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Foot : il y a plus original qu'un doigt d'honneur pour exprimer sa colère

L'entraîneur de Montpellier, René Girard, a écopé d'un match de suspension ferme pour avoir perdu ses nerfs en Ligue des champions. Quelques conseils pour la prochaine fois. 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
René Girard, l'entraîneur du club de foot de Montpellier, en conférence de presse avant un match de Ligue des champions, le 2 octobre 2012. (MARTIN MEISSNER / AP / SIPA)

FOOT - L'entraîneur montpelliérain René Girard a écopé, mercredi 10 octobre, d'un match de suspension et d'un autre avec sursis pour un doigt levé haut contre son homologue du club allemand de Schalke 04, une semaine plus tôt. Les deux coachs avaient commencé à échanger des amabilités dès le début du match, René Girard reprochant à l'arbitre sa trop grande mansuétude envers les joueurs allemands, Huub Stevens accusant Girard de dicter sa conduite à l'homme en noir. Il existe pourtant de nombreuses façons plus élégantes pour un entraîneur, pas seulement de foot, de perdre ses nerfs. Parfois même de ne pas être sanctionné par l'arbitre et d'arriver, en plus, à ses fins.

Shooter dans une bouteille d'eau

Il y a "jeter une bouteille d'eau" et "jeter une bouteille d'eau". Ainsi, Carlo Ancelotti, l'entraîneur du PSG, a été exclu d'un match à Ajaccio en début de saison pour avoir donné un coup de pied dans une bouteille, près de son banc. Certes, la bouteille a vaguement pris la direction de l'arbitre, mais cela valait-il un carton rouge ? Pour s'énerver sans risquer l'exclusion, il reste le modèle Arsène Wenger, le coach d'Arsenal, où c'est la bouteille, elle seule, qui en prend pour son grade.  



Efficacité : relative. Tant que la bouteille n'arrive pas sur le terrain, pas de risque d'être pris par la patrouille.

Briser une vitre

C'est arrivé à l'entraîneur du CFR Cluj, un club roumain qu'on retrouve régulièrement en Ligue des champions. En 2010, le coach donne un violent coup de pied dans l'abri au-dessus de son banc de touche. La vitre en plexiglas n'a pas résisté. Son poste non plus : le soir-même, il était remercié par son club.  

Efficacité : discutable. Ça ne fait pas de vous un meneur d'hommes, juste un brise-tout.

Jeter tout ce qui vous tombe sous la main

C'est au hockey sur glace qu'on trouve les plus grands spécialistes du nettoyage par le vide. L'entraîneur de l'équipe canadienne d'Abbotsford Heat, Jim Playfair, est devenu une star mondiale en piquant une colère mémorable contre l'arbitre qui a exclu un de ses joueurs cinq minutes. Il lui a d'abord jeté une, puis deux crosses, des bouteilles, tout ce qui lui tombait sous la main... avant d'être lui aussi renvoyé aux vestiaires. "Je n'en suis pas fier, mais j'ai fait ça dans l'impulsion du moment", expliquait-il après coup sur le site de la NHL (lien en anglais), le championnat nord-américain. "Je ne vais pas m'en excuser." 

Une légère variante a eu lieu en 2009, quand Brent Sapergia, entraîneur des Louisiana IceGators a tout renversé sur son passage, crosses, palets... lors d'une colère mémorable. Mais sans s'acharner sur sa table comme Playfair.

Le hockey sur glace est un cas particulier. Les bagarres entre joueurs sont monnaie courante et les colères des entraîneurs font aussi partie du folklore.

Efficacité : douteuse pour remobiliser son équipe, totale pour passer au zapping.

Passer ses nerfs sur les journalistes

Le "tu m'emmerdes avec ta question" de Marc Lièvremont à un journaliste du Parisien qui lui demandait si les Bleus pouvaient gagner la Coupe du monde restera la phrase qu'on retiendra du Mondial 2011 de rugby. Dans la série "je ne te réponds pas", on a aussi l'entraîneur de hockey des Rangers de New York, John Tortorella, qui refuse obstinément de répondre aux questions d'un journaliste du New York Post. "Je ne répondrais pas à ta question..." Avant de le menacer à mots couverts de représailles de la part des joueurs de l'équipe après un article critique. "Tu ne pourrais pas aller ailleurs, plus loin ?", finit-il par lui demander.

Efficacité : forte. Ça met les rieurs et les joueurs de votre côté.

Passer ses nerfs sur un joueur

Le modèle du genre, c'est le lancer de chaussure d'Alex Ferguson dans la figure de David Beckham après une défaite en Coupe d'Angleterre. Et une chaussure à crampon en plus ! Si le technicien écossais de Manchester United a toujours plaidé l'accident, le Spice Boy a ouvertement accusé dans son livre My Side son entraîneur de l'avoir visé... pour lui faire comprendre qu'il n'avait plus besoin de lui et que son statut de star déséquilibrait l'équipe. La saison d'après, il faisait ses valises pour le Real Madrid. 

Efficacité : ça dépend du joueur. Mais tant que ça se passe dans le vestiaire, l'arbitre ne peut pas sévir.

Passer ses nerfs sur l'entraîneur d'en face

C'est un cas exceptionnel. Il n'y a plus guère que les boxeurs qui, à la pesée, se croisent et se défient du regard. En foot, c'est dans le tunnel à la fin du match que ça se passe. Dernier exemple en date : le doigt dans l'œil infligé par José Mourinho, coach du Real Madrid, à Tito Vilanova en août 2011, à l'époque entraîneur-adjoint du Barça, a fait scandale. 

Efficacité : douteuse. Beaucoup de matchs de suspension, une image écornée dans les médias pour un gain proche de zéro.

Refuser de serrer la main de l'entraîneur adverse

Ce (mauvais) geste de Raymond Domenech lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud, en juin 2010, a été éclipsé par la grève du bus à Knysna, quelques jours plus tôt. Le sélectionneur des Bleus avait refusé de serrer la main de Carlos Alberto Parreira, le coach des Bafana-bafana sud-africains. Un grand classique des entraîneurs mécontents.  

Efficacité : certaine, pour marquer un contentieux avec l'entraîneur adverse. Et non sanctionnable.

Piquer des colères fait-il partie du métier d'entraîneur ? Oui, aux dires de beaucoup d'entre eux. Mais à condition d'utiliser cet outil de management comme un autre avec modération : "L'important est de ne pas jouer un rôle, explique Damien Leyrolles l'entraîneur de l'équipe de basket de Fribourg (Suisse) au journal La Gruyère. Mais il faut souffler le chaud et le froid. Un coach qui s'énerve tout le temps ou jamais ne surprend personne."

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