"Il ne faut jamais oublier d'où on vient" : le président de Dijon amer face à la fronde des clubs de Ligue 1
Dix-huit clubs de l'élite ont annoncé, mardi, leur démission du syndicat qu'ils partageaient avec les autres clubs pros, et la création d'une nouvelle instance. Un "passage en force" qui déplaît au président du Dijon FCO, Olivier Delcourt.
Une démission fracassante. Dix-huit des vingt clubs de Ligue 1 ont annoncé dans un communiqué, mardi 12 août, leur départ de l'UCPF, instance représentative des clubs professionnels français, pour former un nouveau syndicat. Le dernier épisode d'une fronde de l'élite, qui a voté au sein de la Ligue de football professionnel (LFP) le passage de 3 à 2 promotions et relégations entre la première et la seconde division, se heurtant à l'opposition de la fédération (FFF) et des clubs professionnels de Ligue 2 et de National.
Deux référés, chacun déposé par un des camps, doivent être examinés jeudi par la justice. En attendant, les dirigeants de Ligue 2 déplorent le sabordage de l'UCPF, à l'image d'Olivier Delcourt, président du Dijon FCO, contacté par francetv info.
Francetv info : Que pensez-vous de la décision de vos homologues de Ligue 1 de quitter l'UCPF ?
Olivier Delcourt : Je suis surpris, et je trouve très regrettable de créer un syndicat qui représenterait l'élite. Comme je l'ai toujours dit, il ne faut jamais oublier d'où l'on vient. Entre les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, le débat est ouvert depuis un moment. Le problème, c'est quand il n'y a plus de débat, et qu'on veut faire passer les choses en force.
Aujourd'hui la LFP s'octroie des pouvoirs vis-à-vis de la FFF, et ça me choque et m'interpelle. On ne peut pas galvauder les institutions. J'aimerais que chacun retrouve la raison, et qu'on puisse discuter sereinement sur l'avenir du foot professionnel. L'UNPF n'est pas juste un symbole : pour les clubs professionnels, être unis est une force. J'espère que l'on pourra trouver une solution, car à des niveaux différents et avec des budgets différents, on a les mêmes problèmes.
L'enjeu de ce conflit est-il uniquement la question des montées et des descentes ?
Bien sûr que non. La question de la répartition des droits télévisés joue aussi. Et ce chiffre de 18 clubs [le nombre de démissionnaires] me fait penser à cette fameuse ligue fermée dont on parle depuis quelques années [un championnat où il n'y aurait ni promotions ni relégations]. Je comprends qu'on essaie de favoriser son club, mais le principal reste l'intérêt général du football professionnel. La Ligue 2 est pourvoyeuse de joueurs de talents et la Ligue 1 vient aussi y faire son marché. S'il y avait une ligue fermée, la Ligue 2 perdrait son intérêt sportif, et serait amenée à disparaître. Même passer à deux montées et deux descentes, je n'imagine pas ça pour les supporters.
Pourquoi une telle unanimité des clubs de Ligue 1 ? Comprenez-vous leur point de vue ?
Je pense que certains n'ont pas le choix, et qu'ils sont entraînés par quelques clubs. Il y a beaucoup de présidents de clubs de Ligue 1 avec qui j'entretiens excellentes relations. Et que l’on fasse des réformes pour s’adapter au monde moderne, c'est une évidence. Mais pas en mettant à l’écart les clubs de Ligue 2, la Fédération, ou les amateurs.
Je ne suis pas là pour régler des comptes, ni pour polémiquer. Mais quand un des clubs qui est en Ligue 1 depuis quelques semaines [Angers] se permet de voter, en tant que représentant de la Ligue 2 [au sein du conseil d'administration de la LFP], le passage à deux montées, je trouve ça intolérable.
Chacun a son intérêt. Pour un club comme le Gazélec d'Ajaccio, passer de trois à deux montées, cela représente 30% de possibilité supplémentaire de se maintenir. Mais le plus important, c'est l'intérêt général. J'espère que Dijon retrouvera un jour la Ligue 1, et ce jour-là, je ne retournerai pas ma veste.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.