Cinq questions sur Cavani
Vaut-il ces 64 millions d’euros ?
Cristiano Ronaldo (93 millions d’euros), Zinédine Zidane (75 millions d’euros), Kaka (67 millions d’euros) et Edinson Cavani. Avec ses 64 millions d’euros, l’Uruguayen est le 4e plus gros transfert de l’histoire. Il dépasse Luis Figo (61) et Falcao (60). Le plus gros transfert de la Ligue 1 vaut-il une somme que le Real Madrid et Chelsea n’ont pas mise ? Une chose est sûre, le PSG s’est attaché les services d’un attaquant courtisé par les plus grands d’Europe et qui, en six ans, est devenu une valeur sûre de Série A, au point d’en finir meilleur buteur la saison dernière (29 réalisations) – après avoir dépassé la vingtaine lors de ses deux premières saisons à Naples (26 en 2011, 23 en 2012) –. Débarqué sur la pointe des pieds à Palerme, il a explosé dans l’ancien club de Diego Maradona, où il a acquis une aura quasiment comparable au "Pibe de Oro" depuis son arrivée à l’été 2010.
S’il n’a gagné qu’une Coupe d’Italie avec Naples (2012), il a brillé individuellement sur tous les terrains. Dans la Botte (141 buts en 254 matches) et en Europe (19 buts en 27 matches). Comparé à l’autre super-recrue de la Ligue 1, Falcao qui a rejoint Monaco, il souffre d’un léger déficit de médiatisation du à un palmarès moins fourni et une Série A qui a perdu de sa superbe. Par exemple, le Colombien a fini 5e au classement Ballon d’Or 2012 quand l’Uruguayen n’était même pas dans les 23 joueurs retenus. Mais le PSG n’a pas hésité et avec cette somme, le club parisien retrouve la lumière que l’AS Monaco avait braqué sur lui depuis le début de ce mercato.
Peut-il s’entendre avec Ibra ?
C’est l’autre grande question qui anime les débats depuis que l’on sait que Cavani va rejoindre la capitale française. Ibra et "el matador", est-ce un "fuoriclasse" en trop ? A Naples, Cavani était le dernier étage de la fusée, celui qui profitait des caviars de Marek Hamsik et de Lorenzo Insigne. Zlatan au PSG, ce sont 35 buts toutes compétitions confondues et une omnipotence sur tout le front de l’attaque. Celui qui aimante les ballons. Pourtant, les deux hommes pourraient plus se compléter que se marcher sur les pieds. "Ibra est un calculateur et Cavani un travailleur. Ce sera un très bon complément d’Ibra", éclaire Pablo Correa, l’ex-entraîneur de Nancy ce mardi dans L’Equipe. De plus, "el matador" est capable de s’adapter. Il l’a prouvé en avec l’équipe d’Uruguay où il a du se faire une place entre Luis Suarez et Diego Forlan. Cavani est un "pur 9", moderne certes, technique et rapide mais qui est surtout là pour conclure les actions, quand Zlatan aime aussi les initier, organisé le jeu de son équipe.
Sur le papier, le duo peut faire des étincelles et causer de nombreuses frayeurs aux défenses de Ligue 1 et d’Europe. Mais sa survie dépendra surtout de l’accueil du Suédois. S’il accepte de partager la lumière et de ne plus être l’unique solution numéro 1, le PSG peut voir loin. S’il refuse, il y en aurait un de trop et le casse-tête pourrait vite se révéler insoluble et intenable pour Laurent Blanc. Toutefois, l’entraîneur pourrait éviter de sacrées migraines si l’on en croit Aurélio de Laurentiis, le président du Napoli, qui a lâché une bombe en marge du transfert de l’Uruguayen : "Ibrahimovic ne jouera pas avec Cavani, il est déjà promis ailleurs", a-t-il assuré. Si le Real Madrid a refusé le Suédois, Manchester City s’est positionné et les départs conjugués de Leonardo et Ancelotti pourraient pousser Ibra à réfléchir.
Une intégration facilitée ?
Un grand joueur s’adapte partout. Cela prend parfois du temps, mais il y arrive. Cavani lui n’a pas l’habitude d’en perdre. Dès son premier match en Série A avec Palerme, il trouve le chemin des filets. Et dès son arrivée à Naples, il devient indispensable au coach Walter Mazzarri et inscrit 26 buts en Série A, un record pour un joueur de Naples (mieux qu’un certain Diego M.) – qu’il a battu cette saison avec 29 –. Son adaptation à un nouveau championnat et une nouvelle équipe n’est pas un motif d’inquiétudes. D’autant plus qu’à Paris, le joueur va retrouver une ossature de joueurs issus de Série A (merci Leonardo), notamment deux qu’il connaît très bien : Ezequiel Lavezzi et Javier Pastore. Le premier était l’un de ses pourvoyeurs officiels lors de ses deux premières saisons à Naples. Le second a contribué à son éclosion à Palerme. Selon Maurizio Zamparini, le président du club palermitain, l’arrivée de Cavani est une excellente nouvelle pour le PSG et Pastore avec qui Cavani "formaient un super duo". Les deux Argentins connaissent Cavani et devraient faciliter son intégration sur le terrain et dans un vestiaire où il retrouvera aussi son capitaine de la Celeste, Diego Lugano, même si celui-ci ne devrait pas faire de vieux os à Paris.
Qui est menacé par cette arrivée ?
Avec Cavani, le PSG compte une nouvelle star dans ses rangs. Et à moins de jouer avec 6 joueurs offensifs, tout le monde ne pourra pas être titulaire. La nouvelle recrue devrait avoir un ticket réservé, tout comme Zlatan Ibrahimovic, indispensable. Il ne reste que deux places dans le 4-4-2 que Laurent Blanc a commencé à mettre en place lors des deux premières sorties du PSG en amical en Autriche. Deux places pour cinq joueurs : Javier Pastore, Ezequiel Lavezzi, Lucas, Jérémy Ménez et Kévin Gameiro. Le cas du dernier est en passe d’être réglé puisqu’il se serait mis d’accord avec le FC Séville. En revanche, du côté de Jérémy Ménez, c’est l’attente.
Déjà menacé et poussé vers le banc depuis le transfert du jeune brésilien en janvier dernier, Ménez pourrait encore pâtir davantage de cette nouvelle arrivée. Mais Lucas et Pastore, des recrues de Doha toutes les deux, qui n’ont pas encore vraiment confirmé les espoirs placés en eux, également. A la recherche de nouveaux coups et recrues phares sur le marché des transferts, le PSG les entasse sans parfois laisser le temps aux premières de s’acclimater et de faire leur trou. Pour Laurent Blanc, le plus simple serait encore que Zlatan décide de claquer la porte. Une place se libérerait et on y verrait déjà plus clair.
Seul gros coup du mercato ?
Le transfert d’Edinson Cavani était dans les tuyaux depuis quelques semaines et mené par Leonardo, alors encore aux commandes du projet PSG, avec l’aide de ses réseaux en Italie. Mais ça c’était avant. Avant sa démission la semaine dernière. S’il restera en place jusqu’au 2 septembre, fin de la période des transferts, on ne sait pas encore si c’est le Brésilien qui mènera les futures négociations pour d’éventuelles nouvelles recrues. La position serait difficilement tenable ("crois et rejoins un projet duquel je me désolidarise"). Avec Cavani, le secteur offensif semble être au complet, même si en cas de départ de Zlatan - ça reste une rumeur – et de Gameiro – plus probable –, Blanc ne se retrouverait qu’avec un seul attaquant "de métier".
Non, si le PSG va encore recruter, il faut regarder plus bas sur le terrain. En défense, le nom du Brésilien de la Roma, Marquinhos revient avec insistance. La presse transalpine parle d’un transfert de 35 millions d’euros. Là encore Blanc se retrouverait avec une abondance de biens (avec Tiago Silva, Mamadou Sakho, Alex, et "Papus" Camara). A gauche, où Maxwell se retrouve bien seul depuis les départs d’Armand et de Tiéné, Lucas Digne (Lille) est espéré. Au milieu de terrain également le nom d’un autre joueur de la Roma, Daniele De Rossi, a surgi. Même si un nouveau "fuoriclasse" comme disent les Italiens ne devrait pas débarquer, à moins d’une énorme opportunité (Rooney, Ronaldo ?), avec l’arrivée de Cavani, le PSG a définitivement lancé son mercato. Et celui-ci ne fait que commencer.
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