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Coronavirus : la Ligue 1 a recours au chômage partiel pour faire des économies

Alors que la pandémie du covid-19 continue sa propagation en France et dans le monde, le championnat de football s'est arrêté il y a désormais deux semaines dans l'Hexagone sans date de reprise. Pour faire face aux pertes, les clubs ont donc décidé d'imposer un chômage partiel à ses salariés.
Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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  (FR?D?RIC SCHEIBER / HANS LUCAS)

Les stars du foot français sont au chômage technique ! Comme Marseille et Lyon, plusieurs clubs de Ligue 1 ont fait usage du dispositif d'activité partielle pour réaliser des "économies significatives" pendant l'arrêt du Championnat, un recours aux deniers publics contestable mais légal.

La Ligue 1 au chômage partiel

Face au ralentissement économique lié au coronavirus, le gouvernement a élargi le principe du chômage partiel à "tous les secteurs d'activité", avec une allocation plus généreuse. L'OM et l'OL s'y sont engouffrés, tout comme Nice, Reims ou Montpellier. Concrètement, le club indemnise ses joueurs, ses secrétaires, ses kinés ou encore ses jardiniers à 70% de leur rémunération brute (environ 84% en net). Puis l'État le rembourse, dans la limite de 4.850 euros par salarié, selon un décret dont la publication est attendue cette semaine.

Le gain direct est "significatif" concernant le personnel non-sportif, remarque Aymeric Hamon, avocat en droit social au cabinet Fidal. Mais beaucoup moins pour les stars du ballon rond, car "l'employeur ne se fera rembourser qu'une part marginale de leur salaire réel". De fait, l'indemnisation versée par l'Etat au club ne représente qu'une infime partie du salaire brut mensuel d'un joueur, estimé en moyenne à 212.000 euros par exemple à l'OM selon le journal sportif L'Equipe.

En Ligue 1, "il n'y a pas beaucoup de footballeurs qui gagnent 6.000 euros. Derrière, ce sont les clubs qui vont devoir payer. Et actuellement, ils n'ont plus de recettes", relevait dimanche Bernard Caïazzo, dirigeant de Saint-Etienne.

Un gain considérable pour les clubs

Pour autant, mettre les joueurs au chômage partiel permet d'alléger considérablement les finances des clubs, relèvent les spécialistes interrogés. En effet, l'allocation versée aux joueurs par le club "n'étant pas assimilée à du salaire, il va faire l'économie substantielle de toutes les charges sociales, salariales et patronales" (hormis la CSG et la CRDS) payées en temps normal, explique M. Hamon. Selon lui, certains pourraient même être tentés de compenser intégralement la rémunération des joueurs pour ne pas "s'aliéner" le vestiaire, leur plus précieux actif. La loi les y autorise.

"En mettant le club au chômage partiel et en maintenant le salaire de ses sportifs professionnels, l'employeur va gagner entre 20 et 30% en moyenne. C'est énorme sur la masse salariale d'un club", affirme l'avocat en droit social.

Un système qui ne fait pas l'unanimité

Le procédé révolte l'agent de joueurs Yvan Le Mée. "Ce n'est pas très, très joli ni logique que le football utilise de l'argent public pour financer une partie des salaires des joueurs", sachant qu'il y en a "besoin dans beaucoup d'autres domaines plus importants que celui-là", notamment le système de santé, actuellement sous forte pression.Du côté des joueurs, la baisse de salaire n'a donné lieu à aucune contestation apparente.

"Ce n'est pas le plus important. Certains font même des dons pour aider les malades. La rémunération n'est pas un sujet de discussion", balaie Grégory Lorenzi, directeur sportif de Brest. Même tonalité à l'UNFP, le syndicat des joueurs. "Personne ne s'y oppose apparemment, c'est une solution d'urgence", assure son président Philippe Piat. "Les joueurs sont dans un très bon état d'esprit, ils ont compris qu'un éventuel sinistre dans un club impacterait potentiellement tout le secteur". Lundi soir, la Ligue de football professionnel a annoncé qu'elle souhaitait que des discussions s'engagent "pour adopter une position commune sur le dialogue social entre les clubs et l'UNFP". Et tenter de trouver des solutions face à l'interruption des compétitions.

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