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Les élections à la FFF, un faux air de présidentielle du foot français

Oubliez les élections à main levée après un repas arrosé, le job de président de la Fédération de football se professionnalise. Et se politise.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Noël Le Graët pose devant le décompte des votes à l'élection du président de la Fédération française de football, le 18 juin 2011, à Paris.  (FRANCK FIFE / AFP)

FOOT – Noël Le Graët a annoncé lundi 29 octobre qu'il est candidat à sa réélection à la tête de la présidence de la Fédération française de football. Une élection qui, par le passé, se réglait sur un coin de table entre notables du ballon rond. Désormais, c'est un peu plus ouvert : il y a plusieurs candidats, avec un vrai débat d'idées et des petites phrases qui volent bas. Un faux air d'élection présidentielle.

Les candidats

Noël Le Graët, président sortant, ex-maire PS de Guingamp et président du club de football local.
François Ponthieu, avocat, ex-dirigeant de la DNCG, l'organisme qui contrôle les finances du foot français.
Eric Thomas, surnommé "le Olivier Besancenot du foot", candidat du foot amateur, qui n'a pas encore pris sa décision après un échec en 2011.
Christophe Bouchet, ancien président de l'OM, aussi engagé en politique, au Parti radical (Nouveau centre).

Les stars derrière les candidats

Faire campagne sans une locomotive médiatique, si possible un ancien joueur de l'Equipe de France, c'est compliqué. Préférez un champion du monde 1998 ou éventuellement un héros de la génération Platini pour faire bon genre. Maxime Bossis a ainsi rejoint François Ponthieu. Logique que le célèbre défenseur qui n'a récolté aucun carton, jaune ou rouge, dans sa carrière (de 1973 à 1991) rejoigne le candidat de l'éthique ? Emmanuel Petit, lui, s'est inscrit dans le courant d'Eric Thomas. Par le passé, les ex-Bleus Bernard Lama et Lilian Thuram avaient aussi soutenu des candidats aux plus hautes fonctions du foot français.

Les candidats à l'élection d'après

Xavier Bertrand a annoncé qu'il renonçait à briguer la tête de l'UMP pour mieux se préparer pour la présidentielle de 2017. Comme le député de l'Aisne, l'ex-milieu de terrain de l'Equipe de France, Emmanuel Petit, a déclaré, dans France Footballmardi 23 octobre, qu'il se laissait quatre an: "On ne devient pas président de la fédération en six mois".

Le programme

Comme en politique, le thème de tous les candidats au poste, c'est le "changement" pour lutter contre le "déclin" (des licenciés, des bénévoles, des droits télé, des téléspectateurs, de l'image du foot, de la sélection nationale, au choix). "Ce qui se passe, ce n'est pas une révolte, mais une révolution, explique Eric Thomas, plagiant presque l'interlocuteur de Louis XVI le 14 juillet 1789. Une révolution douce et sans armes. Quelle fédération autre que le foot pourrait se permettre de perdre 500 000 licenciés en quatre ans sans mettre la clé sous la porte ?" Un constat alarmiste partagé par tous les candidats... sauf le sortant.

Les trois "petits candidats" s'accordent sur plusieurs points, mais mettent en valeur leurs différences. Eric Thomas, dont l'association se revendique du "foot d'en bas", insiste beaucoup sur les difficultés quotidiennes des clubs amateurs dans sa lettre programme. Christophe Bouchet insiste sur une meilleure structuration des composantes du foot français, quand François Ponthieu veut replacer l'éthique et le respect au centre du jeu pour "faire revenir les jeunes mamans dégoûtées par le foot, perçu comme vulgaire". Quid de Noël Le Graët ? "Le programme de Noël Le Graët, c'est réélisez-moi, persifle Christophe Bouchet. C'est un peu court."

L'étiquette politique

Deux des quatre candidats ont une carrière politique : le socialiste Noël Le Graët a été maire de Guingamp (Côtes-d'Armor) de 1995 à 2008, et le centriste Christophe Bouchet vient de subir "un échec cinglant", de son propre aveu, aux législatives en Indre-et-Loire, à Tours (1,68% des voix). "Avoir une expérience politique n'est pas un avantage face à Noël Le Graët, qui est un vieux routier de la politique, affirme Christophe Bouchet. La preuve, il essaie de nous faire croire qu'il est arrivé il y a dix-huit mois [son élection à la tête de la FFF] quand il est là depuis trente ans [il est arrivé dans les instances du foot professionnel en 1984]."

Christophe Bouchet (au centre), candidat à la présidence de la Fédération française de football, lors d'un meeting de François Bayrou (à g.) à Marseille, le 14 avril 2012.  (KARINE VILLALONGA /SIPA)

Les électeurs

L'élection est ouverte à seulement 400 grands électeurs (notamment les présidents de ligues régionales et de districts départementaux et les membres du conseil fédéral). "C'est le candidat qui a le plus d'amis qui va gagner", remarquait, désabusé, un président de club sur lemonde.fr. Le Comité national olympique et sportif français avait proposé, début 2012, deux réformes pour les fédérations nationales : élargir la base des électeurs et interdire aux plus de 70 ans de se présenter. Raté : l'électeur type est un homme qui a dépassé l'âge de la retraite. Mais le changement de statuts de la fédération permet au moins d'avoir une élection ouverte, une nouveauté qui date de 2011.

Les frais de campagne

"Si on était vingt candidats, je comprendrais que la Fédération ne mette pas d'argent, regrette Eric Thomas. Mais là, il y en aura quatre à tout casser, et une enveloppe de 10 000 euros aurait pu être envisagée. Ça coûte cher, une campagne. Je n'ai que les moyens de mon association, pas d'avion privé à disposition comme M. Le Graët. Chacun fait campagne avec ses moyens."

En effet, la campagne se passe surtout dans les trains et les avions, pour visiter les Ligues et les district du foot français. "Il faudrait un plafonnement des coûts de campagne, nuance Christophe Bouchet. Lors de la précédente élection, Fernand Duchaussoy a fait campagne avec une retraite de l'Education nationale quand Noël Le Graët est un ancien industriel qui a vendu son affaire. Faire campagne ne coûte pas énormément, sauf en temps et en énergie."

Le débat d'entre-deux-tours

Il a lieu le 3 novembre, à l'initiative de l'Association du football amateur d'Eric Thomas. Chaque candidat sera présent, sauf Noël Le Graët qui se fera représenter. "C'est positif que les gens s'intéressent à l'élection à la FFF. C'est proche de ce qu'a apporté la primaire socialiste au PS. Quand les gens voient un débat d'idées, pas de personnes, ils s'intéressent", veut croire François Ponthieu.

Les petites phrases

Tout en prêchant l'union et le débat d'idées, certains candidats critiquent leurs concurrents. Christophe Bouchet ne mâche pas ses mots contre Noël Le Graët : "il n'arrête pas de dire qu'il est un bon gestionnaire. Mais on élit le président de la FFF, pas un comptable !" C'est plus nuancé du côté d'Eric Thomas – "il faut dépasser les querelles d'ego, sinon, on ne débat pas, on se cogne"  ou de François Ponthieu – "je ne peux pas me permettre de critiquer des gens".

 

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