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Foot : bras de fer club-joueur, mode d'emploi

Un joueur qui veut partir contre l'avis de son club engage presque toujours un bras de fer. Dernier en date, Florian Thauvin, attaquant du Losc. Presque à chaque fois, c'est le club qui perd...

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
L'attaquant Florian Thauvin à l'entraînement avec Lille (Nord), le 23 août 2013.  (MAXPPP)

Plus fréquent que le petit pont ou le tacle glissé en période de mercato, le "bras de fer" agite depuis six semaines la rubrique "transfert" des gazettes européennes. Florian Thauvin, fraîchement arrivé à Lille, qui fait grève pour rejoindre l'OM, Bafé Gomis mis à l'écart pour l'inciter à quitter Lyon, Gareth Bale qui préfère les plages de Marbella aux terrains d'entraînement de Tottenham... et la liste est longue. Certaines histoires sortent tout de même du lot.

Florian Thauvin, gréviste sans avoir joué un seul match

C'est l'histoire d'un joueur qui n'a pas joué une seule minute dans son club et qui veut à tout prix le quitter. Quand il signe pour Lille, en janvier 2013, Florian Thauvin évolue sous les couleurs de Bastia, et est en passe de devenir la révélation de l'année. Il signe pour le club lillois, alors dirigé par Rudi Garcia et en bonne voie pour participer à la Coupe d'Europe, mais est prêté à Bastia pour terminer la saison. Quand il rejoint le Nord, en juillet, Garcia est parti, tout comme les espoirs de Coupe d'Europe. Le joueur, conseillé par un mystérieux boucher du 18e arrondissement de Paris en guise d'agent, décide de succomber aux sirènes de l'OM, qui lui fait les yeux doux - et offre un salaire nettement supérieur. Pour Lille, il n'est pas question de se séparer d'un élément si prometteur. 

Le joueur sèche désormais l'entraînement, à raison de 1 500 euros d'amende par jour d'absence, rapporte La Voix des Sports. "Le monde du foot, c’est le monde du fric. Les joueurs sont considérés comme du bétail. C'est ça qui me dégoûte", conclut, paradoxalement, Charles Thauvin, son père, sur 20minutes.fr. Fin du feuilleton (peut-être) le 2 septembre, dernier jour du marché des transferts. 

Sylvain Wiltord, bras de fer en série

Sylvain Wiltord est un multirécidiviste de l'embrouille estivale. Dès 1996, il signe un pré-contrat avec le club espagnol de La Corogne, avant de s'engager avec Bordeaux. Au final, le club bordelais devra abandonner la moitié des droits sur le joueur au club espagnol. En 2000, auréolé de son statut de buteur en finale de l'Euro, l'attaquant demande à partir. Son club ne l'entend pas de cette oreille et le met à l'écart. Pour éviter la faute professionnelle, le joueur se montre à l'entraînement, mais fait le minimum. Ce qui ulcère son entraîneur, Elie Baup : "Pour moi, il n'existe pas", lâche-t-il au Parisien. L'attaquant s'engage fin août avec Arsenal contre une indemnité de 19 millions d'euros.

Trois ans plus tard, Sylvain Wiltord s'aperçoit d'une erreur dans le document qui interdit au joueur de se retourner contre son club pour réclamer les salaires dûs au titre de son contrat - Wiltord était engagé jusqu'en 2004. Il réclame en justice 3 millions d'euros, rapporte Sport.fr, avant d'être débouté. A noter que Wiltord a refait le coup du bras de fer pour quitter Lyon pour Rennes, en 2007. 

Robbie Savage, l'actors studio

Le joueur gallois à la longue crinière blonde a arpenté les terrains de Premier League pendant quinze ans, en changeant régulièrement d'équipe. Une fois les crampons raccrochés, il raconte à la BBC (en anglais) : "Quand je voulais mettre la pression sur l'entraîneur, je convenais d'un rendez-vous avec une équipe de télé... un jour où aucun entraînement n'est prévu. Ça permettait de donner l'impression que j'étais obligé de m'entraîner tout seul." 

Ou encore cette anecdote larmoyante mais surréaliste narrée au Daily Mirror (en anglais) : "L'entraîneur a fait tout ce qu'il pouvait pour que je reste à Birmingham, mais je lui ai menti. Je me suis assis dans son bureau, j'ai évoqué avec lui mes problèmes personnels, pour la plupart inventés. Et là, j'ai pleuré... grâce à l'oignon que j'avais caché dans ma poche."

Peter Odemwingie, fast and furious

L'attaquant nigérian passé par Lille s'est énervé contre son club, West Bromwich Albion, sur Twitter le 28 janvier dernier, accusant les dirigeants de se "servir dans [s]a poche" et de refuser les offres de clubs plus huppés. Le 31, au dernier jour du mercato d'hiver, l'attaquant décide de prendre sa voiture et de se rendre de force dans les locaux du club londonien des Queens Park Rangers. Le joueur a quand même trouvé le moyen de se faire interviewer par Sky Sports au volant : "West Brom était ma maison, mais désormais, c'est un nouveau chapitre qui s'ouvre." Scène incroyable : les dirigeants du QPR sont obligés de se barricader pour empêcher Odemwingie d'entrer ! Le joueur évolue toujours à WBA, mais le lien de confiance avec le staff et le public s'est singulièrement distendu.

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