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Incidents Lyon-Marseille : "Les joueurs ne peuvent pas jouer en ayant la peur au ventre", avertit Philippe Piat, coprésident du syndicat des joueurs

Des premières pistes de réflexion ont été évoquées mardi 23 novembre, au ministère de l'Intérieur. 

Article rédigé par franceinfo: sport, Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Au ministère de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, Eric Dupont-Moretti, ministre de la Justice et Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports, ont reçu les représentants de la Ligue de football professionnel (LFP et de la Fédération française de football (FFF), le 23 novembre 2021. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Après une première réunion mardi 23 novembre au ministère de l'Intérieur entre le gouvernement et les représentants du football français, un délai de quinze jours a été donné pour proposer des solutions afin de résoudre les problèmes de violences dans les stades depuis le début de la saison de Ligue 1.

Philippe Piat, coprésident de l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), qui a participé à la réunion place Beauveau, a réagi pour franceinfo: sport, à ce premier contact entre les différentes parties. 

Qu'avez-vous pensé de la réunion ?

Philippe Piat : La réunion s'est bien passée. Le dialogue a été constructif et cordial. Ce qui est en ressorti, c'est qu'on a identifié les problèmes et; chacun autour de la table avait envie de sortir de cette situation. Chacun avec ses responsabilités, les représentants du football et de l'Etat, veulent avancer pour mieux faire que ce qu'il s'est passé jusqu'à présent, et trouver des solutions. 

Tous les acteurs allaient-ils dans le même sens ?

Oui, nous, les responsables du foot, avions, sinon des solutions, des constats similaires et donc une unité apparente. Du coté du ministère de l'Intérieur, ainsi que du côté de la ministre déléguée aux Sports et du Garde des Sceaux, les membres du gouvernement sont dans une logique de trouver des solutions qui tiennent compte de la situation réelle sur le terrain. 

Quatre pistes de réflexion ont été évoquées : l'interdiction de stade, la sécurité dans les enceintes, la sécurité de l'accès au stade et une meilleure définition des rôles de chacun. Selon vous, s'agissait-il des bons thèmes à aborder et faut-il encore les élargir ?

Ces pistes évoquées sont un premier tour d'horizon, un constat de la situation, pour imaginer ensuite comment sortir de la situation actuelle. Rien de précis, sur ce qui va être retenu, n'a été annoncé. Au-delà de ces quatre pistes, oui il y en a d'autres, qui ont aussi été évoquées lors de la réunion, comme la sécurité des joueurs.

En effet, les joueurs ne peuvent pas aller jouer un match en ayant la peur au ventre, en se demandant ce qu'il pourrait leur arriver.

"D'autres préconisations ont aussi été citées, comme par exemple celles de remettre des filets et d'afficher sur les grands écrans des stades des messages rappelant que toutes interventions inopinées de spectateurs peuvent aboutir à des peines de prison et des amendes importantes."

Philippe Piat, coprésident de l'UNFP

à franceinfo: sport

Gérald Darmanin a donné un délai de 15 jours pour faire des propositions au Premier ministre et aux instances dirigeantes. Est-ce un délai suffisant ?

Oui, dans la mesure où on a bien identifié les problèmes. A présent, il en revient à la responsabilité du football et des pouvoirs publics de trouver des réponses judiciaires ou réglementaires.

Qu'espérez-vous au bout de ces 15 jours ? Que des premières décisions soient prises et appliquées par exemple ?

Oui, nous en avons assez de voir que des matchs où il y a 50 000 spectateurs sont arrêtés à cause d'une dizaine de fauteurs de troubles. Il faut arrêter cela, alors que ces incidents deviennent de plus en plus récurrents. 

Pour vous, quelles sont les mesures les plus urgentes à mettre en place ?

Pour nous, c'est la protection des joueurs. Il faut empêcher que des spectateurs puissent lancer des objets sur les joueurs et pénétrer sur la pelouse. Surtout, et tout le monde était unanime, il faut que les sanctions soient beaucoup plus élevées et que les interdits de stade soient bien identifiés. Car il s'est avéré que ceux qui sont interdits de stade ne sont pas contrôlés et reviennent au stade malgré l'interdiction.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, le Garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, le président de la FFF, Noël Le Graët, et le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Vincent Labrune, à la sortie de la réunion au ministère de l'Intérieur, le 23 novembre 2021. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Il faut aussi définir quelle est la séparation entre les responsabilités des clubs par rapport à celles des pouvoirs publics, et donc avoir une meilleure visibilité de la chaîne de commandement, savoir où elle commence et où elle s'arrête.

Souhaitez-vous que les sanctions soient davantage localisées contre les fauteurs de troubles et non sur les clubs ?

Enlever des points à des équipes à cause de fauteurs de troubles, ce n'est pas une solution adéquate car finalement, une équipe avec des points en moins peut ne pas se qualifier pour la Ligue des champions. Cela veut dire qu'indirectement, il y a des répercussions sur les joueurs, alors que ce n'est pas de leur faute. Ce n'est pas normal que ce soient eux qui subissent les conséquences. 

C'est pour ça qu'on veut se focaliser un peu plus sur les fauteurs de troubles, savoir qui est responsable de quoi, et comment on peut vraiment améliorer les sanctions pour que les fauteurs de troubles réfléchissent à deux fois avant de passer à l'acte.

D'ici 15 jours, allez-vous vous réunir avec les autres représentants du football afin de proposer conjointement des solutions ?

Oui je pense. On va certainement se rassembler pour analyser les échanges de la réunion de mardi, pour essayer de trouver le meilleur chemin pour donner des réponses aux problèmes identifiés.

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