Foot : comment survivre à une relégation en Ligue 2 ?
Valenciennes et Ajaccio sont déjà rétrogradés en deuxième division. Voici quelques conseils pour éviter que cette entrée au purgatoire se transforme en enfer.
Les supporters valenciennois n'ont pas encore digéré la relégation de leur club en Ligue 2, après huit ans de présence en Ligue 1. "Vous entrez dans l'histoire du club par le trou des chiottes", ont-ils écrit sur une banderole adressée aux joueurs, lors du match fatal, une défaite 0-1 contre Bordeaux, dimanche 4 mai. Histoire de raccourcir au maximum le passage au purgatoire, voici quelques conseils tirés des exemples du passé.
En anticipant financièrement la descente
La descente en Ligue 2 représente souvent un traumatisme financier pour les clubs concernés. Valenciennes, relegué en L2 pour la saison 2014-2015, avait projeté de terminer à la 12e place de la Ligue 1, et avait donc établi ses prévisions de budget (et notamment de rentrées d'argent) en conséquence. Imaginez le casse-tête : "En France, la descente en Ligue 2 divise le budget d’un club par cinq en moyenne", écrit l'économiste du sport Wladimir Andreff dans la Revue économique.
Le bon exemple. Nancy, en 2012-2013. C'est plus facile de planifier la descente quand on est bon dernier à la mi-championnat... La vente de quelques joueurs-clés au mercato d'hiver, remplacés par des jeunes formés au club, ont permis de préparer la saison 2013-2014 du club, qui est encore en course pour la remontée.
Le mauvais exemple. Lens, tombé à l'étage inférieur en 2007-2008, avait planifié de finir dans les cinq premiers cette saison-là... "Mon tort a été de ne jamais avoir réfléchi à l'hypothèse d'une descente en Ligue 2. On pense toujours que cela n'arrive qu'aux autres", reconnaît le président du club, Gervais Martel, dans L'Express. Le club, encore en L2 aujourd'hui, se remet lentement des conséquences de cette erreur.
En ne chamboulant pas son effectif
Dur, dur de conserver ses meilleurs éléments lorsque l'on est rétrogradé à l'étage inférieur. Légalement, les présidents peuvent baisser le salaire de leurs footballeurs de 20%. Et de nombreux joueurs préfèrent partir plutôt que d'accepter un rabais sur leur fiche de paye. "Il y dix ans, une descente faisait moins mal. Les droits étaient deux fois moins importants et les écarts de salaires plus réduits", confiait un dirigeant de Nancy à Challenges.
Le bon exemple. Metz, 2013-2014. Le club lorrain écrase le championnat de Ligue 2 avec 16 de ses 26 joueurs formés au club. Les cadres de l'équipe ont fait leurs armes en remportant la coupe Gambardella (réservée aux jeunes âgés de 18 ans) en 2010, puis ont aiguisé leurs dents en National, en 2012-13, en terminant vice-champions. "Dans notre situation, beaucoup de clubs auraient mis la clé du centre de formation sous la porte. Pour nous, ça n’a pas été le cas, en raison de la volonté du club et parce que nous avons fait des efforts pour développer des actions et maintenir notre centre", expliquait le patron du centre de formation, Denis Schaffer, à Sharkfoot, en mai 2013.
Le mauvais exemple. Monaco, en 2011-2012. Relégué en deuxième division à la surprise générale, Monaco commence par brader son effectif : beaucoup de joueurs refusent la baisse de salaire automatique. Stéphane Ruffier ou Nicolas Nkoulou quittent le club respectivement pour Saint-Etienne et Marseille. Et avec une équipe bâtie de bric et de broc, avec des nouveaux et des jeunes, Monaco se fait peur pendant une demi-saison, avant d'arracher son maintien en Ligue 2 . "Monaco n'a pas la capacité à aller en Ligue 1", reconnaît l'entraîneur de l'époque, Marco Simone. Jusqu'à ce qu'un investisseur russe débarque avec 200 millions d'euros, changeant le cours de l'histoire...
En conservant des soutiens politiques
Moins de droits télé, moins de recettes de sponsoring, moins de recettes en billetterie... Il reste les subventions et les coups de pouce des politiques, à ne pas négliger.
Le bon exemple. Créteil. Le club francilien, Petit Poucet de la Ligue 2, bénéficie du soutien sans faille de la municipalité. Lors de la saison 2012-13, le club est littéralement porté en L2 grâce à une aide de 1,2 million d'euros de la mairie, qui représentait presque la moitié du budget. "Si on peut encore l'augmenter, on le fera", affirmait le maire de la ville, Laurent Cathala (PS), au Parisien. La municipalité soutient le club depuis 1985.
Le mauvais exemple. Beauvais, qui a perdu sa place en Ligue 2 en 2003 pour ne plus jamais la retrouver. Il est actuellement en CFA (quatrième division). "Ça ne m'étonne qu'à moitié que le club ne soit pas remonté, analyse l'ancien entraîneur Baptiste Gentili dans Le Courrier Picard. Il y a un potentiel, c'est vrai, avec de belles structures, mais il n'existe pas d'engouement autour, ni non plus un soutien politique suffisamment important pour être ambitieux. Je n'ai pas l'impression que les choses ont changé depuis que je suis parti."
En continuant d'attirer son public
Qui dit descente dit chute des prix des billets. Compter 20% de rabais en moyenne, pour retenir les supporters.
Le bon exemple. Lens, cette saison, qui bat chaque semaine le record de fréquentation de la Ligue 2, avec une politique de prix attractifs. Contre Angers, samedi 3 mai, ils étaient 40 266 à s'entasser dans les tribunes du stade Bollaert, soit plus qu'au Stade Vélodrome, en Ligue 1, pour voir l'OM affronter Lyon (37 842).
Le mauvais exemple. Caen, dont le stade connaît cette saison un vrai problème de fréquentation, avec un creux à 40% de remplissage en février, rapporte Ouest-France. Le président du club, Jean-François Fortin, se défend : "Bien souvent, les personnes qui trouvent les places trop chères sont aussi celles qui veulent qu'on tienne la 1re place. Mais il y a un moment où l'on a besoin d'un minimum de ressources financières pour remplir certains objectifs."
Note pour le futur : un rapport du Sénat, paru fin 2013, préconise de réduire le nombre de descentes de Ligue 1 en Ligue 2 à deux, contre trois actuellement. L'objectif : réduire l'aléa sportif pour éviter les accidents industriels. Pas mal de dirigeants de clubs relégués applaudiraient des deux mains cette mesure...
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