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J-1 pour le Brésil, entre impatience et inquiétude

Entre contestation sociale, encombrements et retards dans la construction, le Brésil donne le coup d'envoi ce jeudi de la 20e Coupe du Monde de l'histoire. Malgré les propos rassurants de la présidente Dilma Rousseff et des dirigeants de la Fifa, une question demeure : le pays est-il prêt ? De nombreux doutes entourent encore cette édition du Mondial, attendue par tous les passionnés.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Rio de Janeiro s'apprête à vibrer au rythme du Mondial © Reuters/Ricardo Moraes)

Sept ans après s'être vu attribuer l'organisation de la 20e Coupe du Monde de football par la Fifa, le Brésil s'apprête, ce jeudi, à plonger dans le grand bain. Sept ans de doutes et d'inquiétude, mais aussi de passion et d'impatience, pour finir par des mois de contestation sociale et de polémiques sur le coût de l'organisation.

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Les onze milliards d'euros investis dans l'événement - pour la construction ou la réfection des 12 stades et des infrastructures routières et de transports - provoquent la colère d'une partie du peuple brésilien. Depuis plus d'un an, la contestation, qui a éclaté en juin 2013, est "en veille", menaçant d'éclater à nouveau à tout moment. Même si les messages rassurants, de la part des autorités, se multiplient.

Le Brésil, "bras ouverts"

À 48 heures du coup d'envoi de la compétition, la présidente Dilma Rousseff a pris la parole, mardi soir, à la télévision et à la radio. Une prise de parole prévue, dans laquelle elle s'est efforcée d'apaiser les tensions, et mettre fin aux doutes persistants quant à l'organisation du Mondial sur le sol brésilien.

"Le Brésil a surmonté les principaux obstacles et il est prêt sur et en dehors des terrains" (Dilma Rousseff)

"Nous avons construit, amélioré des aéroports, des ports, des avenues, des ponts, des voies d'accès, des lignes de transports rapides et nous l'avons fait en premier lieu pour les Brésiliens ", a-t-elle affirmé. Elle s'est également efforcée de minimiser le coût du Mondial, en rapport avec l'investissement dans l'éducation et la santé en déshérence au Brésil : "Depuis 2010 [...] le gouvernement fédéral, les États fédérés et les municipalités ont investi 1,7 trillon de réais (quelque 560 milliards d'euros" en éducation et santé ". "Les bénéfices resteront toute la vie " a-t-elle enfin promis.

Les grèves, une menace perpétuelle

Le message de la présidente survient alors que la ville de Sao Paulo, qui accueille la cérémonie d'ouverture ce jeudi, est devenue - encore plus que d'habitude - un immense embouteillage. Les infrastructures construites ne suffisent pas à accueillir les dizaines de milliers de supporters, spectateurs et simples visiteurs. Sans parler de la grève des employés du métro, qui a donné des sueurs froides aux autorités jusqu'à lundi et sa suspension, après plusieurs affrontements avec les forces de l'ordre.

 

 

 

 

Cependant, les syndicats font toujours planer la menace d'un nouveau mouvement, ce jeudi, qui paralyserait la ville et bloquerait l'accès à l'Arena Corinthians. Un cauchemar qui pourrait lancer le Mondial sur de très mauvaises bases. Autre grève, celle des vigiles de sécurité dans les banques, qui empêchent par endroits tout retrait d'espèces, dans une ville où les braquages et les vols à la tire sont légion. Seule éclaircie dans cet océan de contestation, l'annonce du Mouvement des travailleurs sans-toit (MTST) : aucune manifestation n'aura lieu pendant le Mondial.

Des retards dans la construction

Pendant des mois, les retards dans la construction des stades ont fait les choux gras de la presse brésilienne et mondiale. À quelques heures du coup d'envoi, l'essentiel est réalisé, mais il reste encore du travail, et beaucoup de tests de sécurité n'ont pas été effectués. Même s'il ne reste que les dernières retouches à effectuer, on ne peut pas encore dire que tout soit prêt pour accueillir les supporters.

L'emblème de ces difficultés est l'Arena Corinthians de Sao Paulo. Épiée par plus d'un milliard de spectateurs qui s'apprêtent à assister devant leur téléviseur à la cérémonie d'ouverture, elle n'est pas encore totalement finie. Les tests de résistance des sièges, des structures n'ont pas été effectués. Lors du dernier test en configuration de match, le 1er juin dernier, une tribune a carrément été interdite d'accès. Les autorités assurent que tout se passera bien ; une question de sécurité, bien sûr, mais aussi d'image pour le Brésil qui veut convaincre de sa capacité à organiser un tel événement mondial. Plus que jamais, le temps est compté.

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