les Bleus affronteront la Mannschaft jeudi 7 juillet en demi-finale de l'Euro 2016, le fantôme du scénario irréel de ce match vieux de trente-quatre ans rôde à nouveau.
Mais ce sommet d'injustice, marqué par l'agression de Schumacher sur Battiston, n'est pas la seule confrontation franco-germanique qui ait marqué l'histoire du foot. Parmi les 27 rencontres entre ces deux équipes rivales, on compte 12 victoires françaises, 9 succès allemands et 6 matchs nuls, et quelques épisodes marquants, entre scores fleuves et esprit de revanche.
La raclée infligée aux Allemands à Göteborg, en 1958
C'est un jour qui est longtemps resté gravé comme le sommet du foot français. Le 28 juin 1958, les Tricolores disputent face aux Allemands le match pour la troisième place de la Coupe du monde en Suède. Et les Français, menés par Raymond Kopa, surclassent les Allemands 6-3, grâce à un homme, Just Fontaine, qui s'offre un quadruplé ce jour-là. Un exploit qui lui permet de décrocher le record de buts marqués en un Mondial, avec 13 buts, performance toujours inégalée à ce jour.
L'humiliation subie par les Français à Berlin, en 1967
Neuf ans plus tard, la situation a bien changé. Les Français n'ont pas réussi à se qualifier pour le Mondial en Angleterre, l'année précédente, alors que les Allemands l'ont terminé en finale, avec un titre de vice-champions du monde. Alors, sans surprise, l'Allemagne écrase les Bleus 5-1. Les Français ont certes joué toute la seconde mi-temps à 10, après l'exclusion de Robert Péri, mais le score reflète surtout les trajectoires opposées que prennent les deux pays : un foot allemand en pleine ascension, prêt à dominer l'Europe, et un foot français en pleine déliquescence, qui devra attendre les années Platini pour revenir en pleine lumière.
La revanche ratée de Guadalajara, en 1986
Le temps des gardiens sans gants, des poteaux carrés et de la télé en noir et blanc est révolu, mais les Allemands restent dominateurs. Quatre ans après le drame footballistique de Séville, les Français retrouvent leurs meilleurs ennemis en demi-finale (encore) du Mondial, au Mexique. Mais les hommes d'Henri Michel n'ont pas les moyens de s'offrir la revanche que tout le monde attend. Le quart de finale remporté aux tirs au but face au Brésil pèse lourd dans les jambes des Bleus, et Michel Platini joue alors qu'il est blessé.
Les Bleus rivalisent avec l'équipe adverse, mais sont finalement battus 2-0, après un coup franc d'Andreas Brehme mal arrêté par Joël Bats, et un deuxième but symbolique : à la dernière minute, Maxime Bossis, l'homme qui avait raté son tir au but à Séville, manque une reprise de volée que capte Harald Schumacher, le même gardien allemand qui avait détruit Patrick Battiston quatre ans plus tôt en Espagne. De dépit, Michel Platini mime de mettre un coup de pied au portier germanique couché sur le ballon. Ce dernier se relève et expédie la balle loin devant pour Rudi Völler, qui bat tranquillement Joël Bats sorti à l'aventure. Le coup est fatal et la fin, une nouvelle fois, cruelle.
L'espoir français de Gelsenkirchen, en 2003
Un an après avoir raté leur Mondial asiatique, les Français se présentent en Allemagne avec un appétit retrouvé. Les Allemands ont beau être, à nouveau, vice-champions du monde, la ligne d'attaque Zidane-Trézéguet-Henry fait exploser la Mannschaft. Résultat, une belle victoire 3-0 qui vient confirmer la tendance : les Français gagnent toujours contre les Allemands depuis 1990. Bon, d'accord, ce ne sont que des matchs amicaux, mais la fierté nationale française est retrouvée. La démonstration de Gelsenkirchen n'empêchera pas ces Bleus, si talentueux sur le papier, de s'effondrer contre la Grèce, huit mois plus tard, en quart de finale de l'Euro au Portugal.
La révélation Giroud à Brême, en 2012
Bis repetita neuf ans plus tard à Brême, en Allemagne, en février 2012. Toujours en match amical, et moins de deux ans après la déconfiture de Knysna, les Français battent sans contestation des Allemands (2-1), pourtant annoncés au top à quelques mois de l'Euro. Pour sa première titularisation, Olivier Giroud inscrit le premier but français, son premier en bleu aussi, et devient un sérieux concurrent pour Karim Benzema. C'est le match référence de l'ère Laurent Blanc, qui s'achèvera face à l'Espagne, le 23 juin 2012, sur une décevante élimination en quarts de finale du championnat d'Europe en Pologne et en Ukraine.
Ce match marque le début d'un long bail en bleu pour l'attaquant isérois. Avec Yohan Cabaye et Hugo Lloris, ils sont les derniers Français ayant participé à cette rencontre à être toujours en équipe de France lors de cet Euro 2016. En face, en revanche, sur les seize Allemands défaits ce soir-là à Brême, huit portent toujours le maillot de la Mannschaft.
Le goût d'inachevé de Rio, en 2014
Lorsque l'Allemagne bat l'Algérie en huitièmes du finale du Mondial 2014, les Français se frottent les mains : les Bleus vont enfin pouvoir venger Patrick Battiston, à l'occasion de ce quatrième France-Allemagne en compétition officielle. Forts de leur domination en matchs amicaux, les Tricolores y croient, puis la triste réalité s'imposent à eux. Rigoureux, organisés, les Allemands contiennent la fougue de la bande à Deschamps, et s'imposent froidement 1-0, grâce à un coup de tête de Mats Hummels.
Derrière, en voyant l'Allemagne décrocher son quatrième titre de championne du monde dix jours plus tard, les Français l'ont mauvaise tant ils croyaient en leurs chances. "On l'a encore en travers de la gorge", lâche Moussa Sissoko, relayé par Eurosport.
Le drame de Saint-Denis, en 2015
Malgré la belle prestation française et la victoire impériale des Bleus 2-0, l'histoire retiendra surtout la peur qui s'est emparée du Stade de France et du pays tout entier, le 13 novembre 2015 au soir. En plein match, l'enceinte est directement visée par trois explosions survenues aux abords du stade, juste avant que des terroristes ne s'attaquent à des terrasses parisiennes et aux spectateurs du Bataclan. Le match se déroule jusqu'à la fin, mais les joueurs prennent connaissance des événements juste après le coup de sifflet final. La pelouse est envahie par des spectateurs éberlués, qui attendent de pouvoir sortir du stade.
Très marqués, Français et Allemands partagent alors la même anxiété. Dans les rangs bleus, plusieurs proches de joueurs sont concernés par les attaques. L'équipe germanique, elle, refuse de rentrer dans son hôtel parisien et passe la nuit dans son vestiaire. Jeudi soir à Marseille, Français et Allemands auront sûrement à cœur de garder un souvenir plus chaleureux de leur confrontation, à savoir une qualification pour la finale de l'Euro.
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