Real Madrid : les murs porteurs de la Maison Blanche
Parfois largué au classement, pas toujours flamboyant dans le jeu, ni inspiré dans son recrutement (Eden Hazard n'a quasiment pas joué), le Real Madrid ne semblait pas désigné pour remporter la Liga 2020, loin de là. Et pourtant. A la force du caractère, les Castillans ont renversé la situation. Irrésistibles depuis la reprise du championnat après la crise du coronavirus, ils ont également profité de l'effondrement du Barça, empêtré dans ses crises internes et prisonnier d'un jeu devenu obsolète après avoir été si novateur. Et si, comme l'on dit souvent dans ces cas-là, il s'agit avant tout de la victoire du collectif, l'histoire réclame des héros. Les voici.
Zinédine Zidane
Il n'est pas perçu comme le plus sophistiqué des tacticiens. Ses concepts ne seront jamais aussi révolutionnaires que ceux d'un Rinus Michels, d'un Arrigo Sacchi, d'un Johan Cruyff ou d'un Pep Guardiola. Mais, en meneur d'hommes, en bâtisseur de groupe, en connaisseur du terrain et de la psychologie des joueurs, Zinédine Zidane n'a que très peu d'équivalents. Revenu au Real en mars 2019, le Français a d'abord tâtonné, essuyé ses premières critiques, perdu son immunité avant de, progressivement, reconquérir le vestiaire et les socios. Hormis Gareth Bale, il a réussi à garder l'ensemble de l'effectif impliqué, distillant du temps de jeu à ceux qui s'estimaient lésés (James, Isco), il a également su moduler ses compositions avec pragmatisme et enfin, et ce n'est pas le moindre de ses mérites, il est parvenu à gérer l'après Cristiano Ronaldo. Bref "ZZ" est toujours ce caméléon génial, capable de s'adapter à n'importe quelle situation.
Grégory Dupont
C'est l'une des grandes réussites de Zidane. L'entraîneur du Real a réussi un coup de maître en s'assurant les services du préparateur physique de l'équipe de France championne du monde 2018. Débarqué cet été, Dupont a lui aussi subi le feu des critiques en raison de l'hécatombe de blessures qui ont affaibli le Real en début d'exercice mais depuis, tout le monde loue les qualités du successeur du légendaire Antonio Pintus. Que l'on ne s'y trompe pas, si le Real a fini en trombe cette 2e partie de saison, c'est aussi grâce au travail en amont de Grégory Dupont.
Thibaut Courtois
Le gardien belge a mis du temps mais il est enfin devenu celui qu'il était supposé être depuis son arrivée dans la capitale espagnole : l'un des meilleurs gardiens du monde. Un statut que Courtois avait égaré lors de sa première saison à Madrid. La presse ibérique, jamais tendre, l'avait même surnommé "Eurotunnel" pour ne pas savoir fermer, selon elle, ses grands compas. Depuis cette saison, en revanche, il n'y a plus personne pour railler Courtois, redevenu "le mur belge". Ce dernier a retrouvé toute sa confiance en même temps qu'il déploie à nouveau son immense envergure. Avec 18 clean sheets, il n'est qu'à une longueur du légendaire Paco Buyo, gardien du grand Real des années 80.
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Sergio Ramos
Il est de tous les combats. Capitaine du Real, il est beaucoup plus que ça : son âme. Le mot n'est pas galvaudé tant Sergio Ramos symbolise, plus que tout autre, le club merengue. Mais il serait réducteur de ramener le défenseur à un rôle, pourtant primordial, de meneur d'hommes. L'ex-Sévillan est aussi un vrai leader technique sur le terrain. Repositionné défenseur central par José Mourinho lors de l'arrivée du technicien portugais au Real, Ramos n'a cessé d'étoffer son registre. Toujours aussi efficace et intimidant dans ses interventions défensives, il confirme saison après saison être un buteur souvent décisif, et en tout cas toujours régulier. L'Espagnol a déjà en effet inscrit 98 buts sous le maillot blanc. Et il n'a pas raté un seul des 20 penalties qu'il a tirés...
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Luka Modric
Lui aussi semble avoir bénéficié au mieux de la pause forcée due à la pandémie de Covid-19. Le milieu de terrain croate est revenu transfiguré de ce break. A 34 ans, il avait sûrement besoin de souffler un peu pour repartir de l'avant. Car, depuis sa fantastique saison 2018, couronnée par une Ligue des Champions, une place de finaliste de la Coupe du monde et un Ballon d'Or, le métronome ne tournait plus vraiment rond. Moins décisif, moins aérien, Modric avait même perdu sa place au profit du jeune Valverde. Mais depuis la reprise, Santiago Bernabeu a retrouvé son milieu de terrain fétiche. Et c'est tout le jeu du Real qui s'en est retrouvé fluidifié.
Karim Benzema
Le lieutenant a pris du galon. Dans l'ombre de Cristiano Ronaldo le temps de leur association à la pointe de l'attaque madrilène, Benzema a su saisir sa chance quand l'heure a été venue de se muer en véritable killer des surfaces. Cet instinct, le Français l'a toujours eu mais il s'était un peu émoussé au contact du Portugais, aspirateur de tous les mouvements offensifs du Real. Cette saison, libéré du poids de CR7, Benzema a fait parler sa science du jeu et il a, à de très nombreuses reprises, sorti le Real de l'ornière. Avec 21 buts le Français ne pointe qu'à deux longueurs de la référence Messi. Et surtout, il semble se bonifier avec l'âge. A 32 ans, et au crépuscule de sa 11e saison dans la capitale espagnole, il n'a jamais semblé aussi fort.
Les révélations Valverde et Mendy
Ils sont les bonus indiscutables de cette formation madrilène, ceux qui, à un moment ou à un autre, ont fait pencher la balance en faveur du tout frais champion d'Espagne. L'Uruguayen Federico Valverde a plutôt été l'homme du début de saison. Propulsé sur le devant de la scène suite au transfert avorté de Pogba, de la blessure de Kroos et de la méforme de Modric, le jeune milieu de terrain a su saisir sa chance en apportant l'équilibre qu'il manquait à l'entre-jeu madrilène. S'il a légèrement baissé de pied depuis le "restart", Valverde demeure l'une des grandes satisfactions de la saison. Tout comme Ferland Mendy qui, lui, a plutôt attendu la seconde partie de championnat pour totalement s'affirmer. Placé en concurrence avec la légende Marcelo, celui qui était l'une des priorités de recrutement de Zidane a fini par éclipser le Brésilien. Beaucoup plus appliqué que le fantasque latéral dans son repli défensif, l'ex-Lyonnais a rejoint, au détour d'un but somptueux contre Grenade, les plus grands noms français qui ont fait la légende du Real.
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