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Liga : l'Atlético de Madrid sacré champion, la revanche des Matelassiers

Sept ans après son dernier titre, l'Atlético de Madrid remporte la 11e Liga de son histoire. Un sacre au goût bien particulier pour les Colchoneros.

Article rédigé par Loris Belin, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les milieux de terrain de l'Atlético de Madrid Marcos Llorente et Koke durant le match de Liga Atlético - Real Valladolid le 5 décembre 2020. (PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP)

On les disait en bout de course. Usés, incapables de se réinventer et de tenir la comparaison face aux monstres Real et Barça. Simplement dépassés. Les joueurs de l'Atlético de Madrid sont pourtant bien champions d'Espagne 2021. Ce couronnement au terme de la 38e journée n'est pas la conclusion la plus surprenante qu'ait pu offrir l'histoire du football, même récente. Il n'en reste pas moins un sacre ô combien spécial pour les Colchoneros de Diego Simeone, à plus d'un titre.

Non, le "Cholismo" n'est pas mort

Dans une ère où les Lewandowski, Mbappé et compagnie affolent les compteurs, l'art de la défense de fer n'est pas encore tombé aux oubliettes. Depuis son arrivée sur le banc de l'Atlético il y a dix ans, Diego Simeone a dicté un style bien à lui, fait de rigueur et de culture de l'effort au service de la protection de son but. Année après année, le technicien argentin s'est évertué à perpétuer cette patte reconnaissable entre mille, tantôt saluée, parfois sévèrement critiquée pour son manque de spectacle.

En restant droit dans ses bottes, Simeone a forgé le retour au premier plan de l'Atlético de Madrid. Le départ de nombreux cadres (Griezmann, Godin, Rodri, Lucas Hernandez…) en 2019 avait fait craindre une fin de cycle qui aurait été compréhensible. Mais l'entraîneur madrilène n'a jamais flanché, imposant à ses recrues la culture de l'équipe pour la porter au plus haut.

Quand certaines formations se cherchent une identité, l'Atlético la martèle vaille que vaille. Même la saison de transition vécue en 2019-2020 n'a pas fait sacrifier au Cholo son ADN sur l'autel de la recherche du résultat à tout prix. Et pendant que le voisin Real et le Barça connaissent le doute de l'après, à la recherche de leur gloire récente, les Rojiblancos se sont ajustés dans le même moule qui a fait leur succès lors de la dernière décennie. Comme quoi, la tradition a encore du bon dans le foot de 2021.

L'entraîneur argentin de l'Atletico Madrid, Diego Simeone, lors d'un match de Ligue des champions contre Astana, le 3 novembre 2015 au Kazakhstan.  (ALEXEY FILIPPOV / AP / SIPA)

Le genre de losers qui ne refont que gagner

Même dans sa période faste, l'Atlético de Madrid n'avait jamais su se détacher  de son image de perdant magnifique, d'équipe tutoyant les sommets mais ne les atteignant que trop rarement. Vice-champion d'Espagne en 2018 et 2019, troisième en 2013, 2015, 2016, 2017 et 2020, finaliste de la Ligue des champions 2014 et 2016... Les places d'honneur, les Colchoneros ne les connaissent que trop bien. Leur président historique Vincente Calderon ne les qualifiait pas de Pupas – les Maudits – pour rien. Évoluer dans la même division que les mastodontes Real Madrid et FC Barcelone ne laisse que peu d'occasions de mettre la main sur des trophées.

Dans un exercice pendant lequel les deux plus grands ennemis du Royaume d'Espagne ont régulièrement toussoté, la tâche n'a pourtant pas été facile pour l'Atlético. La cohésion entre des cadres toujours en pleine forme (Koke, Saul, Oblak, Carrasco...) et des recrues enfin pleinement adaptées (Lemar, Trippier) a tourné à plein régime durant les premiers mois de la Liga avant de s'essouffler au printemps. L'avance engrangée et quelques résultats cruciaux dans les dernières journées quand les nerfs comptent autant que les jambes ont suffi à faire la différence. La conclusion logique à un beau chapitre.

Les populaires matelassiers contre les clinquants rivaux

Dans un football espagnol cantonné à la dichotomie Real-Barça, voir l'Atlético de Madrid au sommet de la Liga vient briser plus qu'une hégémonie sportive. Qu'on ne se trompe pas, l'Atlético et son stade flambant neuf font bien partie des nouveaux riches du football européen. Mais il n'en garde pas moins un ancrage populaire fort, symbolisé par le surnom de Colchoneros, les Matelassiers. On dit que les couleurs rouge et blanche du club venaient des tissus de revêtements des matelas utilisés dans les usines madrilènes au début du XXe siècle, un bon moyen de se fournir en maillots à bas coût. Loin de l'image bling-bling des Galactiques Madrilènes ou de la machine commerciale qu'est le FC Barcelone. Quand la Super Ligue tant pointée du doigt vient notamment de l'esprit du président du Real Florentino Pérez, l'effectif et le staff de l'Atlético applaudissaient des deux mains face au retrait de leur club de ce projet.

Malgré le foot business, le fossé reste encore profond. Pied de nez total, l'Atlético de Madrid a notamment été porté cette saison par des anciens adversaires intimes. Excellent dans le cœur du jeu, le milieu de terrain Marcos Llorente a été formé au Real qui ne lui a jamais donné sa chance avant de s'en séparer. En pointe, Luis Suarez a longtemps fait les beaux jours du FC Barcelone qui l'a cru trop vieux pour être encore nécessaire lors de la dernière intersaison. Les deux hommes ont cumulé en Liga cette saison 33 buts (et 14 passes décisives), sur les 67 de leur équipe. Mésestimés, les Colchoneros sont maintenant vengés.

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