AC Milan-Inter : San Siro, un monument historique en fin de vie
C'est l'un des stades les plus emblématiques du football européen et il vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Théâtre de la demi-finale de Ligue des champions opposant ses deux pensionnaires, l'AC Milan et l'Inter, mercredi 10 mai, San Siro est voué à disparaître. Mais depuis l'annonce de sa future démolition en juin 2019, lors de la présentation de la candidature de la ville lombarde aux Jeux olympiques d'hiver 2026, l'échéance ne cesse de reculer.
"Nous allons réaliser un nouveau San Siro proche de l'ancien, dans la même aire de construction. Le vieux stade sera détruit et à la place, il y aura de nouvelles constructions", annonçait à l'époque le président de l'AC Milan, Paolo Scaroni, en même temps que l'émergence d'une nouvelle enceinte, "opérationnel" dès 2025. Inauguré en 1926, le stade est tout simplement "vieux et obsolète" selon ce dernier, qui a écarté tout projet de rénovation faute de temps entre les matchs des deux équipes qui se le partagent le stade.
Un public engagé pour sa sauvegarde
Mais alors que la deadline se rapproche, la nouvelle enceinte en est encore au stade du projet. On en est encore à débattre de son futur emplacement. Le projet initial prévoyait de le construire juste en face de son prédécesseur, mais la possibilité d'une délocalisation en dehors de Milan est encore évoquée. Le maire de la commune de Sesto San Giovanni, mitoyenne de la capitale lombarde, a par exemple multiplié les appels du pied dans les médias. "Juste au cas où, nous serions prêts tout de suite ici", a réitéré Roberto Di Stefano dans les colonnes de La Gazzetta dello sport (article en italien) en juin 2022.
La réticence de l'opinion publique a sans doute freiné l'avancée du projet. Un collectif s'est constitué pour militer pour la sauvegarde du stade, le comité Si Meazza. Un nom tiré du nom de légende du football italien, Giuseppe Meazza, qui a porté les couleurs de l'Inter et de l'AC Milan et dont le stade San Siro porte officiellement le nom depuis 1980. Parmi ses membres, on peut compter l'ancien joueur de l'ACM, Roberto Donadoni. "[San Siro] est un symbole de la ville de Milan. Il est reconnu comme tel et reconnaissable par des millions de personnes. Il faut le conserver", insistait ce dernier dans L'Equipe il y a un an.
Des propos qui répondent à un rapport d'une commission régionale missionné par le ministère italien de la culture qui a estimé en mai 2020 que "le bâtiment appelé 'stade Giuseppe Meazza' (San Siro) n'a aucun intérêt culturel, ce qui l'exclut des dispositions de protection". Pour beaucoup, ce stade est l'un des hauts lieux culturels de la capitale lombarde, au même titre que La Scala ou le Duomo. Il n'est pas que la plus grande enceinte sportive d'Italie grâce à ses 80 000 places.
2027 comme nouvelle échéance
L'écrin a vécu des moments marquants de l'histoire du football, accueillant par exemple la demi-finale de la Coupe du monde 1934 remportée par l'Italie face à l'Autriche (1-0), juste avant son tout premier sacre mondial. Le Bayern Munich en 2001 et le Real Madrid en 2016 y ont gagné la Ligue des champions. On se souvient aussi du derby incandescent en 2005, déjà en demi-finale aller de C1, remporté sur tapis vert par l'AC Milan après le jet d'un fumigène sur son gardien Dida, provoquant l'arrêt définitif de la rencontre. Plus récemment, la France y a remporté la Ligue des Nations en 2021 face à l'Espagne (2-1).
D'après un sondage mené par la Gazzetta dello sport (article en italien), seulement 27% des Italiens interrogés sont "pour" la démolition du stade (un ratio qui tombe à 16% chez les Milanais). D'après le même journal italien, cela n'empêchera pas pour autant la destruction de San Siro, dont le dernier grand rendez-vous semble déjà fixé : la cérémonie d'ouverture des JO d'hiver 2026. La nouvelle échéance évoquée pour la construction du nouveau stade pour les deux clubs milanais est la saison 2027-2028. Une fois que "La Cathédrale", surnom du nouveau stade à venir, verra le jour, il ne "restera plus rien" de San Siro.
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