Football : une application fait le lien entre les joueuses et les clubs pour "faciliter le recrutement"

Une centaine de joueuses ont participé cette semaine à des matchs de détection, sous le regard de nombreux recruteurs. Un événement organisé par l'application Footsider, qui met en relation les joueuses et les clubs amateurs et professionnels.
Article rédigé par Julien Froment
Radio France
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Un des matchs de détection organisés en région parisienne par l'application Footsider. Novembre 2024 (JULIEN FROMENT / RADIO FRANCE)

Dans l'Est parisien, sur une pelouse synthétique recouverte par une fine plaque de givre,  un match opposant deux équipes de séniors féminines vient de s'achever. Rien d'anormal, si ce n'est qu'au bord du terrain, une trentaine de recruteurs ont scruté les moindres faits et gestes des joueuses.

Elles étaient toutes inscrites sur l'application Footsider, qui met en lien les joueurs et joueuses avec les clubs professionnels et amateurs. "On est un mix entre un site de rencontre et un réseau professionnel pour le football", explique Sami Benchebana, responsable sportif chez Footsider. "Les clubs postent, les joueuses sont disponibles, ont essaye de faire des 'matching', on est des facilitateurs pour le recrutement. On compte 150 000 utilisateurs dans les pays francophones, et 2 600 clubs inscrits."

"S'il y a un intérêt, on s'envoie un petit Whatsapp ?", souffle un recruteur

L'un d'entre eux, Amine Bouatra, est l'entraîneur de l'équipe suédoise de Stallarholmen, qui vient de remporter la 3e division locale. Il interpelle un groupe de joueuses : "On a besoin de se renforcer, on vient de remporter notre championnat, et quand vous montez d'un niveau, il faut chercher d'autres joueuses pour nous aider dans le projet. Si ça vous intéresse je peux prendre vos coordonnées, on s'envoie un petit Whatsapp. Et s'il y a un intérêt, on peut échanger. On fait comme ça ?"

Le coach marocain est un habitué de cette application : "On a des joueuses qui sont venues via cette application et qui nous ont aidés à gagner la Ligue 3. C'est pour ça que je suis là : c'est que ça fonctionne ! On a une des filles qui a eu un temps complet en Suède, qui travaille là-bas et qui va rester la saison prochaine !"

Cela tombe bien : Valentine, 26 ans, défenseure à Nîmes, en D3, rêve d'ailleurs. "Je cherche une opportunité à l'étranger, c'est un peu compliqué de trouver comme ça sans avoir de réseau hors de France", détaille-t-elle. "J'ai regardé sur internet et je suis tombée sur cette application. Je me suis abonnée pour pouvoir participer à cette détection, ça me coûte neuf euros par mois, mais je peux me désabonner quand je veux."

Valentine, joueuse de Nîmes (D3) et utilisatrice de Footsider. Novembre 2024 (JULIEN FROMENT / RADIO FRANCE)

Des opportunités avec des universités américaines

Son match a dû plaire au coach suédois qui s'est entretenu avec elle en tête à tête, quelques minutes après l'interview. D'autres recruteurs, représentant des pays étrangers, étaient également présents. C'est le cas de Lucas Mostajo, président de l'Agence de Soccer Duty, en charge du recrutement pour des universités américaines, comme Arizona Western Collège. "Les coachs américains sont vraiment friands de faire venir des joueuses françaises et européennes, dit-il. Tout est très bien organisé, cela nous permet aussi de rencontrer des dirigeants d'autres clubs."

"J'ai plusieurs demandes de coachs américains pour différents postes. En France, on trouve des profils avec des meilleures connaissances tactiques et techniques, ce qui peut parfois manquer aux Etats-Unis."

Lucas Mostajo, recruteur pour des universités américaines

à franceinfo

Les clubs français, professionnels et amateurs, sont également présents. C'est le cas du Paris Football Club, actuel troisième de la Première Ligue Arkema. "C'est du pain bénit pour nous", souffle Antoine Ferreira, responsable du recrutement pour la section féminine du club. Accompagné de deux autres scouts, il reste à l'affût. "On a la possibilité d'observer des joueuses de tout le territoire sur un moment précis et dans une période où on sait que le gain de temps sur la concurrence sur le plan national et même régional, c'est très important."

Un tremplin pour les joueuses

D'autres clubs, amateurs, tentent aussi de tirer leur épingle du jeu, comme le Cosmo Taverny qui évolue en Régional 1 (la 4e division). "On n'a pas les mêmes budgets que certains clubs", admet Pedro Da Silva, directeur sportif de la section féminine. "On est partis sur un projet de plusieurs années pour devenir un trouble-fête et, pourquoi pas se transformer en club tremplin en Île-de-France. Je n'invente pas des choses aux filles, je parle vrai avec elles, on est là pour travailler, pour progresser et les accompagner si une fille sort du lot, par exemple, pour la mettre en relation avec des clubs français ou étrangers. Mais si elles viennent, c'est aussi pour avoir du temps de jeu." 

Stéphane Kusaace, coach adjoint de la D3 féminine, a un argument massue : "On peut être un bon tremplin, on a certains éléments qui sont allés plus haut, au Paris Saint-Germain notamment. Si un club au-dessus de nous vient, on ne s'opposera jamais au départ." Faut-il encore pouvoir rivaliser avec les autres clubs. "C'est dur (rires)", souffle le dirigeant du Val d'Oise. "On est souvent sur les mêmes joueuses, on en discute entre nous."

Reste aux heureuses élues de faire le meilleur choix possible pour lancer ou relancer leur carrière. Entre 6% et 10% des joueurs participant aux détections ont un essai avec un club, amateur ou professionnel.

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