Football : le rebond de l'éternel Olivier Giroud, ignoré par Didier Deschamps et grand artisan du titre de l'AC Milan

Le rouge et le noir de l'AC Milan sont les couleurs parfaites pour décrire la carrière d'Olivier Giroud. S'il n'est pas un héros stendahlien, le Français possède un destin digne d'un roman. Non convoqué chez les Bleus lors de la dernière liste dévoilée par Didier Deschamps, le 19 mai dernier, l'attaquant a répliqué à sa manière. Sur le terrain. Comme toujours. A nouveau titulaire et décisif à la pointe de l'attaque lombarde, il a signé un doublé sur la pelouse de Sassuolo (0-3), qui a permis aux Rossoneri de décrocher leur premier Scudetto depuis 11 ans.  

L'histoire, avec lui, est un éternel recommencement. On ne compte plus le nombre de fois où il a été sorti par la porte pour mieux revenir par la fenêtre. On le dit trop frustre techniquement, on l'oppose constamment à d'autres attaquants aux profils différents, mais il renaît toujours de ses cendres. Comment expliquer une telle capacité de rebond ? Pour Alain Giresse, ce n'est pas l'orgueil qui le pousse ainsi vers le haut. "Ce serait trop usant pour lui", plaisante l'ancien international. "Il subit les choix et les commentaires mais cela ne le perturbe pas. Il fait son truc, voilà tout", poursuit-il. 

Les éloges de Paolo Maldini

Ce serait donc dans sa faculté à faire la sourde oreille aux critiques que résiderait le secret d'Olivier Giroud ? "Il n'est pas soumis aux émotions", reprend Alain Giresse. "Il ne fait pas de bruit, pas de déclarations tapageuses, il ne livre pas ses états d'âme..." Giroud, chantre de l'ataraxie ? Pas seulement. Si, à 35 ans, il continue d'être aussi décisif, c'est aussi grâce à d'immenses qualités professionnelles qui ont trouvé l'endroit idéal pour s'affirmer à Milan. 

"J'ai eu l'occasion de discuter d'Olivier avec Paolo Maldini [légende du club et actuel directeur technique], Frédéric Massara [le directeur sportif] et Stefano Pioli [l'entraîneur] lors d'un récent voyage au centre d'entraînement de Milanello", raconte notre consultant Eric Roy. "Les trois n'ont qu'un mot pour le définir : un grand champion". Entendre, dans la bouche des Italiens pour qui le football est une affaire sérieuse, "quelqu'un d'extrêmement professionnel dans sa façon de se préparer physiquement et possédant un état d'esprit irréprochable". 

Onze buts en 22 titularisations

Eric Roy est donc le premier à regretter les procès d'intention à l'égard de celui qui s'est révélé sous les couleurs de Tours. "Il n'a pas toujours été bien traité, cela a même parfois viré à l'acharnement", constate-t-il. "Il a toujours été prépondérant dans le succès de l'équipe de France et maintenant on ne compte plus trop sur lui". Pourtant, malgré son âge, Olivier Giroud continue de peser sur les défenses comme sur les statistiques. Arrivé de Chelsea au Milan comme doublure de Zlatan Ibrahimovic, le Français a, encore une fois, su attendre son heure pour se rendre indispensable. 

Sous le maillot rouge et noir, l'ex-Gunner a planté 11 buts en 22 titularisations. Et, parmi ces 11 réalisations, toutes ou presque se sont révélées décisives, comme celle inscrite à Naples en mars ou encore le doublé aux dépens de l'Inter un mois plus tôt.

Olivier #Giroud devient l’attaquant le plus âgé à inscrire au moins 10 buts (11) en #SerieA

— GuillaumeMP (@Guillaumemp) May 22, 2022

Sa constance et sa longévité ne peuvent que forcer le respect. Et pourtant Didier Deschamps n'a pas appelé le deuxième buteur de l'histoire des Bleus (48 réalisations, à trois unités du record de Thierry Henry) pour les prochains matchs en Ligue des nations de l'équipe de France. Le sélectionneur s'est fendu d'un lapidaire "Je ne peux pas faire de sentiment" pour commenter sa décision. Lui qui a si souvent défendu son joueur par le passé ne peut toutefois pas ignorer l'énième renaissance d'Olivier Giroud.