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La Coupe du monde au Qatar aura-t-elle lieu ?

Il y a ceux qui veulent jouer l'été, ceux qui préfèrent l'hiver, ceux qui veulent réformer en profondeur les calendriers, ceux qui aimeraient changer de pays...

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Une sculpture représentant la Coupe du monde, près de Doha (Qatar), le 21 décembre 2011.  (NADINE RUPP / GETTY IMAGES ASIA PAC)

"Ceux qui, à l'époque, ont pris la décision [d'attribuer le Mondial au Qatar], connaissaient les problèmes liés à la chaleur. Par conséquent, le comité exécutif de la Fifa devrait - et va - prendre la décision qu'on ne peut pas jouer l'été."

Par cette petite phrase, Sepp Blatter, le président de la Fifa, a confirmé lundi 26 août ce que tous les amoureux du football savaient déjà. Il fait bien trop chaud au Qatar pour jouer l'été, avec ou sans nuage artificiel à 500 000 dollars (sur lequel revient cet article du Guardian), avec ou sans stades climatisés. "Ils ne peuvent pas climatiser tout le pays", avait déclaré le dirigeant suisse après une visite en juillet en Jordanie, où il s'était rendu compte des températures torrides dans la région l'été. Un peu tard, non ?

L'été sera chaud, trop chaud

Les pays battus par le Qatar lors du vote pour désigner le pays organisateur du Mondial 2022 ne désarment pas. S'accorder sur le fait que le Qatar ne peut accueillir le Mondial durant l'été, c'est revenir sur le cahier des charges établi par la Fifa lors de l'appel à candidature. Mi-novembre 2010, le rapport d'évaluation du projet qatari était pourtant très clair : "Le fait que la compétition soit prévue pendant les mois de juin-juillet, les deux mois les plus chauds de l'année dans cette région, représente un risque potentiel pour les joueurs, les officiels, la Fifa et les spectateurs. Des précautions seraient nécessaires." Juridiquement, l'Australie et les Etats-Unis, très remontés après leur défaite, pourraient porter l'affaire devant les tribunaux.

Si la Fifa décide de placer le Mondial pendant l'hiver, le traditionnel calendrier européen va être terriblement chamboulé. Les championnats nationaux feraient une pause de trois mois au moment où les joueurs sont programmés pour avoir leur pic de forme. La Premier League, le championnat allemand et l'association des clubs européens les plus puissants sont montés au créneau contre cette idée. Le sélectionneur de l'équipe d'Allemagne, Joachim Löw, pense aux fans restés au pays : "Il n'y aura aucun fan dans la rue par -5°C." Pour Theo Zwanziger, ex-patron de la fédération allemande, "ce changement n'affecte pas seulement la Bundesliga mais aussi les divisons inférieures avec le lien des montées et des relégations. La pyramide est en danger, et donc l’unité du football allemand aussi", explique-t-il au magazine Sportbild (en allemand).

Mondial au balcon, Pâques au tison

C'est là qu'arrive le projet carressé depuis longtemps par Michel Platini, le président de l'UEFA, de calquer la saison de football sur l'année civile (de février à novembre) plutôt que sur l'année scolaire (d'août à mai). Mis à part Franz Beckenbauer, une légende du foot allemand devenu dirigeant, peu de voix se sont fait entendre pour le soutenir. 

La Coupe du monde 2022... pourrait donc se jouer à la fin de l'année 2021. D'après l'hebdomadaire allemand Kicker (en allemand), Sepp Blatter a rejeté l'idée d'une "Winter Cup" en janvier-février - devant l'opposition du Comité international olympique qui défend les JO d'hiver - pour privilégier l'option d'une finale autour de Noël. Jacques Rogge, président du CIO, avait menacé : "Il est hors de question de disputer des JO en décembre ou mars."

Changer la date de la Coupe du monde peut être aussi l'occasion de demander au Qatar des concessions, car la météo n'est pas le seul problème. Comparez le discours de Michel Platini en décembre 2010, cité par le Guardian (en anglais) : "Lors de la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis, la température avait dépassé les 40°C à Dallas, et à l'époque, personne ne s'était plaint." Et celui qu'il tient désormais : "Je suis en faveur du Qatar à deux conditions, la Coupe du monde devra avoir lieu en hiver et les émirats voisins devront y être associés pour qu'elle concerne toute la région." Sepp Blatter a aussi mentionné l'idée, rappelant que le projet australien prévoyait de délocaliser quelques rencontres en Nouvelle-Zélande, souligne Stuff.co.nz (en anglais).

150 milliards d'euros sur le grill

Délocaliser quelques rencontres permettrait peut-être d'atténuer l'impression de "Disneyland du foot" donné par l'émirat, qui a prévu d'investir 150 milliards d'euros (75 fois plus que l'Afrique du Sud pour le Mondial 2010) note Time (en anglais). Avec cette somme, le Qatar compte construire sept stades (tous concentrés autour de Doha), 100 000 chambres d'hôtel (PDF, p.16) et un réseau de train flambant neuf, relève Le Moniteur. La pose de la première pierre des stades, prévue pour cette année, n'a toujours pas eu lieu. 

D'après France Football, les Etats-Unis sont sur les rangs pour récupérer le Mondial en cas de défection du Qatar. Retirer l'organisation du plus grand évènement sportif au monde à un pays ne serait pas une première : la Colombie s'est vu retirer l'organisation de la Coupe du monde 1986 après avoir dit qu'elle n'aurait pas le budget suffisant. A l'époque, c'était le Mexique qui avait fait office de plan B.

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