Foot : Mbappé-PSG, chronologie d'un litige à 55 millions d'euros

Le feuilleton qui oppose le PSG à son ancienne star n'est pas terminé. Le règlement des dernières primes et salaires de Mbappé par le club devrait être tranché aux prud'hommes.
Article rédigé par Julien Froment
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
La discorde entre le PSG et Mbappé a comemncé en juin 2023, quand le joueur a annoncé ne pas prolonger son contrat. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

C’est un divorce qui va, comme c’est souvent le cas, se régler devant les juges. La commission juridique de la LFP appelle le PSG à régler sous huit jours les 55 millions d’euros réclamés par Kylian MbappéComment l’attaquant de 25 ans et le club de la capitale en sont arrivés à cette situation, franceinfo vous explique tout.

L’accord oral de l’été 2023, enjeu pour les deux parties

À un an du terme de son contrat, en juin 2023, Kylian Mbappé a fait parvenir via ses conseillers une lettre – datée du 15 juillet 2022, soit six semaines après sa prolongation avec le club – dans laquelle il explique qu’il n’activera pas l’année optionnelle de son contrat.

On apprend le 21 juillet 2023 que Kylian Mbappé, ne sera pas du voyage au Japon, où le Paris Saint-Germain doit séjourner pour une tournée promotionnelle. La raison ? "Il n’y a pas eu d'évolutions concernant sa situation contractuelle", nous explique-t-on au club qui croit savoir, à l’époque, que l’attaquant s’est déjà mis d’accord pour rejoindre le Real Madrid librement en juin 2024. Ce qui n’a jamais été prouvé.

Kylian Mbappé réintègre finalement le groupe professionnel 24 jours plus tard, le 13 août. Après des semaines d’échanges, notamment par mail, un accord est enfin trouvé entre Nasser Al-Khelaïfi, le président parisien, et Kylian Mbappé, consécutif à une réunion entre les deux hommes la veille, en présence notamment de l’entraîneur Luis Enrique et du directeur sportif Luis Campos.

"Un accord qui protège toutes les parties"

Cet accord n’est révélé qu’en janvier 2024, par le principal intéressé à l’issue du Trophée des champions entre le Paris Saint-Germain et Toulouse (3-0). "L'accord passé avec le président [du PSG] Nasser Al-Khelaïfi cet été, peu importe ma décision, on a réussi à protéger l'ensemble des parties et préserver la sérénité du club pour les défis à venir". Un accord tacite, oral, mais qui, selon le Paris Saint-Germain une valeur juridique. Avec des échanges de mails à l’appui, et la présence de témoins.

La direction des sports de Radio France a eu, dans le détail, l’accord passé entre le joueur et le dirigeant qatarien. Dans le cas de figure où Kylian Mbappé acceptait d’activer son année supplémentaire de contrat, jusqu’en juin 2025, ce dernier aurait perçu pour la saison 2024/2025 une prime de 82 millions d’euros. Le club aurait ainsi accepté le vendre au prix d’achat – 180 millions d’euros à l’AS Monaco en 2017 -, et ainsi récupéré 98 million d’euros.

Deuxième cas de figure, Kylian Mbappé refuse d’activer son année supplémentaire. Il renonce à plusieurs de ses primes, pour un montant de 55 millions d’euros brut (30 millions d’euros de prime de fidélité + 25 millions de prime à la signature), soit environ 68 millions d’euros chargés. Un différentiel de 20 millions d’euros existe mais les deux parties sont proches d’un accord.

Annonce de son départ, mis au ban, salaires et primes non versées

Un mois plus tard, en février, Kylian Mbappé indique au club et à son président Nasser Al-Khelaïfi qu’il quittera libre le club à la fin de la saison. L’attaquant français voit son temps de jeu réduit et, surtout, plusieurs primes et ses salaires des mois d’avril, mai et juin, ne lui sont pas réglés.

À quelques jours de la fin de son contrat, le club de la capitale reçoit un courrier de l’avocate du joueur – dont nous avons pu lire quelques extraits - dans lequel elle regrette des "manœuvres d’intimidation et de pression violentes […] manœuvres financières, d’une tentative d’extorsion de fonds" ou encore "une entreprise méthodique de démolition de son image", en voulant "dresser l’opinion publique contre lui".

Médiation souhaitée par le PSG et la commission juridique, refusée par Kylian Mbappé

Le champion du monde 2018, qui estime être dans son bon droit, décide de saisir la commission juridique de la LFP, ainsi que la Fédération française de football, en août dernier. "Ces sommes demandées résultaient du contrat de travail enregistré et homologué par la LFP pour les saisons 2022-2023 et 2023-2024", explique ainsi l’avocate de Kylian Mbappé, Delphine Verheyden, au Monde. "Mon client souhaite simplement à ce stade que son travail soit payé, comme cela doit être le cas pour tout autre joueur dans sa situation, et pour tout salarié ayant terminé son CDD."

Pour le Paris Saint-Germain, les différents mails échangés, la réponse du club via Nasser Al-Khelaïfi, en présence de témoins, valent pour accord. Ce que réfute le nouveau joueur du Real Madrid. Le PSG estime de son côté avoir été dupé par l’attaquant. Malgré la signature de son nouveau contrat en mai 2022 avec à la clé le plus gros salaire l’histoire du foot et un investissement, depuis sa signature en 2017, évalué à près d’un milliard d’euros, le joueur a rédigé six semaines plus tard une lettre indiquant qu’il n’activera pas son année supplémentaire. Une lettre dont le PSG a pris connaissance qu’en juin 2023.

Les limites de la commission juridique

La commission juridique et ses 18 membres ont proposé qu’une médiation soit faite. Le Paris Saint-Germain y a répondu favorablement, pas Kylian Mbappé. Le contentieux va certainement se régler devant le conseil des prud’hommes, car la commission juridique, même si elle enjoint le PSG à verser les sommes dues, n’est pas habilitée à obliger le club à payer.

"À la lumière des limites de la compétence juridique de la commission de la LFP pour prendre une décision complète sur ce dossier, celui-ci doit désormais être porté devant une autre juridiction", indique le PSG dans son communiqué. En effet, la commission juridique de la LFP "ne peut pas se substituer au conseil de prud'hommes, puisqu'en France, tout ce qui relève du droit du travail est d'ordre public", vulgarise Christophe Bertrand, avocat au cabinet Bertrand. "En cas de non-respect d'une décision d'une des commissions de la Ligue, poursuit l'avocat, il peut y avoir des sanctions disciplinaires à l'encontre du club. Mais ce mécanisme a ses limites dès lors que le sujet relève du conseil de prud'hommes."

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