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Beckham, l'opération séduction

Evènement surprise du jour, la conférence de presse de David Beckham s'est muée en véritable opération séduction pour la dernière recrue du PSG qui a parfaitement tenu son rôle. De l'attente, des supporters heureux et des bons sentiments, le cocktail était parfait.
Article rédigé par franceinfo
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Ce fut le secret le mieux gardé de ce mercato hivernal. L’arrivée de David Beckham au PSG s’est apparentée à un raz-de-marée sur le Parc des Princes, jeudi après-midi. En quelques heures, les supporters parisiens de tous âges, les journalistes français, anglais, mais aussi asiatiques, ont rallié les abords du stade pour apercevoir l’idole marketo-médiatico-footballistique. Des ados dont on ne sait pas vraiment s’ils étaient venus voir le joueur ou le mannequin des publicités, des jeunes et des moins jeunes qui guettaient l'arrivée de la voiture "royale".

Interrogés sur le transfert du jour, les plus fervents supporters jouaient les schizophrènes : "Il est tout vieux" annoncent les mêmes qui avouent être "venus voir Beckham parce que c'est une star". Certes, le Spice Boy n'a plus son coup de pied magique d'antan, mais la simple magie de sa présence a suffi à faire du XVIe arrondissement de Paris le centre du monde footballistique en ce dernier jour des transferts.

40 minutes d'attente

Depuis l'arrivée de Zlatan Ibrahimovic, aucun transfert parisien n'avait suscité une telle effervescence. Et il fallait que tout soit parfait, surtout après l'échec de la première tentative 12 mois plus tôt. La nouvelle a donc fuité avec modération avant d'être confirmée par la tenue d’une conférence de presse.

Tout s'est finalement déroulé très vite. Le temps que les journalistes britanniques sautent dans l’Eurostar et que le Parc des Princes soit pris d'assaut, surveillé de loin par plusieurs unités de CRS tel un soir de match. Beckham confirmera lui aussi la rapidité du dossier. A 1h du matin, il était en train de discuter d'un éventuel transfert. A 11h, il signait son contrat dans l'avion. A 17h, il était présenté à la presse… Enfin plutôt 17h40. Car comme toute star qui se respecte, Becks a fait poireauter son monde. Une salle de presse en ébullition et pleine à craquer dès 16h, où une trentaine de caméras tentaient de trouver le meilleur angle pour cadrer l'icône qu'autant d'appareils photo voulaient immortaliser. Si les premiers s'ordonnaient dans le calme, on était tout près de la foire d'empoigne pour les seconds avant même que Beckham n'ait mis un pied dans la salle.

Le sans-faute de l'image

Et l’idole apparut. Enfin, officiellement, la dernière recrue du PSG. Beckham a pris place à la gauche de Nasser Al-Khelaifi tandis que Leonardo s’asseyait à droite du tout-puissant patron. Ces deux derniers ont rapidement compris le manège qui s’organisait sous leurs yeux et ont laissé leur nouvelle star diriger le show rythmé par les flashes des appareils photo pour la lumière et les injonctions des cameramen demandant aux photographes de ne pas se lever pour le son. Ils ont ainsi esquivé toutes les questions – notamment celle concernant l’affaire du Mondial 2022 au Qatar -, arguant que c'était "sa conférence de presse. Tout se passe tellement bien".

Et Beckham a parfaitement réussi son entrée sur la scène parisienne. Costume impeccable, mèche bien en place, sourire aux lèvres et regard ténébreux pour les photos, il a débuté sa nouvelle vie par un sans-faute, avec le "bonjour" dans le texte qui a d'entrée conquis une bonne partie de l'auditoire pourtant loin d'être féminin. Beckham n'a peut-être pas le talent d'un Ibrahimovic, d'un Thiago Silva ou d'un Lucas Moura, mais, durant 45 minutes, il a fait parler son expérience de la communication. Déclaration d'amour à ses nouvelles couleurs, de l'humilité et de la joie d'être là ("je suis honoré, excité, heureux..."), traits d'humour, hommage à Ibra et ses néo-coéquipiers, et même un message aux supporters en leur rappelant qu'il avait déjà marqué contre l'OM et qu'il le referait avec plaisir. Que demande de plus le peuple parisien ! Le récital est parfait et le public rit avec lui lorsque le traducteur s'emmêle les pinceaux retraduisant ses déclarations en anglais ou quand on lui annonce qu'il sera "le papi de la Ligue 1".

Beckham, le bon samaritain

A 37 ans, Beckham dit venir pour le challenge, le projet et l'avenir. Mais personne n'est dupe. Ce n'est pas pour son apport footballistique que le désormais numéro 32 du PSG a été appelé. Dans le langage de Leonardo et du président Al-Khelaifi, on appelle cela "l'expérience du haut niveau à apporter au groupe". Dans les faits, cela sert à remplir le tiroir-caisse avec un maillot floqué annoncé à plus de 100 euros.

Le PSG s'est offert un produit marketing et la victime semble consentante. Elle en a donné pour leur argent et leur papier aux journalistes présents. Toujours avec le sourire. Et pour parfaire l'image idyllique et l'opération séduction, le milieu de terrain a annoncé qu'il ferait don de ses cinq mois de salaire (non communiqué) à des œuvres de charité pour enfants quand Ibra avait fait sensation avec son contrat à 14M d'euros annuel. Le cœur sur la main avec les plus jeunes, l'Anglais a aussi joué les gentlemen en demandant à prolonger la conférence pour deux journalistes qui n'avaient pas réussi à poser leur question. La presse est unanime : l'examen médiatique est réussi. Il ne reste plus qu'à passer celui du terrain pour ne pas oublier que c'est (normalement) un footballeur qu'a recruté le PSG.

Vidéo : Beckham explique son choix du PSG

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Vidéo : le numéro 32

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