"Un sponsor cauchemardesque"... Une centaine de joueuses dénoncent un partenariat entre la Fifa et une compagnie pétrolière saoudienne

L'instance mondiale du football a signé, en avril, un partenariat avec Saudi Aramco, détenue majoritairement par le royaume.
Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Le président de la Fifa Gianni Infantino, pose avec les arbitres de la finale de la Coupe du monde féminine, le 20 août 2023. (MARK AVELLINO / ANADOLU AGENCY/AFP)

Une centaine de joueuses de football professionnel ont pris position, dans une lettre ouverte adressée à la Fifa lundi 21 octobre, contre le partenariat entre l'instance mondiale du football et la compagnie pétrolière saoudienne Saudi Aramco.

Conclu en avril dernier, cet accord a provoqué l'ire des joueuses. En cause d'après elles, le non-respect des droits humains par le royaume saoudien, actionnaire à plus de 98% de la compagnie. "Les autorités saoudiennes bafouent non seulement les droits des femmes, mais aussi la liberté de tous les autres citoyens", écrivent les signataires de la lettre qui dénoncent "un sponsor cauchemardesque".

Outre les femmes, la question des personnes LGBTQ + suscite également l'indignation des joueuses, dans une discipline qui avait vu Megan Rapinoe, Ballon d'or en 2019, s'engager publiquement pour cette cause. "Imaginez-vous que des joueurs ou joueuses LGBTQ + [...] vont promouvoir Saudi Aramco pendant la Coupe du monde 2027, la compagnie pétrolière nationale d'un régime qui criminalise les relations qu'ils entretiennent et les valeurs qu'ils défendent ?"

La Fifa "pom-pom girl" de l'Arabie saoudite

Autre problème relevé par les autrices de la missive, l'aspect environnemental. En tant que géant des énergies fossiles, Saudi Aramco fait partie des plus gros émetteurs de CO2 dans le monde, ce qui lui avait valu d'être interpellé par des experts siégeant aux Nations unies. Les joueuses accusent ainsi cette société de "brûler l'avenir du football", en raison des "chaleurs extrêmes, des sécheresses" que provoque le réchauffement climatique, généré par la pollution. "Alors que nous en payons tous les conséquences, l'Arabie saoudite engrange ses bénéfices, avec la Fifa comme pom-pom girl", assènent les footballeuses.

"Cette lettre montre qu'en tant que joueuses ce n'est pas ce que nous voulons soutenir et accepter pour le football féminin. C'est simple : ce partenariat contredit les engagements mêmes de la Fifa dans les droits de l'homme et l'écologie."

Viviane Miedema, internationale néerlandaise

athletesoftheworld.org

Pour elles, cet accord symbolise les dérives de la Fifa et son comité exécutif, au sein duquel les femmes sont sous-représentées (22%). "Avec la Russie 2018 et le Qatar 2022 (les deux dernières Coupes du monde masculines), il n'est pas nécessaire de chercher bien loin les exemples de la dernière fois où la Fifa a vendu ses principes et ceux des supporters et des joueurs de football."

Quatre joueuses françaises figurent parmi les signataires. Daïna Bourma, Rosalie Chaine, Emmy Jézéquel, et Elisa Rambaud ont ainsi apposé leur griffe à côté de celles de la capitaine de la sélection canadienne, Jessie Fleming, ou de la légende des Etats-Unis, Becky Sauerbrunn.

"Nous demandons à la Fifa de reconsidérer ce partenariat et de remplacer Saudi Aramco par d'autres sponsors dont les valeurs sont en accord avec l'égalité des sexes, les droits de l'homme et l'avenir sûr de notre planète", concluent les joueuses.

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