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L'Inter Milan racheté par un Indonésien… pour bientôt ressembler au PSG ?

Le millionnaire Erick Thohir investit avec Will Smith et a des faux airs de Bernard Tapie. Mais en Italie, on craint une évolution façon PSG.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
L'homme d'affaires indonésien Erick Thohir lors du rachat des DC United, à Washington (Etats-Unis), le 10 juillet 2012.  (PATRICK MCDERMOTT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

"En Angleterre, ils ont des cheikhs, nous on a des Chinois ou des Indonésiens. Mais les investisseurs étrangers dans le foot sont les bienvenus." Voilà comment résume Enrico Preziosi, président du Genoa, l'arrivée à la tête de l'Inter Milan du businessman indonésien Erick Thohir. Un personnage qui détonne.

Il investit dans un club de basket avec Will Smith

Son père est un magnat des médias indonésiens, son frère - prénommé Garibaldi - est un ponte du charbon et pèse 1,15 milliard de dollars, d'après Forbes. Erick Thohir, lui, est un héritier discret, qui fuit les couvertures des magazines et utilise la fortune familiale pour investir dans le sport. 

Ce grand passionné de basket - il est le patron de la confédération asiatique - a d'abord commencé par racheter la franchise NBA des Philadelphia Sixers... en s'associant avec Will Smith et son épouse Jada Pinkett Smith. Premier Asiatique présent au board d'une équipe nord-américaine, il continue d'investir outre-Atlantique. Cette fois-ci, dans le ballon rond : le club de Washington, DC United, est sa nouvelle cible.

Thohir, un faux air de Bernard Tapie

"Je serai votre oncle d'Amérique", lance-t-il lors de son intronisation, rapporte le Washington Post (en anglais). Toute ressemblance avec l'Inter Milan mal en point qu'il vient de racheter ne serait pas fortuite : comme l'Inter, Washington sortait d'une saison décevante, comme l'Inter, Washington cherchait à bâtir un stade pour se débarrasser de son enceinte actuelle, vétuste. Mais contrairement à Washington, l'Inter Milan est un club extraordinairement populaire en Indonésie, avec deux millions de fans revendiqués. Une bizarrerie sur un continent asiatique qui se passionne avant tout pour la Premier League anglaise.

"La spécialité d'Erick Thohir, c'est de racheter des sociétés en difficulté puis d'employer ses talents exceptionnels de manager et de financier pour qu'elles retrouvent les sommets", explique à l'AFP l'économiste du sport indonésien Ari Junaedi. Un faux air de Bernard Tapie ? 

Tout le contraire du précédent président

Erick Thohir apparaît comme l'antithèse de l'ancien président de l'Inter, Massimo Moratti. La famille Moratti détient le club depuis les années 1960, et Massimo a incarné tous les excès du foot business : des entraîneurs virés par paquets, des dépenses pharaoniques pour attirer les meilleurs joueurs et des résultats sur le tard, avec la Ligue des champions décrochée par José Mourinho en 2010. Massimo Moratti, c'est aussi un businessman au cœur d'humanitaire. Il n'a pas hésité à envoyer maillots et argent à la rébellion zapatiste au Mexique, avant de tenter d'organiser un match entre l'Inter et une sélection zapatiste avec Diego Maradona comme arbitre.

D'après la Gazzetta dello Sport, Moratti aurait même inclus dans le contrat de vente une clause pour racheter les parts cédées à Thohir si la conduite du club ne lui convenait pas.

Rien de tout ça à attendre avec le richissime Indonésien aux manettes, d'après le spécialiste de l'Inter Milan du site ESPN (en anglais) : "Je pense que Thohir n'a pas la passion et l'amour pour les Nerazzuri que les fans voudraient voir d'un président. Nous détesterions que l'Inter devienne un club comme le PSG ou Manchester City, avec des dirigeants beaucoup moins passionnés que les supporters." La comparaison avec le PSG n'est pourtant peut-être pas terminée : le nom de Leonardo revient régulièrement pour le poste de directeur sportif de ce nouvel Inter…

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