Football : un dépôt de bilan des Girondins de Bordeaux est "une possibilité forte'", estime un économiste
Bordeaux a été relégué en National 1 par la commission d'appel de la DNCG, mardi.
Le déclassement des Girondins de Bordeaux n'est peut-être pas fini. Relégué sportivement en Ligue 2, le club a vu sa rétrogradation administrative en National 1 confirmée par la commission d'appel de la Direction nationale de contrôle et gestion (DNCG), mardi 5 juillet. En cause, les difficultés financières du club, trop importantes aux yeux du gendarme financier du foot français.
Mais les Girondins pourraient encore redescendre de deux étages. Le spectre d'un dépôt de bilan plane plus que jamais, comme l'explique à franceinfo: sport Jean-Pascal Gayant, économiste à l'université du Mans.
Franceinfo: sport : cette rétrogradation en National 1 peut-elle s'accompagner d'un dépôt de bilan ?
Jean-Pascal Gayant : C’est difficile à dire, mais c’est une possibilité forte. Un dépot de bilan signifierait une rétrogradation en National 3. Il restera l’association, mais c’en sera fini de la structure professionnelle.
Il est très difficile d'imaginer le modèle construit par Gérard Lopez [le président du club] perdurer en National 1. Les ressources sont très faibles dans cette division. Il faut voir comment réagit l'actionnaire [les créanciers King Street et Fortress], mais il est sûr que cette situation marque l'échec de Lopez aux Girondins.
Il existe donc l'hypothèse de repartir en National 1 avec un autre président "investi" par les créanciers américains ?
On pourrait l’imaginer, oui. Mais cette situation est assez peu probable. Car à un moment, ils vont vouloir arrêter les frais : on ne peut pas perdre autant d’argent avec très peu de perspectives de retrouver sa mise. Le modèle de National 1 est un modèle sans recettes. Quand on aligne les dépenses, notamment dans la masse salariale…
Quelles seraient les conséquences concrètes d'un dépot de bilan pour la section féminine (6e de la dernière D1 Arkema) ?
Cela risque de ne pas être la priorité. Mais je vois mal comment les joueuses qui avaient une activité avec des contrats professionnels pourraient être préservées.
Quid du stade, construit en 2015 et pour lequel le club versait un loyer de plusieurs millions d'euros à la Société Bordeaux Atlantique ? Y aura-t-il des répercussions pour le contribuable ?
Comme pour tous les stades construits en partenariat public-privé, cela va, de fait, continuer à peser. C’est ce qui s’est passé au Mans, où la ville s’est substituée au club quand le club est tombé en championnat amateur [en 2013 à l'issue d'un dépôt de bilan]. La ville est le propriétaire à terme du stade en dernier ressort, dans le partenariat public-privé. Le groupe privé [le consortium Vinci-Fayat] réclamera un loyer à la ville ou à la communauté urbaine.
Cette situation est-elle comparable aux dépôts de bilan de Strasbourg (en 2011) ou de Bastia (en 2017) ?
Le tremblement de terre est quand même plus important. Le club a été précipité dans une situation sportive catastrophique en peu temps, alors que Strasbourg avait entamé une forme de déclassement sportif. Là, celui des Girondins est très rapide. C’est aussi un des cinq ou six clubs les plus titrés en France. C’est un coup de tonnerre dans le paysage footballistique français.
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