Football : 10 buts en 10 matchs et déjà une carrure de patron... L'intégration express de Jude Bellingham au Real Madrid
On s'attendait à voir Robert Lewandowski, Vinicius Junior ou encore Antoine Griezmann s'afficher fièrement en tête du classement des buteurs de la Liga. Mais, l'actuel meilleur marqueur du championnat d'Espagne est un milieu de terrain. Arrivé cet été au Real Madrid, en provenance du Borussia Dortmund, Jude Bellingham en est à huit buts en huit matchs, deux de plus ayant été inscrits samedi 7 octobre dans la victoire écrasante de son équipe contre Osasuna (4-0). Au total, il est directement impliqué sur 13 buts en 10 rencontres toutes compétitions confondues (10 buts, 3 passes décisives).
De quoi étonner son coach, Carlo Ancelotti, qui pensait avoir tout vu en 31 ans de carrière. "Personne n'aurait pu imaginer qu'il marque autant de buts", a reconnu l'Italien en conférence de presse. Et pour cause, il a d'ores et déjà égalé son meilleur total en championnat sur une saison, atteint l'an passé en Bundesliga.
Dans son sillage, le Real Madrid est en tête de Liga, malgré un début de saison en demi-teinte dans le jeu. Les buts salvateurs de Bellingham masquent les carences collectives de son équipe, comme lorsqu'il a marqué le but victorieux en fin de match contre le Celta Vigo (1-0 à la 81e), contre Getafe (2-1 à la 90e+5) ou face à l'Union Berlin en Ligue des champions (1-0 à la 90e+4). "L'ADN de la remontada au Real Madrid est réel, maintenant que je suis là, je le vois", a déclaré l'intéressé, parfaitement accoutumé à son nouvel environnement après une victoire à Almeria (3-1) lors de laquelle ses deux buts ont contribué à renverser le score.
Libéré par le départ de Benzema
"Il s'est très bien adapté, on a de la chance d'avoir recruté un joueur spectaculaire", a poursuivi Ancelotti samedi. Celui-ci n'a pas hésité à placer l'Anglais au cœur de son système de jeu offensif, lui laissant une grande latitude. Il n'est ainsi pas rare de le voir transpercer les défenses adverses avec des courses verticales et tranchantes, comme ce fut par exemple le cas contre Naples en Ligue des champions (3-2 : 1 but, 1 passe décisive). Porter le numéro 5 mythique de Zinédine Zidane au Real Madrid aurait pu pourtant être un fardeau, surtout à seulement 20 ans.
L'absence de véritable avant-centre lui a ouvert la voie, après le départ de Karim Benzema en Arabie saoudite et le non transfert de Kylian Mbappé. Par ses projections, Bellingham comble intuitivement le vide laissé par le Ballon d'or. Sa connexion avec l'autre atout offensif du Real Madrid, Vinicius Junior, est éclatante. "Ils ont des caractéristiques différentes, mais ils combinent bien : Vini arrive depuis le côté, Bellingham de l'intérieur", a analysé leur entraîneur.
Joue-la comme Shakespeare
"Il a beaucoup de qualités, de force physique et d'aptitudes techniques, a poursuivi Ancelotti. Il n'a que 20 ans mais il en paraît 30, grâce à son caractère et à son attitude." Malgré sa jeunesse, Bellingham n'est pas un nouveau venu. Le milieu de terrain sort de trois saisons pleines en Bundesliga avec Dortmund et a pris part à la dernière Coupe du monde dans la peau d'un cadre des Three Lions.
Pour autant, une intégration si précoce à Madrid ne coulait pas forcément de source. Entre les briscards Luka Modric et Toni Kroos, la valeur sûre Federico Valverde, les deux étoiles montantes tricolores Aurélien Tchouaméni et Eduardo Camavinga, sa place dans l'entre-jeu madrilène n'était pas garantie. Mais l'Anglais s'y est de suite imposé, forçant par exemple Camavinga à évoluer parfois comme latéral gauche, ou Tchouaméni à reculer en défense centrale comme samedi.
D'Eden Hazard à Luka Jovic, les exemples de recrues onéreuses au rendement inégal ont fleuri ces dernières années. La Maison blanche n'est pas partie pour regretter les 100 millions d'euros investis sur le prodige. Il fallait scruter le compte X (ex-Twitter du Real Madrid) pour s'en persuader une dernière fois : "Les Anglais qui ont écrit des histoires d'amour : William Shakespeare et Jude Bellingham", a posté le club ibérique samedi. Le songe a tout pour durer au-delà des nuits d'été.
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