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A 29 ans, l'ancien amateur Florian Sotoca va découvrir la Ligue 1 avec Lens

Mieux vaut tard que jamais. Encore amateur il y a cinq ans, Florian Sotoca est sur le point de découvrir la Ligue 1 à 29 ans. Homme clé de la montée du RC Lens, l’attaquant savoure cette réussite après des années de galère, alors qu’il avait fait une croix sur ses rêves de L1. D’autant que Florian Sotoca n’est jamais passé par un centre de formation, et n’est devenu professionnel qu’à 24 ans. Portrait d’un homme pas tellement pressé, mais aujourd’hui impatient de découvrir la Ligue 1. 
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
 

Lundi 9 mars 2020, la France du football assiste à son dernier match avant un long moment, face à la progression du Covid-19 : une affiche de Ligue 2 entre le RC Lens et Orléans, dans un stade Bollaert vidé de son peuple Sang & Or, à huis clos. Dans un silence pesant, les Lensois obtiennent un penalty en début de seconde période. Le tireur s’élance et transforme sans trembler : 1-0. Sur le bord de la pelouse, le speaker du RCL laisse éclater sa joie, et annonce le but en hurlant dans son micro comme si le stade était plein à craquer . Personne ne lui répond, et la scène cartonne immédiatement sur internet. Ce soir-là, le nom du joueur scandé par le speaker dans un stade vide, c’est celui de Florian Sotoca, l’homme qui, sans le savoir, vient d’envoyer Lens en Ligue 1.

De la sixième division à la Ligue 1

"A l’époque on ne savait pas que ce but allait être aussi important”, relativise aujourd’hui l’attaquant lensois, également auteur d’un doublé une semaine plus tôt sur la pelouse du Paris FC (0-2). "Ces deux victoires nous ont fait du bien, on sortait d’un moment compliqué. C’est vrai que ce pénalty quand on y pense, c’était un peu le pénalty de la montée. Je suis très fier d’avoir participé à cela, mais c’est vraiment une victoire du groupe et la montée d’un groupe. Tout le monde a su apporter sa pierre à l’édifice", tient à rappeler Florian Sotoca qui, avec huit buts et quatre passes décisives en Ligue 2 la saison passée, est bien l’un des principaux artisans de la montée du club en Ligue 1. Pourtant, à 29 ans, l’attaquant lensois reste relativement méconnu. Et pour cause : il ne s’agissait que de sa troisième vraie saison professionnelle.

"J’ai travaillé dans la vie active, je sais que ce n’est pas facile tous les jours"

Avant de goûter aux joies de la Ligue 1 dès la fin août, Florian Sotoca a longtemps fait ses armes dans le monde amateur. Natif de Narbonne, il y a joué jusque ses 22 ans, sans passer par un centre de formation : "Je jouais en DH ou National 3 selon les saisons, et  j’ai eu deux grosses blessures : une fracture du bras et les croisés", raconte aujourd'hui le buteur. En parallèle, il travaille alors dans le magasin de chaussures de son oncle. "J’ai travaillé dans la vie active, je sais que ce n’est pas facile tous les jours". En 2013, l’imposant attaquant d’un mètre quatre-vingt-six quitte pour la première fois Narbonne, pour rejoindre Martigues en N3 : "Ça s’est moyennement passé. Après cette année-là, je signe à Béziers, pas loin de chez moi. J’ai fait 6 mois, et là ça s’est super bien passé". A tel point que le Montpellier de Rolland Courbis lui accorde un essai.

"Même si je jouais peu, je venais d’un groupe pro de Ligue 1, et me retrouver de nouveau en CFA dans un championnat amateur ce n’était pas un choix facile"

"Avec le coach Courbis, ça a de suite marché. Il m’a intégré au groupe pro, j’ai signé mon premier contrat pro à 24 ans au MHSC. C’était une super expérience", assure aujourd’hui Sotoca, même s’il a peu joué à Montpellier : "J’ai fait une entrée en Ligue 1, 2-3 matches de Coupe de la Ligue, et une vingtaine d’apparitions dans le groupe. Mais pour moi qui venait du monde amateur, c’était incroyable, surtout avec Montpellier, le club de ma région". Pourtant, après un an et demi à la Paillade, où Courbis le voit plus comme un latéral droit qu’un attaquant, Sotoca quitte le MHSC en fin de contrat. Il opte pour Grenoble, alors en National 2, malgré les sollicitations de clubs professionnels de Ligue 2 et National. "Même si je jouais peu, je venais d’un groupe pro de Ligue 1, et me retrouver de nouveau en CFA dans un championnat amateur ce n’était pas un choix facile". Pas facile, mais payant.

A Grenoble, l'ascension vers les sommets

Dans l’Isère, Sotoca va vivre trois saisons fantastiques dont il sera à chaque fois un acteur majeur : "On fait deux montées consécutives de N2 à la Ligue 2, et on finit 9e en L2 pour notre première saison. C’était incroyable". Auteur de douze buts cette saison-là avec le GF38, le buteur grenoblois tape alors dans l’œil du RC Lens. En novembre dernier, son ex-entraîneur au GF38, Olivier Guégan, se montrait plus qu’élogieux dans La Voix du Nord : "C’était le premier que je mettais dans l’équipe. Il peut jouer sur un côté, mais il optimise son potentiel dans l’axe, car il rend les autres meilleurs. Pour moi, dans son profil, c’est quasiment le meilleur en Ligue 2"

A Lens, Florian Sotoca a su s’imposer dès sa première saison dans un effectif beaucoup plus dense. "Passer de Grenoble à Lens, j’avais un peu d’appréhension", reconnaît-il, "Mais ça s’est super bien passé. Et ça se rapproche beaucoup au niveau des mentalités. J’ai signé pour 4 ans, il m’en reste encore 3. Je me sens très bien ici, ma famille aussi : il n’y a aucune raison d’aller voir ailleurs". Cela tombe bien : à Lens, personne n’a envie de le voir partir. Et pour cause, Florian Sotoca est l’archétype du joueur qui plaît aux supporters Sang & Or : "Le public est avec moi parce que je donne tout à tous les matches, même s’il me manque un peu d’efficacité des fois", analyse celui qui se définit comme "Un attaquant généreux qui ne rechigne pas à faire les efforts".

"C’était un rêve qui commençait à être lointain quand à 22 ans je jouais encore en DH. (...) Il y a dix ans, vous m’auriez dit que j’en serais là aujourd’hui, je ne vous aurais pas cru"

Cette générosité, Florian Sotoca la puise dans son parcours atypique, lui qui a cru, à un moment, ne jamais jouer en Ligue 1. "C’était un rêve qui commençait à être lointain quand à 22 ans je jouais encore en DH. Je n’y pensais pas plus que ça, et puis le travail m’a amené ici… Je sais la chance que j’ai d’être là, de faire partir d’un tel club. Il y a dix ans, vous m’auriez dit que j’en serais là aujourd’hui, je ne vous aurais pas cru", savoure celui qui a été élu meilleur joueur de Ligue 2 en décembre. A 29 ans et pour sa deuxième saison à Lens, Florian Sotoca est désormais impatient de goûter à cette Ligue 1 qui lui a longtemps paru inaccessible. "Et pas avec n’importe quel club", salive-t-il d’avance, "Avec le RC Lens et le retour de la L1 à Bollaert : ça va être magnifique".

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