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Foot : y a-t-il vraiment un déclin français en coupe d'Europe ?

L'OM écrasé à Dortmund, Lyon humilié par la Real Sociedad, Nice, Saint-Etienne et Bordeaux surpris par des inconnus sur la scène européenne... Ça commence à faire beaucoup !

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'attaquant de l'OM André Ayew au sol, lors du match perdu 3-0 par son équipe face au Borussia Dortmund, le 1er octobre 2013 à Dortmund (Allemagne).  (DENIS GROMBKOWSKI / BONGARTS / GETTY IMAGES)

Qui n'a pas eu l'impression que l'OM pouvait jouer pendant deux jours contre Dortmund sans jamais pouvoir marquer ? Battus 3-0 mardi 1er octobre sur la pelouse du vice-champion d'Europe, les Marseillais sont derniers de leur groupe de Ligue des champions. Au-delà des commentaires volontaristes - comme celui du milieu Giannelli Imbula : "Il reste quatre matchs, le ballon est rond pour tout le monde" -, le fossé entre les clubs français - hors PSG - et la crème du foot européen semble s'accroître. Mais ce n'est peut-être qu'une impression...

Les déclinologues sont de sortie

Le bilan des équipes tricolores en coupe d'Europe est famélique. Quatre victoires (contre les petits de l'Apollon Limassol, du Grasshopper Zurich deux fois et de l'Olympiakos), un nul et huit défaites. Celles, prévisibles, de l'OM contre Arsenal et Dortmund, mais aussi celles de Saint-Etienne contre les inconnus danois d'Esbjerg, de Bordeaux sur le terrain de l'Eintracht Francfort qui végétait en D2 allemande il y a deux ans, ou de Lyon face à la Real Sociedad, supposée être à sa portée. La note d'ensemble des clubs français est grandement dépendante de la performance du PSG, seul club capable d'accrocher le dernier carré de la Ligue des champions. 

En déclin, la France ? Cela dépend de la période de référence qu'on prend. Les fans de foot ayant grandi dans les années 1990 peuvent légitimement être déçus, leurs aînés, moins. Pendant cinq ans, entre 1993 et 1998, le foot français a pu avoir des rêves de grandeur. Sinon, comme le montre cette évolution du coefficient UEFA, qui range les pays en fonction des performances de leurs clubs en coupe d'Europe, la France est plutôt à sa place au sixième rang. Dans les années 1960-1970, quand les clubs français se faisaient sortir par La Chaux-de-Fonds (en Suisse) ou Dunfermline (en Ecosse), l'Hexagone était à des années-lumière du top 10.

Cette sixième place au coefficient UEFA ne correspond pas vraiment à une chute. Plutôt à la place moyenne acquise au moment où l'on verrouillait les coupes d'Europe. C'est au tournant des années 2000 que l'UEFA a instauré des phases de poules dans toutes les compétitions, limitant de fait les risques d'accident pour les grosses équipes. Si un outsider peut créer la surprise sur une confrontation aller-retour, c'est beaucoup plus difficile sur six matchs. Conséquence : la hiérarchie européenne est presque figée, et on retrouve toujours les mêmes dans le top 16 de la Ligue des champions. Des clubs anglais, italiens, allemands et espagnols en nombre, autrement dit les quatre premiers du classement UEFA. Il faudrait une performance répétée des clubs hexagonaux - entre 1991 et 1997, la France a atteint six finales de coupe d'Europe en six ans grâce à Marseille, Monaco, Bordeaux et le PSG - pour remonter significativement au classement. Même une série d'exploits de Paris ne suffirait pas. Mais si Monaco se met au diapason, tous les espoirs sont permis…

Chacun voit le déclin à sa porte

Il n'y a pas que le foot français qui se pose la question de son déclin, les Italiens aussi. Alors qu'ils avaient remporté toutes les coupes d'Europe en 1990, ils n'ont pas eu un seul demi-finaliste depuis trois ans. Adriano Galliani, le n°2 du Milan AC, a même sorti les violons pour dénoncer les mécènes aux poches percées qui dépensent sans compter pour piller l'Italie de ses meilleurs joueurs. "On ne peut pas lutter parce que la différence, c’est que nous sommes une pizzeria et que les autres sont des restaurants de luxe." 

Le monde à l'envers, sachant que les succès italiens des années 1990 ont été bâtis avec des richissimes présidents comme Berlusconi au Milan ou Agnelli, propriétaire de Fiat, à la Juventus. Mais depuis, les mécènes ne sont plus aussi riches, les stades sont devenus vétustes, le public se fait clairsemé, et les salaires sont devenus plus bas qu'ailleurs. Il n'y a plus guère que la Juventus qui paraît en mesure d'aller loin en Ligue des champions. Finalement, le foot français n'est pas forcément si mal loti...

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