Le monde merveilleux des primes des footballeurs
Les joueurs sont-ils trop payés ? 96% des Français le pensent. Et la lecture de cet article sur les bonus des footballeurs risque fort de les conforter dans cette idée.
Dans l'émission Capital, diffusée dimanche 7 avril sur M6, on suit le footballeur Franck Béria, latéral de l'équipe de Lille, qui explique benoîtement qu'il touche, chaque année, 2 millions d'euros. Par ailleurs, il se sert à volonté dans la boutique de son équipementier et reconnaît qu'il touche des primes sur le transfert des stars de l'équipe : 10 000 euros, par exemple, quand Eden Hazard est parti à Chelsea. "Sur le plan humain mais aussi économique, tout le monde était content de ce transfert", explique-t-il. Ce ne sont pas les seuls exemples de primes, bonus et autres à-côtés que touchent les acteurs de la Ligue 1... Inventaire non exhaustif, sachant que, comme le rappelle le Secret Footballer, un auteur britannique anonyme, dans son livre (en anglais), "il existe d'innombrables types de primes".
La prime à la signature
Du classique. Quand un joueur appose sa signature au bas d'un contrat, le club lui verse une prime pour avoir accepté, souvent en plusieurs fois. "Cela pousse le footballeur à changer de club régulièrement", expliquait déjà un agent en 2001, dans Le Parisien. Cela incite aussi les agents, qui touchent un pourcentage des revenus du joueur – de 7% à 10% – à encourager la bougeotte de leur poulain. Pour un joueur comme le Lillois Salomon Kalou, qui a signé au Losc en août dernier alors que son contrat à Chelsea avait expiré, cela représente une somme considérable : 1,5 million d'euros, alors que son salaire annuel tourne autour de 2,4 millions. Hatem Ben Arfa a reçu 150 000 euros de prime quand il a paraphé son contrat avec l'Olympique lyonnais en 2002, relève Le Progrès. Il n'avait que 15 ans.
La prime d'apparition
Chaque joueur présent sur la feuille de match reçoit une prime de présence. C'est l'article 763 de la Charte du foot professionnel qui le dit (PDF, p. 117). Si le joueur est titulaire ou entre en cours de jeu, il peut toucher une prime d'apparition. Plus le club est riche, plus la prime est substantielle. Ainsi, lors de la saison 2011-2012 de Premier League, Manchester City (qui a remporté le titre) versait, à chaque match, 13 500 euros à chaque joueur présent sur le terrain, rapporte The Independent (article en anglais). Le gardien Joe Hart, qui a joué les 38 rencontres de la saison, a donc perçu 513 000 euros en plus de son salaire...
La prime de but
Sur le papier, verser une prime aux attaquants pour qu'ils marquent des buts paraît logique. Pourtant, plusieurs chercheurs se sont penchés sur la question et se demandent si ce type de prime n'est pas contre-productif. "La prime de but entraîne un conflit entre le succès de l'équipe – passer à un joueur démarqué – et le bénéfice personnel – tenter une frappe, même si le joueur est mal placé, écrit un avocat du cabinet Charles Russell, spécialisé dans le sport, dans le Guardian (en anglais). Une approche plus rationnelle verrait les clubs encourager des comportements qui ne pénalisent pas l'équipe : ne pas prendre de cartons rouges, éviter les écarts de poids..."
Autre alternative, encore localisée : un club croate donnait une prime de but un peu particulière à un de ses défenseurs qui marquaient des buts, relève le magazine FourFourTwo (en anglais). Il lui offrait... un mouton.
La prime de victoire
Les footballeurs ne sont-ils pas déjà payés pour gagner ? Après une victoire contre un adversaire prestigieux en championnat, les joueurs peuvent, dans l'euphorie du vestiaire, demander au président une rallonge sur la prime de victoire. Demandez à Louis Nicollin, qui a quintuplé à plusieurs reprises les primes pour les bons résultats de Montpellier. "Cela crée de la cohésion dans un groupe", estime René Charrier, de l'Union nationale des footballeurs professionnels, aux Dessous du sport. Ce qui ne veut pas dire que plus les primes sont généreuses, plus l'équipe gagne : la Russie avait prévu des bonus de 800 000 euros par victoire au dernier Euro, pour chaque joueur, rapporte Russia Today (en anglais). Ce qui n'a pas empêché l'équipe de se faire sortir au premier tour.
La prime de titre
Chaque année, une enveloppe globale est prévue par le club pour les résultats en championnat, dans les Coupes nationales et en Coupe d'Europe. Prenez le PSG, au hasard : d'après L'Equipe, chaque joueur du club parisien touchera une enveloppe de 1,1 million d'euros en cas de saison parfaite. L'enveloppe se décompose comme suit : 257 000 euros pour le sacre en Ligue 1, 161 000 euros pour remporter la Coupe de France et 600 000 euros pour la victoire en Ligue des champions.
La prime de fidélité
En ces temps où les contrats entre un club et un joueur ne représentent guère plus que des bouts de papier, les agents des grandes stars négocient une prime de fidélité pour leur poulain. Robin Van Persie, l'attaquant néerlandais passé d'Arsenal à Manchester United à l'été 2012, touchera une prime de 10 millions d'euros... simplement pour respecter son contrat, note le Daily Mail (en anglais).
Les agents ne s'oublient pas dans la transaction. Manchester United avait ainsi promis 500 000 euros en 2004 à l'agent de Wayne Rooney si la star anglaise allait au bout de son contrat de cinq ans avec Manchester United, rapporte le New York Times. Ce qui fut fait. Rooney a attendu 2010 pour faire chanter ses dirigeants, en menaçant de partir chez l'ennemi juré de Manchester City.
La prime sur le montant du futur transfert
"Un joueur comme Yohan Cabaye, qui porte Newcastle à bout de bras alors qu'il n'a coûté que 6 millions d'euros, pourrait demander un pourcentage du prix du transfert, quand il sera revendu plus cher à un club plus prestigieux", écrit The Secret Agent, une chronique anonyme sur le site de Sky Sports (en anglais).
La prime sur le taux de remplissage du stade
David Beckham en a profité lors de son passage aux Los Angeles Galaxy, rapporte le livre The Beckham Experiment. L'affluence moyenne est passée de 15 000 à 20 000 spectateurs durant son séjour outre-Atlantique, alors que le prix du ticket moyen a grimpé de 21 à 32 dollars. Beckham touchait un pourcentage sur chaque billet vendu, tout comme sur les maillots, un avantage qu'il conserve encore au Paris Saint-Germain.
Et les petits avantages en nature...
La liste est longue :
- Tout joueur qui arrive au Milan AC est pris en charge par un chaperon, qui se charge de lui trouver une maison. Pour Beckham, c'est le PSG qui paye la luxueuse suite de l'hôtel Bristol (17 000 euros la nuit) où le Spice Boy réside pendant les cinq mois de son contrat.
- Les clubs paient des cours de langue à leurs joueurs étrangers. Au SC Bastia, on organise même des cours de corse pour les joueurs venus du continent.
- Le PSG paye huit billets d'avion à son défenseur brésilien Thiago Silva et à sa famille pour qu'ils puissent faire quelques allers-retours au pays.
- Bien souvent, le club trouve un emploi aux parents du footballeur convoité, particulièrement si le joueur est jeune. Ainsi, le FC Barcelone a trouvé un emploi au père de Lionel Messi, qui avait quitté son poste en Argentine pour tout miser sur la carrière de son fils.
Vous trouvez cette liste indécente ? Sachez qu'en football américain, certains contrats prévoient une prime quand le joueur blesse un adversaire, relève The Daily Beast (en anglais).
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