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Real Madrid - Athletic Club : le "Vieux Clasico" tombé aux oubliettes

Le Real Madrid affronte l’Athletic Club ce jeudi, dans le cadre des demi-finales de la Supercoupe d’Espagne. Cette rencontre, surnommée le "Vieux Clasico", est chargée d’histoire, mais n’a plus les mêmes enjeux qu’auparavant.
Article rédigé par Coralie Salle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Real Madrid - Athletic Club : un duel historique (OSCAR DEL POZO / AFP)

"Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître", chantait Charles Aznavour, dans le titre à succès, "La Bohème". Ces paroles incarnent parfaitement la rivalité entre le Real Madrid et l’Athletic Club. Peu connu hors d'Espagne, ce Clasico était, jusqu’en 2011, la rencontre la plus jouée dans le pays de Cervantes, avant d’être dépassée par le fameux FC Barcelone - Real Madrid.

Avec huit championnats et 23 coupes d’Espagne, les Leones ont l’un des palmarès les plus riches du pays. Un mastodonte espagnol, qui n’a plus les mêmes ambitions aujourd’hui. Et forcément, son duel avec le club de la capitale espagnole en pâtit. "Je n’ai pas ressenti en tant qu’entraîneur cette tension entre les deux clubs. L’objectif de Bilbao est de rester dans l’élite, car c’est le seul club espagnol, avec le Real Madrid et le FC Barcelone, à n’avoir jamais été relégué en deuxième division", raconte Luis Fernandez, entraîneur de l'équipe basque entre 1996 à 2000.

Deux visions très différentes

L'importance de ce choc entre les deux clubs s’est donc dégradée à partir du moment où leurs ambitions n’étaient plus les mêmes. En effet, l’un se bat pour gagner la Liga et des titres européens. L’autre est toujours dans le haut du classement, mais son objectif premier est de ne pas descendre. L’un fait des folies sur le marché des transferts et recrute des joueurs de tous horizons. L’autre privilégie la formation et l’achat de joueurs basques, ou qui ont des parents de la région.

Une différence idéologique, qui conduit cette rencontre à devenir un musée archéologique, plutôt qu’un choc titanesque. "Cette rivalité s’est grandement estompée avec le temps. À l’heure actuelle, le Real Madrid est en concurrence avec l’Atletico de Madrid et le FC Barcelone. L’Athletic reste un rival important, mais ce n’est plus comme avant", explique Andrés Onrubio Ramos, journaliste pour le journal AS. "Ce match est plus important pour l’Athletic que pour le club madrilène. Car ce dernier ne voit pas l’équipe basque comme un adversaire pour aller chercher le titre". Le dernier sacre de Bilbao en Liga remonte à la saison 1983-1984. 

Une rivalité "bien moins politisée" aujourd'hui

Pendant longtemps, ce duel entre les deux clubs n’avait pas lieu que dans les travées de San Mamés ou du Santiago Bernabéu. Cette rivalité se déroulait aussi sur le terrain politique. L’Athletic Club était l'étendard du pays basque et menait une politique identitaire forte. Forcément, une forte concurrence s'est créée avec le Real Madrid, puisque l’opposition idéologique était immense. Les Merengues représentaient, aussi, la capitale espagnole. 

Une anecdote symbolise ce duel. En 1958, le Real Madrid, tout récent vainqueur de la Coupe des clubs champions, affronte l’Athletic Club en finale de la Copa del Generalisimo. Une rencontre, que Franco désire voir au Santiago Bernabéu, malgré les contestations des Basques. La légende du club, Piru Gainza va alors provoquer les Merengues avant la rencontre, comme le raconte el Pais : "Jouer au Bernabéu nous donnera une force morale qui peut faire pencher la balance en notre faveur. Quoi de mieux que de gagner à Madrid face à ceux qui ne veulent pas sortir de Madrid ?" Finalement, l’attaquant des Leones va avoir raison, puisque l’Athletic va gagner la rencontre 2 à 0, sous les yeux du dictateur.

Mais cette tension politique n'existe plus aujourd'hui. "A une époque, les matches entre le Real Madrid et l’Athletic Club étaient assez tendus. C’était une rencontre importante pour les supporters, car il y avait d’un côté, le Real Madrid, ‘’club de l’État espagnol’’ et Bilbao, symbole du Pays basque. Aujourd’hui, cette rencontre n’a plus la même saveur. Elle est bien moins politisée et la rivalité se joue uniquement sur le terrain", note Luis Fernandez

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