Football : pourquoi le Trophée des champions se joue-t-il à l’étranger ?

L’affiche entre le Paris Saint-Germain, champion de France en titre et vainqueur de la Coupe de France, et Monaco, son dauphin, se dispute au Qatar, dimanche après-midi.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La coupe du Trophée des champions après la victoire du PSG, au Parc des Princes, le 1er janvier 2024. (MAXPPP)

Une nouvelle destination pour le Trophée des champions. Le premier choc de cette année 2025 du football français voit le PSG et Monaco s’affronter à Doha (Qatar), dimanche 5 janvier (17h30). Depuis 2009, le match qui oppose le champion et le vainqueur de la Coupe de France se déroule en effet dans un stade étranger.

Le trophée a notamment voyagé aux Etats-Unis (2012), au Maroc (2011, 2017) en Chine (2014, 2018, 2019), ou encore en Israël (2021, 2022). Seules exceptions, les éditions 2020 - jouée en janvier 2021 à huis clos à Lens pendant le Covid-19 - et 2023, initialement prévue en Thaïlande mais finalement disputée au Parc des Princes.

Dimanche à Doha, le PSG détenu par Qatar sports investments (QSI), aura l'avantage de jouer dans sa "seconde maison", selon l'entraîneur Luis Enrique. Le club a déployé une véritable armada pour la mini-tournée qu'il a organisée, sitôt la destination et la date connue après l'annulation du plan initial à Pékin en août puis le refus d'une offre venue de Côte d'Ivoire.

À l’époque, la décision avait été prise dans un but de promotion du football français à l'international. "Il y a un objectif d’aller valoriser le football français à l’étranger, pour développer les droits commerciaux internationaux, dont le montant était le principal problème du foot français en matière de droits télé, avant la crise de Mediapro, explique Mickaël Terrien, économiste du sport. Il y avait l’idée qu’en délocalisant un match en Thaïlande, en Chine, aux Etats-Unis, cela valoriserait le produit."

Un manque d'attractivité à l'étranger pour le foot français

Si ce besoin de valorisation s'est fait ressentir, c'est parce que la Ligue 1 peut souffrir d’une plus faible attractivité au-delà de ses frontières, comparée aux autres grands championnats. "Le football français n’a pas de grand palmarès européen, il n’a pas vu naître de grandes écuries devenues des marques à la notoriété mondiale", décrypte Jean-Pascal Gayant, économiste du sport.

Mickaël Terrien évoque, lui, un championnat qui peut être plus "déséquilibré", et des "raisons linguistiques" qui font que certains marchés se tournent plus facilement vers la Premier League, par exemple. Un constat que ne partage pas forcément Roberto De Zerbi, l'entraîneur italien de l'OM. "Hors de France, la L1 est considérée comme un championnat de bas niveau, or ça n'est pas du tout le cas. Il y a des joueurs forts, des coachs forts, des stades pleins, des tifosi très chauds", avait estimé vendredi De Zerbi, qui a déjà coaché en Italie, en Ukraine et en Angleterre.

Ces délocalisations ont-elles eu l’effet attendu sur la notoriété du football français de club, seize ans après la première à Montréal ? Sur la période, les droits TV étrangers sont passés de 18 millions d'euros en 2008 à environ 80 millions d'euros en 2021, les chiffres les plus récents n'ayant pas encore été communiqués par la LFP.

A titre de comparaison, selon les chiffres de l'UEFA, la Premier League, grande star sur le marché télévisuel international, percevait, ces trois dernières saisons, 2,1 milliards d'euros de droits provenant de l'étranger chaque année. La Serie A italienne a obtenu 205 millions, et la Bundesliga allemande 171 millions. "Je pense que la L1 est moins bien vendue et mise en lumière que la Premier League, la Serie A, la Liga ou la Bundesliga. La France est un pays qui aime le foot. C'est dommage qu'il ne soit pas apprécié à l'étranger pour ce qu'il a à offrir", a conclu l'entraîneur de l'OM.

"Pas d'effet significatif"

Sur place, le public a globalement été au rendez-vous, avec une affluence moyenne de 31 778 spectateurs sur les 13 rencontres disputées à l'étranger. "Malheureusement, on ne fait pas, par ces matchs épisodiques, naître une passion et une notoriété, estime Jean-Pascal Gayant. Il n’y a pas d’effet significatif de ce Trophée des champions car les droits étrangers restent faibles. On n’a pas vu d’engouement particulier."

De son côté, Mickaël Terrien estime que "c’est presque impossible de voir l’effet d’un événement individuel tel qu’un Trophée des champions sur une augmentation d’un contrat qui est généralement valable dans plusieurs pays et sur plusieurs années." Quels que soient les effets de cette délocalisation sur le sol qatari, Parisiens et Monégasques se disputeront bien, sur le pré, le premier trophée de l'année 2025.

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