Foot : trois questions sur la FVS, ce nouveau système expérimenté par la Fifa qui offre aux entraîneurs des challenges vidéos
Et si les entraîneurs pouvaient contester une décision arbitrale et demander une assistance vidéo ? C'est ce principe que la Fédération internationale de football association (Fifa) expérimente pour mettre en place un nouveau système d'aide à l'arbitrage. Avec le Football Video Support (FVS), seule une demande de l'un des entraîneurs présents sur le banc entraîne l'intervention de la vidéo. Un nouveau dispositif qui suscite des interrogations.
Comment marche la FVS ?
Le système est simple : la vidéo n'intervient que lorsque les entraîneurs la réclament. L'arbitre du match évalue ensuite lui-même sa propre décision. Contrairement à la VAR, "l'homme en noir" ne dispose pas d'assistants vidéo mais d'un seul opérateur de rediffusion pour lancer les images à sa disposition. Le FVS permet aux entraîneurs de contester jusqu'à deux fois par match s'ils estiment qu'une erreur a été commise. Si l'erreur est corrigée par la FVS, l'entraîneur récupère une possibilité de contestation, à l'instar de ce qu'on peut déjà voir au tennis ou dans d'autre sports.
Testé lors des Coupes du monde féminines U20 et U17 de la Fifa cette année, le FVS pourrait être élargi à davantage de compétitions. "Plusieurs associations membres de la Fifa ont déjà manifesté leur intérêt pour participer à l'essai", assure auprès d'ESPN Pierluigi Collina, ancien arbitre international et désormais président de la commission des arbitres de la Fifa.
Une solution moins coûteuse... mais aussi moins juste ?
Avec la FVS, l'objectif est de proposer un service d'arbitrage vidéo moins onéreux et accessible à un plus grand nombre de ligues et compétitions. Dans sa présentation, Pierluigi Collina est clair sur le sujet : "Le FVS n'est pas la VAR" et, avec "le faible nombre de caméras utilisées, le FVS ne permettra pas de montrer ce que la VAR peut montrer".
Avec les nombreuses caméras positionnées autour du terrain (douze caméras étaient dédiées à la VAR pour chaque match lors de la Coupe du monde 2022) et la cellule vidéo (composée d'un arbitre assistant vidéo et d'au moins un adjoint), le dispositif de la VAR n'est pas abordable pour tous les championnats.
Cette saison, la LFP a, par exemple, décidé "à l'unanimité de reporter l'application de la VAR en Ligue 2 dans un souci de maîtrise des coûts". En juillet dernier, Jean-Pierre Caillot, le président du Stade de Reims et du collège des présidents de Ligue 1, se questionnait même sur l'avenir de la VAR en raison de son coût dans L'Equipe. Pour la FVS, le système fonctionne avec un nombre réduit de caméras et moins d'arbitres, ce qui limite les frais.
Bruno Derrien, ancien arbitre international, ne voit pas ce nouveau système d'un bon œil. Il pense que le développement de la FVS pourrait créer "un football à trois vitesses entre ceux qui ont la VAR, ceux qui ont le FVS et ceux qui n'ont rien". Ce système alternatif à la VAR porterait en lui les germes de possibles injustices, va même plus loin l'arbitre : "L'initiative de la vidéo doit rester entre les mains de l'arbitre afin que la décision soit la plus juste possible. Si l'arbitre n'est plus appelé sur des possibles erreurs, il y en aura qui passeront entre les gouttes", explique celui qui a arbitré plus de 350 matchs en professionnel.
Un moyen d'améliorer la VAR plus qu'une alternative ?
L'idée de pouvoir jouer un rôle actif sur l'arbitrage depuis le banc fait rêver du côté de certains coachs. L'ancien entraîneur de Bastia et de Metz notamment, Frédéric Antonetti verrait même plutôt le FVS comme un complément de la VAR, plutôt qu'une alternative. "La VAR est un très bel outil qui permet de corriger beaucoup d'erreurs. On peut toujours l'améliorer, avec la FVS, les deux peuvent être complémentaires. Il faut voir l'usage avec les coupures [les temps morts que peuvent provoquer]", évalue-t-il.
"Avec des 'contest' de la part des entraîneurs en plus de la VAR, ça réglera des problèmes, pas tous évidemment. Mais si ça peut augmenter le pourcentage d'erreurs corrigées, cela pourrait être une bonne chose."
Frédéric Antonetti, ancien entraîneur de Ligue 1à franceinfo : sport
Pour l'actuel directeur sportif du Sporting Club de Bastia, laisser aux entraîneurs le pouvoir de demander l'assistance vidéo est une bonne idée : "Les entraîneurs sentent les choses. Du matin au soir, ils ne font qu'observer. Quand je regarde un match par exemple, il arrive que je sente qui est hors-jeu, mais que je ne sois pas dans l'alignement. Notre œil est entraîné pour ça. C'est bien que M. Collina ait eu cette idée-là."
Le futur de la FVS est désormais dans les mains de l'Ifab (International Football Association Board), instance régissant les règles du football, notamment celles de la VAR. Si elle donne son autorisation, plusieurs compétitions pourront utiliser le FVS dès l'année prochaine.
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