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Le prince Fahd s’invite au capital de Sedan et lui offre Roger Lemerre

Le neveu du roi d'Arabie Saoudite entre dans le capital de Sedan, actuellement 11e au classement, et offre au club Roger Lemerre comme coach. Deux jours avant l’arrivée samedi de cet investisseur providentiel, Cecilia Arbona s’est rendue sur place.
Article rédigé par Cécilia Arbona
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Doté de 23.000 places, le stade pourrait accueillir facilement tous les habitants de la ville dont la population atteint à peine 18.000 personnes © Radio France / C.Arbona)

C'est le conte de fée de ce début 2016 dans le modeste championnat national de football avec le prince Fahd, neveu du roi d'Arabie Saoudite, dans le rôle de l'investisseur providentiel. Il mise sur le Club des Sangliers pour l'aider à remonter en Ligue 1. Il est par ailleurs attendu vendredi dans les Ardennes pour présenter son projet dans une région sinistrée sur le plan économique.

Sedan et le prince saoudien - Un reportage de Cécilia Arbona
Cette voix ferme et puissante qui aboie sous la neige au centre d'entrainement, c’est celle de Roger Lemerre. A 74 ans, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de football entre 1998 et 2002 a repris du service comme entraineur à Sedan où il a débuté sa carrière de joueur en 1961.

Ce coach en or, c’est le premier cadeau que le prince saoudien a fait livrer avant de rencontrer les élus locaux et les chefs d’entreprise demain. Sous les flocons, les supporters du club des Sangliers n’en croient pas leurs yeux : Roger Lemerre, en personne, est là, à 10 mètres de nous. "C’est encore un bel homme. J’espère qu’il nous poussera nos joueurs et qu’on remontera un peu ! ", glisse une spectatrice. Le gardien de but de Sedan, Willy Maeyens, 26 ans, a du mal à réaliser : il a signé après le dépôt de bilan en 2013. L’équipe était alors en CFA2 : "Ça fait bizarre de le voir près de nous, confie le joueur. Il donne de la voix, il parle beaucoup. Tout s’est bien goupillé : il faut continuer sur cette lancée  !" 

"Nous avons dans notre actionnariat le prince Fahd, neveu du roi d’Arabie Saoudite, il ne vient pas à Sedan uniquement pour le club de foot…" - Gilles Dubois, président délégué du club de football

 

Lemerre, c’est un nom qui fait son petit effet à Sedan, concède Gilles Dubois, président délégué du club de football : "Nous n’avons pas voulu faire un coup. On cherchait Roger Lemerre. Il s’ennuyait. Il n’habite pas loin, à Bruxelles.  Ç a crédibilise notre projet. Nous avons dans notre actionnariat le prince Fahd, neveu du roi d’Arabie Saoudite, il ne vient pas à Sedan uniquement pour le club de foot… "

  (Roger Lemerre)

Les frères Dubois ont d’autres projets avec la famille royale d’Arabie saoudite. Marc et Gilles Dubois sont des chefs d’entreprise à la tête d'Aplus des sociétés qui travaillent dans un domaine assez large : maisons de retraite centres de minceur et de remise en forme avec spa, balnéothérapie. "La relation est gagnant-gagnant, explique Gilles Dubois. Nous avons mixé de l’économique, du social….du tourisme. Un ensemble de chose qui lui ont plu ."

 

Une cinquantaine d’emplois au moins pourraient être créés 

Ces capitaux saoudiens pourraient donner un coup de fouet à l’économie de toute une région. C’est d’ailleurs le vœu du maire socialiste de Sedan, qui organise une petite visite guidée de PME pour le prince : fonderie, entreprise de retraitement des déchets… Avec la construction du centre de formation, on parle même d’une cinquantaine d’emplois qui pourraient être créés. A part le château-fort, joli lieu de promenade avec son hôtel de charme, le centre-ville de Sedan est triste. Plusieurs commerces sont fermés et le quartier autour du stade est gris comme le ciel. Le patron du Sporting bar soupire :"Les jeunes formés ici repartent chez eux… Qu’est-ce qu’un prince vient donc faire à Sedan ? On a pas de pétrole, on a rien…

  (Sporting)

Même s’ils restent prudents les supporters de Sedan espèrent qu’ils vont écrire une nouvelle page de l’histoire du club. Gaël, porte-parole des Youngs Boys : " Cela me navre un peu que l’on doive dépendre de capitaux étrangers pour survivre. Après, j’espère que nous garderons notre identité, que le nom du stade ne changera pas pour prendre le nom d’une marque… Nous sommes avant tout un club familial. "

 

Les soirs de grand match, 20.000 sièges vides dans le stade 

Les Sangliers, qui ont connu des années glorieuses dans les années 50 et 60, vont-ils à nouveau ruer dans les travées de l’élite ? Gaël veut y croire, et espère surtout revoir très vite le stade plein. Doté de 23.000 places, il pourrait accueillir facilement tous les habitants de la ville dont la population atteint à peine 18.000 personnes. Les soirs de match à domicile le vendredi, l’enceinte atteint péniblement 3.000 spectateurs. Les autres jours, le stade semble abandonné et sert de refuge à des collégiens emmitouflés dans leurs doudounes, allongés autour de narguilés. Ils fument de la chicha et écoutent de la musique sur le béton froid.

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