Fifa : Sepp Blatter peut-il perdre ?
Le 65e congrès de la Fifa se poursuit vendredi à Zurich, où doit avoir lieu le scrutin présidentiel qui doit départager le président sortant Sepp Blatter et le Prince Ali, son unique rival dans la course à son 5e mandat. 209 fédérations sont appelées à se prononcer.
Inoxydable Blatter
A 79 ans et déjà 16 ans de présidence de la Fifa, le Suisse Joseph "Sepp" Blatter a la peau dure. Il l'a encore montré hier, en faisant fi des nombreux appels à la démission dirigés contre lui, après l'inculpation de 14 dirigeants et partenaires de la Fifa, soupçonnés de corruption. Relativisant sa responsabilité dans l'affaire, Sepp Blatter s'est contenté de pointer qu'il ne pouvait pas "surveiller les agissements de tout le monde " au sein de son institution lors de son discours inaugural du congrès. Ce congrès, justement, c'est selon lui "l'opportunité de commencer sur un chemin nouveau ", en attendant que les coupables "soient punis " par la justice.
Platini à l'offensive, Blatter imperturbable
"Je lui ai demandé de quitter la Fifa, de démissionner de la Fifa ", avait déclaré Michel Platini un peu plus tôt jeudi. Le président sortant, lui, aurait répondu qu'il était "trop tard" pour partir maintenant. Le patron de la puissante UEFA, l'une des confédérations majeures de la Fifa, a eu des mots très durs à l'encontre de son "ami" jeudi à Zurich. "Je suis dépité, écoeuré, j'en ai marre ", a-t-il poursuivi, "et je peux vous dire que demain (vendredi), à l'élection du président, une très très très grande majorité des associations nationales européennes va voter pour le Prince Ali ".
"Je pense qu'il peut perdre"
Une annonce qui rebat les cartes d'un scrutin qui s'annonçait presque fait d'avance pour M. Blatter. Car l'UEFA pèse pas moins de 53 voix dans le vote. Au soutien des Européens, le Prince Ali peut en outre ajouter celui de la fédération australienne, qui a annoncé son vote dès jeudi. "Je pense qu'il (Blatter) peut perdre ", a néanmoins conclu Michel Platini.
Mais le peut-il vraiment ? Les jeux sont en tout cas loin d'être faits. Car une autre Confédération, la Confédération africaine de football (CAF), aura elle aussi son poids dans l'élection, avec ses 54 voix. Et elle a d'ores et déjà rappelé son soutien indéfectible au président sortant.
Les présidents des Fédérations américaine et canadienne de football vont elles soutenir le Prince Ali.
U.S. Soccer will vote for Prince Ali bin Al Hussein for next president of FIFA. This is a vote for good governance & promise for our game.
— Sunil Gulati (@sunilgulati) May 28, 2015
Reste encore à connaître le positionnement de l'Asie et ses 46 voix.
Un rival sérieux pour la présidence
En attendant, Sepp Blatter a en face de lui un vrai rival en la personne du prince jordanien Ali Bin Hussein. A 39 ans, ce dernier se présente comme le candidat du renouveau, un programme résumé en un souhait : que l'on parle plus de football que de la Fifa.
Elevé par son père le roi Hussein de Jordanie, il a reçu l'éducation classique d'un prince, alternant entre établissements britanniques et américains. Le sport fait partie de sa vie également, sa soeur Aya et son frère Abdallah sont respectivement champions d'équitation et de moto. Ali rejoint la garde royale, puis il prend la tête de la fédération nationale de football, où il fait le pari des centres de formation pour faire progresser le football jordanien. Il rejoint ensuite la Fifa en 2011 comme vice-président. Un an plus tard, il obtient la levée de l'interdiction du foulard islamique dans les matchs de foot.
Blatter "détendu"
Un candidat sérieux, donc, mais une adversité qui n'est pas de nature à ébranler la sérénité de Sepp Blatter. Son directeur de la communication Walter de Gregorio a d'ailleurs dès mercredi fait savoir que l'intéressé restait "détendu ", se permettant même de déclarer que c'était "un bonjour pour la Fifa, car les choses avancent et nous avons hâte d'avoir des réponses " (sur l'affaire de corruption). Même en pleine tempête, Sepp Blatter est imperturbable.
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