Ancelotti cherche encore la bonne formule pour le Real
En expédiant Angel Di Maria et Xabi Alonso à Manchester United et au Bayern Munich dans les derniers jours du mercato, Florentino Pérez a renfloué les caisses de son club. Mais il a aussi mis son entraîneur Carlo Ancelotti dans l’embarras. L’Argentin et l’Espagnol étaient les hommes de base de son système, son 4-3-3 qui avait permis la conquête d’une nouvelle Coupe d’Espagne et de cette Decima tant désirée. Le remplacement du second au milieu de terrain avait offert de nouvelles possibilités à l’Italien. Par sa vitesse, sa technique mais également son abattage, Di Maria rendait d’immenses services.
Le retour de blessure du premier avait coïncidé au renouveau du Real. Par son intelligence tactique, sa maîtrise technique et sa vision du jeu, Alonso était la rampe de lancement rêvée mais aussi le garant de l’équilibre de la Maison Blanche. Les deux hommes partis, il a fallu tout repenser. Tout reconstruire. Et au Real moins qu’ailleurs, l’entraîneur n’a pas le temps. La victoire en Supercoupe d’Europe (2-0 face au FC Séville) est déjà oubliée. Dans la tête des supporters madrilènes et du président, résonnent désormais les revers contre la Real Sociedad (4-2) et ceux contre l’ennemi de l’Atletico en Supercoupe d’Espagne et le dernier en date, samedi (2-1).
Les mêmes hommes
Toute la semaine précédant ce derby, la presse madrilène se faisait l’écho d’une possible révolution tactique : Bale dans l'ancien rôle tenu par Di Maria et James Rodriguez basculant sur un côté à la place du Gallois. Ancelotti avait balayé ses hypothèses en conférence de presse en disant qu’il n’y "aura de position bizarre sur le terrain pour certains joueurs". Et effectivement, Bale était bien ailier droit, mais Ronaldo lui n’était pas ailier gauche. Le Portugais était plutôt un électron-libre en soutien de Karim Benzema, James passant lui sur l’aile gauche, laissant le cœur du jeu au duo Luka Modric-Toni Kroos. Les mêmes hommes donc qu’à l’Anoeta, pour au final le même résultat : une défaite.
Comme face à la Real Sociedad, le Real a bien entamé la rencontre. Il a concédé l’ouverture du score sur corner, mais il a dominé. Notamment parce que son Ballon d’Or était en jambes. C’est de lui qu’est venue l’égalisation – sur penalty – et c’est de lui que sont venus les principaux dangers. Mais hormis CR7, les autres ont été bien timides. James évolue encore sur la pointe des pieds, n’arrivant pas à se situer dans une équipe qui ne joue pas pour lui comme le faisait la Colombie ou Monaco en l’absence de Falcao. Toni Kroos, après son récital face au FC Séville, n’est pas encore le patron de l’entrejeu et n’a pas (encore?) toutes les ficelles pour tenir le rôle de Xabi Alonso. Ce 4-4-2 qu’Ancelotti ressort quand ça va mal – c’est grâce à ce dispositif qu’il avait relancé le PSG à l’hiver 2012 – n’a guère convaincu et il n’est pas dit qu’Ancelotti le reconduise alors que le Real reste sur deux défaites.
Intensité et nouvelles idées
"Je ne crois pas que notre idée de jeu va changer, nous devons profiter de ce match pour faire une bonne performance, pour rejouer de belle manière, avec intensité, comme nous le faisons habituellement", avait déclaré l’Italien avant le derby. Après la défaite, il en a remis une couche et tenu à calmer les inquiétudes : "notre première période a été bonne et la seconde, non. Nous n'avons pas réussi à reproduire après la pause ce que nous avions fait en première période, il y a eu une baisse d'intensité". L’intensité donc, c’est dans ce domaine que le Real doit progresser, lui qui commence bien ses matches sans pouvoir les terminer. "Je suis préoccupé, il est clair que notre début de saison n'est pas bon, mais par chance, c'est juste notre début de saison, a tempéré l’Italien. Nous avons eu le même problème l'an dernier et nous allons régler ça tranquillement". L’an dernier, il avait pu compter sur Di Maria et Alonso. Cette année, il va devoir se creuser la tête pour donner une nouvelle impulsion à ce Real.
Toujours privé de Khedira, – encore absent six semaines – il n’a pas sous la main un joueur capable d’être efficace aux deux extrémités du terrain. Pourtant sur le banc végète celui qui apparaissait comme le remplaçant naturel de Xabi Alonso, un autre Basque, Asier Illaramendi. Mais Ancelotti n’est pas convaincu par ce joueur acheté 38 millions d’euros. Sa titularisation permettrait de faire monter d’un cran Kroos, dans un poste de relayeur, où il a excellé durant le Mondial. Le défaut de cette option ? Elle obligerait Ancelotti à se priver de James, la recrue la plus chère du mercato ou toucher à sa BBC (Bale, Benzema, Cristiano) qui a fait ses preuves. Dans les deux cas, cela semble impensable. Ancelotti va donc devoir bricoler. Il doit aussi secrètement remercier son président de lui avoir collé ces problèmes de riche, tout en gérant le cas Casillas qui scinde de plus en plus Bernabeu entre les pro et les anti San Iker. "Quand on encaisse un but au premier poteau sur corner, la dernière personne qui doit en être tenue pour responsable, c'est le gardien", a assuré Ancelotti après la défaite contre les Colchoneros. L’Italien a pris la défense de son capitaine et pour l’instant, le vestiaire soutient son entraîneur. Si les mauvais résultats venaient à se poursuivre, il se pourrait qu’Ancelotti perde celui de son président.
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