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"Parfois, j'oubliais que j'étais footballeuse" : Jennifer Hermoso s'exprime pour la première fois depuis l'affaire du baiser forcé

La joueuse a donné, lundi, une interview à l'édition espagnole du magazine "GQ". Elle n'avait plus pris la parole depuis le sacre de l'Espagne au Mondial fin août, lorsque le patron du foot espagnol l'avait embrassée de force.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Jenni Hermoso célèbre son but face à l'Italie, lors de la Ligue des nations, le 27 octobre. (AFP)

"Ces mois-ci, avec tout ce qu'il s’est passé, parfois j'oubliais que j'étais footballeuse. Mais je retourne à l’entraînement, sur le terrain, à enfiler le maillot, et je veux à nouveau donner le meilleur de moi-même." Un peu plus de deux mois après avoir soulevé le trophée de la Coupe du monde et avoir été embrassée de force par le patron de la Fédération de football espagnole Luis Rubiales, la footballeuse Jennifer Hermoso a pris la parole, lundi 6 novembre, dans les colonnes de l'édition espagnole de GQ. Devenue malgré elle un symbole féministe, la joueuse a été élue femme de l'année 2023 par le magazine. 

"J'ai dû assumer les conséquences d'un acte que je n'ai pas provoqué, que je n'ai pas choisi ni prémédité. J'ai même reçu des menaces et c'est une chose à laquelle on ne s'habitue jamais", explique la numéro 10, qui a porté plainte pour "agression sexuelle" contre Luis Rubiales. L'ex-président de la Fédération espagnole de football avait fini par démissionner après des semaines à tenter de justifier ce qu'il présentait comme "un petit bisou consenti".

Soutenue par ses coéquipières, qui ont fait grève pour demander des changements immédiats au sein de leur fédération, Jenni Hermoso a également reçu l'appui de nombreuses personnalités, de l'actrice Natalie Portman à ses homologues masculins comme Isco ou Hector Bellerin : "Je suis très reconnaissante que tant de personnes soient avec moi, avec nous. Des actrices, des chanteuses, des joueurs et joueuses, dont des rivales que nous avions affrontées lors de la Coupe du monde, ou l'équipe anglaise que nous avons battue en finale... Tout cela m’a donné la force de continuer."

"Nous n'avons jamais demandé à être payées comme les garçons"

Dans l'article de GQ, la joueuse de Pachuca (Mexique) confie avoir beaucoup travaillé avec son psychologue pour reprendre pied après des "semaines très difficiles". "On nous a traitées de capricieuses. Les gens ont dit que nous voulions être payées comme les garçons, mais ce n'est pas vrai", raconte-t-elle. La meilleure buteuse de l'histoire de la sélection espagnole se dit "très en colère" face aux constats qui insistent sur le fait que le football féminin "ne génère pas autant de revenus que le football masculin" : "Nous le savons et nous n'avons jamais demandé à être payées comme eux. Nous voulions simplement l'essentiel : un salaire minimum, le respect et la possibilité de faire quelque chose de grand. Dès que nous l’avons eu, nous avons remporté une Coupe du monde." 

Absente de la première liste qui avait suivi la Coupe du monde, pour la "protéger" selon les propos de la nouvelle sélectionneuse Montse Tomé, Jenni Hermoso a été rappelée sous les couleurs de la Roja en octobre. Son retour, le 27 octobre, avait été triomphal puisqu'elle avait donné la victoire à l'Espagne face à l'Italie en Ligue des nations en marquant l'unique but de la rencontre à la 89e minute.

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