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Indignation générale après des incidents entre supporters à Nice

Les violents affrontements qui ont opposé dimanche les supporters de Nice et de Saint-Etienne jettent une nouvelle fois une lumière crue sur l'un des maux souvent dénoncés du football français. Dirigeants de clubs et de la Ligue de football réclament des sanctions et des mesures d'urgence. Les pouvoirs publics pourraient être tentés de multiplier les interdictions de déplacement des supporters.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Maxppp)

Ce sont de véritables scènes de bagarres de rue qui tournent depuis dimanche, peu avant 17 heures, dans les médias français. Sauf que ces scènes ne se déroulent pas dans la rue, mais dans un stade, celui de l'Allianz Riviera à Nice, théâtre du match de la 14e journée de Ligue 1 opposant l'OGC Nice à l'AS Saint-Etienne.

Environ une heure avant le coup d'envoi de la rencontre, les quelque 250 supporters de l'ASSE entrés dans le stade provoquent "un mouvement [...] pour sortir de leurs tribunes " selon Marcel Authier, directeur départemental de la Sécurité publique des Alpes-Maritimes. Des dizaines de sièges sont arrachés, les coups pleuvent entre les deux camps avant l'intervention des stadiers aidés de CRS. Huit personnes seront légèrement blessées. Les supporters des Verts, eux, seront évacués avant même le coup d'envoi de la rencontre.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Nice ; les vidéos des incidents vont être examinées avec soin. Pour Antoine Boutonnet, chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, "on va se poser la question sur les déplacements à venir ".

Que s'est-il passé ?

Les causes de ces violents incidents sont encore assez floues. Du côté des dirigeants stéphanois, on évoque un caillassage des bus de supporters pendant le trajet jusqu'au stade. Des faits absolument démentis par le président de l'OGC Nice, Jean-Pierre Rivère - "Il ne s'est rien passé entre Le Capitou, lieu de prise en charge des bus de supporters stéphanois par la gendarmerie, et le sous-sol du stad e" - mais aussi par le directeur départemental de la Sécurité publique.

►►► A ECOUTER | La réaction du président de l'OGC Nice

Il y a aussi ce que les faits divers ne racontent pas, c'est-à-dire la rivalité historique entre les supporters des deux camps. Une rivalité qui s'est construite sur des faits de jeu à travers l'histoire, mais aussi des actes mal ressentis, de mauvais accueils lors de réceptionsà domicile... Les deux principaux groupes "ultras", la Brigade Sud Nice, dissoute par décret en 2010 et les Green Angels de Saint-Etienne, autodissous en septembre dernier, mais toujours actifs, ont beaucoup à se reprocher les uns aux autres.

A l'issue de la rencontre, le co-président de l'AS Saint-Etienne, Roland Romeyer, se montrait abattu après cette nouvelle affaire de violences concernant des supporters.

Renforcement des sanctions

Les dirigeants des deux clubs réclament ainsi des sanctions. Une plainte contre X pour dégradations a d'ores et déjà été déposée par l'OGC Nice. La facture des dégâts sera elle envoyée aux dirigeants stéphanois.

Alors que depuis plusieurs années, de nombreux clubs de supporters ont été dissous suite à des affaires de violences - Brigade Sud Nice, Cosa Nostra Lyon, Supras Auteuil... -, les interdictions de stade et de déplacement lors de rencontres à l'extérieur se multiplient, la tendance semble être au renforcement, une nouvelle fois, des sanctions. Dans un communiqué publié lundi matin, le président de la Ligue de football professionnel Frédéric Thiriez s'écrit "ça suffit ! ". Pour lui, "si nous n'arrivons pas à régler ce problème définitivement, ça finira par une interdiction systématique des déplacements, ce que personne ne souhaite ". Le même Frédéric Thiriez annonce une rencontre avec le ministère de l'Intérieur. Manuel Valls qui signe un communiqué commun avec la ministre des Sports Valérie Fourneyron, dans la même veine : ""De tels événements montrent à l'évidence que les comportements violents d'ultras de certains clubs n'ont toujours pas été éradiqués ", justifiant "donc pleinement les mesures d'interdiction de stade ou d'encadrements de déplacements qui sont prises très régulièrement par les pouvoirs publics ".

Au-delà de l'image que ce type d'incidents renvoie du football français, ce sont les supporters eux-mêmes qui vont subir un nouveau retour de bâton. Après les débordements au Trocadéro suite au titre du Paris Saint-Germain en mai dernier, la bagarre rangée qui a opposé sur l'autoroute supporters lyonnais et marseillais, et ces incidents à l'Allianz Riviera, le ras-le-bol des dirigeants et pouvoirs publics pourrait conduire à des décisions radicales.

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