Football : Karim Benzema et le Real Madrid, une romance en trois actes
Le Real Madrid, et rien d'autre. Lorsque Karim Benzema, encore poupon, devient trop grand pour l'Olympique lyonnais en 2009, le Baby Gone n'a qu'un nom en tête. Peu importe que l'Europe du football soit à ses pieds : ce sera le Real Madrid. Le 1er juillet 2009, cette prophétie se concrétise : Karim Benzema s'engage pour six ans au Real, contre 35 millions d'euros.
Quatorze ans plus tard, celui qui est devenu "KB9" ou le "Nueve" quitte la maison blanche par la très grande porte, la seule à même de laisser passer les 25 trophées qu'il a glanés dans la capitale madrilène, dont cinq Ligues des champions, et quatre championnats d'Espagne. Le club a rendu hommage à son attaquant français, dimanche 4 juin. À l'heure de dire au revoir au Français, c'est donc à l'une de ses légendes que le Real Madrid s'adresse. Un statut que KB9 a patiemment conquis.
2009-2013 : une cohabitation forcée
Quand il est présenté devant 15 000 personnes au stade Santiago-Bernabeu le 1er juillet 2009, Karim Benzema s'avance dans le sillage de Kaka et Cristiano Ronaldo, les deux stars à peine intronisées au Real. Du haut de ses 22 ans, celui qui n'est encore qu'une promesse a tout à prouver dans un vestiaire XXL, notamment au côté de la légende locale, Raul, alors meilleur buteur du Real et de la Ligue des champions. C'est pourtant un autre coéquipier, plus inattendu, qui va freiner le Français pendant quatre ans : Gonzalo Higuain.
Que ce soit sous Manuel Pellegrini (2009-2010) ou José Mourinho (2010-2013), Karim Benzema ne se défait jamais de la concurrence de l'Argentin. S'il brille pendant les périodes de convalescence d'Higuain, l'ancien Lyonnais ne prend jamais vraiment l'ascendant sur ce dernier, même lorsque ses performances le réclament. Ainsi, pour sa troisième saison au club en 2011-2012, Benzema s'affirme avec 32 buts en 52 rencontres. De quoi enfin s'affranchir de l'Argentin ? Que nenni.
La saison suivante, l'alternance entre les deux numéros 9 se poursuit. Ce qui n'empêche pas Karim Benzema de terminer, à chaque fois dès 2010-2011, deuxième meilleur buteur du Real Madrid derrière Cristiano Ronaldo. Cette période, marquée par des échecs répétés en Ligue des champions, voit le Français remporter une Coupe du Roi (2013), et une Liga (2012), alors que le FC Barcelone de Pep Guardiola écrase la concurrence. La pluie de trophées est pourtant toute proche, alors que Karim Benzema éclipse, peu à peu, Gonzalo Higuain. À tel point que l'Argentin décide de mettre les voiles à l'été 2013. Le début d'une nouvelle ère pour Benzema, mais aussi pour le Real Madrid.
2013-2018 : un lieutenant de luxe dans la BBC
Quatre ans après son arrivée au Real Madrid, le ciel s'éclaircit enfin au-dessus de Karim Benzema. Carlo Ancelotti, fraîchement débarqué, en fait un titulaire indiscutable dès sa prise de fonction. Entouré de Gareth Bale et Cristiano Ronaldo, il devient le deuxième B de la "BBC". Un trio qui, sur la seule saison 2013-2014, totalise 97 buts. Le 8 février 2014, l'une de ces réalisations permet ainsi à Karim Benzema d'égaler son idole de jeunesse, Ronaldo, avec 104 buts au Real Madrid.
Grand fan du Brésilien depuis son enfance à Bron, le Français prend alors sa pleine mesure dans la capitale espagnole. Le Real Madrid remporte la Ligue des champions 2012, 12 ans après sa dernière. Si ce sacre, et ces années, portent inévitablement le sceau de Cristiano Ronaldo, alors au sommet de son art, c'est aussi le cas de Karim Benzema. L'attaquant français, dont l'amour du beau jeu n'est plus un secret, est alors au service du roi portugais. Un souverain qui adoube son vaillant chevalier dès qu'il le peut en public.
En octobre 2014, il enfile même pour la première fois le brassard de capitaine. Ce statut de cadre de la maison blanche va être encore renforcé à partir de 2016, date à laquelle Zinédine Zidane est appelé sur le banc du Real. Très vite, ZZ et KB9 nouent une relation privilégiée. Cristiano Ronaldo flambe toujours, et le Real Madrid ajoute trois nouvelles Ligue des champions (consécutives) à son palmarès (2016, 2017, 2018). Le 26 mai 2018, face à Liverpool, Karim Benzema devient d'ailleurs le premier Tricolore buteur en finale depuis un certain… Zinédine Zidane, en 2002, avec le Real Madrid. Tout un symbole pour l'élève, qui dépasse alors le maître au niveau des trophées empilés.
2018-2023 : le boss de la Maison blanche
Neuf ans et seize trophées après son arrivée en Castille, Karim Benzema ne se doute pas que le meilleur est encore à venir, pour lui, individuellement. L'été 2018 marque en effet un tournant majeur : Cristiano Ronaldo, arrivé quelques jours avant lui, quitte Madrid pour la Juventus Turin. Autre rescapé de la BBC, Gareth Bale brille alors plus sur les pelouses de golf que de football. Le nouveau taulier de la maison blanche se nomme Karim Benzema. Si la première saison post-CR7 n'est pas concluante, la montée en puissance du Français est indéniable. Preuve en est : il devient le premier joueur à inscrire 8 buts consécutifs pour le club.
Élu meilleur joueur de Liga en 2020 et 2021, il devient le meilleur passeur de l'histoire du Real Madrid en 2021. Preuve que le Nueve est plus qu'un formidable buteur. Ses performances XXL poussent d'ailleurs Didier Deschamps à le rappeler par surprise en équipe de France pour l'Euro 2021. La saison qui suit sera le chef d'oeuvre du Lyonnais. Celle qui va le conduire vers un Ballon d'or 2022 incontestable, en faisant le cinquième Français à connaître pareille distinction, après Raymond Kopa, Michel Platini, Jean-Pierre Papin et Zinédine Zidane.
En 2021-2022, Karim Benzema, plus affûté que jamais, est inarrêtable, à l'image de ses 47 buts inscrits sur l'année civile 2021. Dans la lancée du titre de champion d'Espagne de 2020, et à la conquête de celui de 2022, le Français signe surtout une Ligue des champions d'anthologie, avec 15 buts en 12 matchs, récompensée par un cinquième sacre continental face à Liverpool, au Stade de France. Cette saison hors norme laisse des traces et, à 34 ans, son corps le lâche à quelques jours du Mondial 2022. Un forfait dont Benzema ne se remettra jamais vraiment, malgré une dernière saison honorable au Real, avec 30 buts en 42 matchs.
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