Les Orange compressent l'Espagne
Bien sûr il est beaucoup trop tôt pour enterrer l'Espagne ou porter au pinacle les Pays Bas. Mais tout de même, la Coupe du monde 2014 vient à peine de commencer qu'elle possède déjà son match de folie. Soufflés comme des ballots de paille par un Arjen Robben inhumain, les Espagnols ont confirmé les difficultés que connaissent habituellement les champions en titre lors de leur premier match puisque seulement trois des onze derniers vainqueurs ont emporté leur rencontre inaugurale lors des précédentes éditions. La malédiction du maillot blanc, qui veut que la Roja ne l'emporte jamais en Coupe du monde lorsqu'elle joue dans cette couleur, a encore frappé. Les "Oranje", eux, jouaient en bleu. Bleu nuit. Comme celle qui s'est abattue sur l'Espagne...
van Persie, l'orfèvre du but
Comme prévu, l'équipe de Del Bosque mettait rapidement le pied sur le ballon et les Pays-Bas procédaient par contres. Rien de révolutionnaire donc mais quelques mèches donnaient le ton : Sneijder, idéalement lancé par Robben, butait sur Casillas (8e) avant qu'Iniesta ne riposte d'une frappe lointaine (10e). Cependant, rien ne prédisposait à la folie qui allait suivre. Sifflé par les spectateurs brésiliens qui lui reprochent d'avoir opté pour la sélection espagnole plutôt que pour l'équipe auriverde, Diego Costa n'a rien fait pour améliorer sa côte de popularité. Hué sur chaque ballon touché, le probable futur attaquant de Chelsea se laissait grossièrement tomber dans la surface néerlandaise à la 26e minute. A vitesse réelle la faute du défenseur semblait pourtant évidente mais la vidéo était impitoyable en révélant la simulation de Costa. Après les premières polémiques nées du pénalty accordé au Brésil en match d'ouverture puis les deux buts refusés au Mexique plus tôt ce vendredi, l'arbitrage va encore se retrouver au centre des débats dans les prochaines heures... Xabi Alonso, lui, ne s'embarrassait pas de telles considérations et transformait la sentence (1-0, 26e).
Bien aidée par ce coup de pouce, l'Espagne paraissait maîtriser son destin et son sujet, la circulation était fluide et il fallait un pêché de gourmandise de David Silva, qui tentait une balle piquée sur un caviar d'Iniesta, pour que la Roja ne fasse le break juste avant la pause (43e). Contre toute attente, c'était pourtant les Bataves qui parvenaient à égaliser sur une action absolument pas construite mais terriblement efficace. Depuis la ligne de touche côté gauche, Blind adressait un ballon téléguidé pour la tête plongeante et lobée de Robin van Persie, l'homme qui ne sait pas marquer des buts moches (1-1, 44e). Ce coup de tonnerre n'était pourtant qu'un petit éclair par rapport à la tempête qui allait s'abattre sur l'Espagne dès la reprise. La pluie, qui s'invitait, sonnait comme les prémices d'une apocalypse.
Le chemin de croix de "San Iker"
Arjen Robben, tellement critiqué pour avoir manqué un face à face crucial face à Casillas lors de la finale de 2010, prenait un début de revanche en se jouant d'un Piqué "piquet" puis en trompant en force son tourmenteur du Real (1-2, 53e). Dans la foulée, alors que l'Espagne commençait déjà à perdre pied, Van Persie expédiait une volée d'anthologie sur la barre (60e) mais c'était bien "San Iker", si décisif par le passé, qui allait précipiter la chute de la maison d'Espagne en se trouant sur une sortie aérienne anodine. A l'affût, De Vrij en profitait pour faire le break (1-3, 65e).
Et le calvaire du portier espagnol n'était pas terminé... Un contrôle du pied complètement raté offrait le 4e but à "RVP", son 2e personnel (1-4, 72e) puis Robben, encore lui, grillait à la course et en technique toute une défense aux abois pour clore le festival orange (1-5, 80e). A la limite, c'était trop gros pour être vrai. Les champions du monde ne pouvaient pas être aussi faibles défensivement et les Pays-Bas aussi forts individuellement. Et pourtant... La "Roja" pourra toutefois se consoler en se rappelant qu'elle avait déjà perdu son match d'ouverture en 2010 (face à la Suisse) avant d'être sacrée. Se consoler, oui peut-être, se rassurer sûrement pas.
Déclarations :
Andrés Iniesta (milieu de terrain espagnol): "Nous sommes touchés. Il n'y a pas grand chose à dire après un résultat comme celui-là. Quand on mène, c'est plus facile de jouer. Nous avons été à leur remorque. Nous n'avons pas su réagir. Nous devons oublier tout ça. Je sais que personne ne s'attendait à ça mais ce sont des choses qui arrivent dans un Mondial. Nous sommes prêts à entendre les critiques. Nous avons essayé de faire notre travail mais rien n'a marché en seconde période. Ce sont des moments difficiles mais il nous reste deux matches, on ne jette pas l'éponge."
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