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Benzema, l'attaquant altruiste

Lors de la victoire du Real Madrid à Villarreal (2-0), Karim Benzema n’a pas marqué. Une nouvelle fois diront ses détracteurs. Mais l’attaquant français a fait mieux que ça, il a fait gagner son équipe en offrant le but du break à Cristiano Ronaldo. Voici sa réponse aux critiques et la raison pour laquelle il garde la confiance totale de Carlo Ancelotti.
Article rédigé par franceinfo
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Cet été, la sphère madrilène rêvait de Falcao. Ce buteur né qui avait fait les beaux jours du voisin, l’Atletico Madrid. Tous, sauf un, Carlo Ancelotti. L’entraîneur madrilène savait que l’arrivée du buteur colombien entraînerait une concurrence – peut-être déloyale – avec Karim Benzema et que l’attaquant français s’assiérait sur le banc. Or l’Italien sait combien l’ex-Lyonnais est important dans le jeu du Real Madrid. Samedi, sur la pelouse du Madrigal, il l’a encore prouvé en offrant sur un plateau à Ronaldo son dixième but en championnat en seulement quatre rencontres. A la 40e minute, Benzema a résisté à son défenseur pour servir en retrait le Portugais. Le Real menait alors 1-0 mais était bousculé par le sous-marin Jaune. Ce but est donc venu calmer les ardeurs adverses et Ancelotti n’a pas manqué de le souligner.  "La clé du match a été le deuxième but, où Karim a eu un rôle important avec une passe fantastique pour Cristiano", a-t-il jugé en conférence de presse.

Les buts qui comptent

Karim Benzema a les défauts de ses qualités. Trop joueur et collectif pour n’être qu’un numéro 9, mais tellement talentueux devant le but et dans la « zone de vérité » pour n’être qu’un milieu offensif, il navigue sur le front de l’attaque. Pas sprinteur à la Henry, ni renard à la Trezeguet, il est là où est le jeu. Décroche pour mieux le construire, accélère pour mieux le terminer et marque quand il en a l’occasion. "Je suis un avant-centre qui aime le bon football", assume-t-il sur le site internet de son club. Rôder dans la surface pour attendre les ballons n’est pas sa conception. Mais en ce début de saison, ses statistiques font débat. Les supporters du Real Madrid et les journaux espagnols l’ont pris à parti ces dernières semaines. En neuf rencontres, il n’a inscrit que deux buts. Très peu, surtout si l’on compare ce chiffre à ceux des compères de l’attaque qui se sont régalés durant les "goleada" réalisées contre le FC Bâle (5-1), La Corogne (8-2) et Elche (5-1). Cristiano Ronaldo a inscrit huit buts en trois matches, Gareth Bale quatre buts, et James Rodriguez et "Chicharito" Hernandez deux chacun. Durant ces trois rencontres "portes ouvertes", Benzema ne faisait trembler les filets qu’à une reprise contre l’équipe suisse. Un seul but mais un but qui compte puisque c’était le 1000e du Real.

Le tweet de Karim Benzema

Ce tweet, c’était sa réponse aux sifflets qui se sont fait entendre des tribunes de l’exigeant public du Santiago Bernabeu. "Je ne les calcule pas. L'essentiel était de gagner ce soir. Ils attendent toujours beaucoup de moi. Je suis l'attaquant du Real donc à chaque match, il faut marquer. C'est comme ça" , avait-il expliqué au micro de beIN Sports. "Les choses changent. Je l’ai vécu en chair et en os il y a tout juste un an. Le public me sifflait. Tout comme il l’a fait avec de grands joueurs comme Iker, Ronaldo, Zidane… Pour moi ce n’est pas un problème. Mais je vais me battre et travailler pour que cela ne se reproduise pas", avait-il confié dans un entretien à AS. Le joueur est habitué à les affronter lui qui en cinq ans a du se remettre en question, s’affirmer et s’imposer. Plusieurs fois, notamment sous les ordres de José Mourinho qui faisait jouer la concurrence avec Gonzalo Higuain. L’Argentin parti, il a désormais le champ plus libre pour s’exprimer mais ça ne se ressent pas forcément au niveau buts marqués. Mais dans le jeu, il est toujours aussi important et c’est pour cela qu’Ancelotti lui maintient sa confiance.

La confiance d’Ancelotti

Ces critiques qui ont accompagné Benzema, Ancelotti ne les a pas écoutées, ni même entendues. Pour lui, l’international aux 73 sélections est incontournable. Et son impact ne se mesure pas seulement au nombre de buts marqués. "Benzema n'a pas à être préoccupé si un de ses équipiers marque, il doit être content, cela signifie que cette équipe dispose d'une grande capacité à inscrire des buts", a expliqué le technicien italien en conférence de presse.  "Du coup, je crois que Karim a moins de pression pour marquer." Et c’est vrai avec l’ogre Ronaldo (déjà 13 buts en 9 rencontres) et Gareth Bale (5 buts en 10 matches), Madrid a ce qu’il faut pour alimenter le compteur. "Il doit travailler pour l'équipe, comme il l'a toujours fait, pour aider ses équipiers à mieux jouer et à trouver la meilleure solution offensive", a insisté Ancelotti. Avec lui sur la pelouse, le Real Madrid marque 2,9 buts par match avec Benzema sur le terrain contre 2,4 sans lui. Un chiffre qui accrédite la thèse défendue par Ancelotti qui dit que le Real joue mieux avec Benzema même si dans le même temps, le Real marque toutes les 16,8 minutes quand il n’est pas là – contre un but toutes les 45,5 minutes quand Benzema est sur la pelouse. Exemple sur les 13 buts inscrits contre Elche, Bâle et La Corogne, 10 ont été inscrits lorsque le Français n’était pas sur le terrain.

Le tweet d'OptaJose

Pourtant malgré certains chiffres défavorables, Ancelotti ne doute pas. Benzema est son choix numéro 1 en attaque, Chicharito ayant plus le rôle qu’il avait déjà à United, celui de super remplaçant. "Je n'ai peur de personne, il y a des grands attaquants de partout, ça ne me pose pas de problème. C'est bien qu'il soit là parce que ça permet de faire tourner", avait lancé à son égard Benzema. La présence du Mexicain offre effectivement une possibilité supplémentaire à Ancelotti. Notamment tactiquement. Quand Benzema aime décrocher, participer au jeu, dédoublé et parfois laissé l’axe à Ronaldo, "Chicharito" est un vrai chasseur de buts. Toujours à la limite du hors-jeu, traînant dans la surface en attendant l’ouverture. Or avec Ronaldo dans le 11, Ancelotti a déjà son buteur. Benzema, lui, a l’intelligence de se mettre au service de l’équipe et de la star. Sa passe face à Villarreal en est la preuve. "Parfois, passer le ballon est plus important que marquer", assure Ancelotti, Benzema a adopté ce principe puisqu’il est déjà à 5 passes décisives en 9 rencontres cette saison. Loué et défendu par Ancelotti, Benzema a pu aussi trouver du réconfort – et des compliments – dans les propos du quotidien El Confidencial qui l’a comparé à une légende du Real, Alfredo Di Stefano : "Benzema, comme Di Stefano, est plus qu’un 9, plus qu’un attaquant qui pénètre dans surface et recherche avant tout à jouer dans l’axe. Leur influence sur le terrain est énorme et extrêmement importante pour le bon développement du jeu de leurs équipes. Ils touchent plus de ballons que les 9, participent au jeu d’équipe comme une pièce de l’engrenage collectif. Ils créent davantage de possibilités pour les autres que pour eux-mêmes." De quoi mettre fin au débat ?

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