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Coronavirus : Luka Elsner veut "créer une dynamique" lors de la reprise pour éviter la relégation

Arrivé en début de saison sur le banc d'Amiens, Luka Elsner vit une première année en France mouvementée. Alors que son club pointait à la 19e place de la Ligue 1, le confinement a mis fin à une série noire pour les Picards, qui ne se sont plus imposés en championnat depuis le 2 novembre dernier. Pour l'entraîneur slovène au français parfait, cette période pourrait permettre à Amiens de relancer la machine lors de la reprise de la compétition.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (ROMAIN LAFABREGUE / AFP)

On a beaucoup parlé dernièrement du confinement des joueurs de football, mais comment se passe celui d'un entraîneur ? Comment vous occupez-vous ?
Luka Elsner :
"Généralement, ma journée commence par quelques devoirs avec ma fille. Ensuite, nous avons une séquence de travail pendant deux heures avec mon staff et mes dirigeants. Nous avons par exemple monté le projet d'observer des équipes européennes pour en retirer des éléments-clés. On doit également préparer toutes les séances et les travaux individuels des joueurs. Et dans l'après-midi, on se retrouve en visioconférence avec les joueurs, par petits groupes, pour faire des séances d'entraînement. Les journées sont donc bien remplies (rires)."

On dit souvent qu'être entraîneur, c'est un métier qui ne vous quitte pas, même à la maison. Est-ce que le confinement permet de se détacher un peu du monde du football ?
LE :
"Il y a une grande partie qui est plus facile à vivre : c'est tout le stress de préparation du match et du résultat qui est absent. C'est plus facile parce qu'on n'a plus la boule au ventre, mais il nous manque la partie adrénaline, celle du terrain. Et faire ce métier, c'est pour ces moments de passion. En tout cas, ça permet de passer beaucoup de temps en famille, ce qui ne m'a pas été permis depuis quelques années."

"Quand on redémarrera, il y aura un sentiment bizarre de retrouver tout le monde" 

Au-delà des séances physiques organisées avec les joueurs, maintenez-vous un contact individuel avec eux ?
LE :
"Tout à fait, on s'est réparti les tâches dans le staff, on appelle souvent nos joueurs pour faire un point avec eux, pour être à l'écoute des difficultés qu'ils ont pu rencontrer. On a très régulièrement des nouvelles et les séances d'entraînement en visioconférence permettent cela aussi. On essaie de garder ce lien social qui est très important. Quand on redémarrera, il y aura un sentiment bizarre de retrouver tout le monde. Donc on essaie de rester une équipe soudée jusqu'à la fin du confinement."

On voit que la Chine a du mal à reprendre la compétition car des joueurs étaient repartis chez eux à l'étranger et doivent revenir maintenant. Est-ce qu'à Amiens, certains joueurs étrangers sont repartis chez eux ?
LE :
"Non, tous les joueurs sont restés ici. Pour certains, ça a pu être difficile de ne pas rentrer au pays. Ils sont parfois seuls, loin de leur famille. C'est aussi pour cela qu'on essaie de garder ce lien social quotidien."

Arrivez-vous à avoir un œil sur la manière dont les joueurs se maintiennent en forme physique ?
LE :
"Aujourd'hui, ils sont tous au chômage partiel, donc on n'a pas d'obligation par rapport à eux. On fait un suivi quotidien régulier avec des nouveaux programmes, beaucoup de variété pour les intéresser. L'idée est de rester dans une forme physique acceptable voire de travailler sur certaines faiblesses, pour qu'ils soient le mieux possible à la reprise, pour éviter de se blesser. Parce que quand on va reprendre, on ne sait pas combien de temps nous sera laissé pour terminer de nous préparer avant d'enchaîner avec la fin de la saison. Il faudra donc être en état de reprendre rapidement. Une partie psychologique est également importante : un sportif de haut niveau a besoin d'une activité intense pour être stable, c'est pourquoi on essaie de les intéresser au quotidien."

"Nous lancer avec beaucoup de force dans les dix derniers matches"

Est-ce que le confinement permet également prospecter des joueurs pour le futur marché des transferts ?
EL :
"On avait déjà commencé à travailler avant le confinement sur des éventuels scénarios de recrutement. Sinon oui, on travaille là-dessus aussi dans la semaine. La limite de tout ça, c'est l'incertitude liée au prochain mercato. Combien de temps va-t-il durer ? Il y a les situations contractuelles, d'autres choses complexes qui font que c'est difficile de se projeter avec certitude sur des bons coups, parce que notre marché est surtout fait de bons coups."

Avant le confinement, Amiens pointait à la 19e place du classement de Ligue 1. Est-ce que cette période peut faire office de déclic pour le club et les joueurs sur la fin de saison ?
EL :
"Ça peut créer une dynamique avec une idée de nouveau championnat, on repartirait tous de zéro et les forces en présence ne seraient pas les mêmes. Ça pourrait donc représenter une opportunité pour nous d'améliorer notre position et de nous lancer avec beaucoup de force dans les dix derniers matches. On pourrait avoir un schéma mental différent et plus positif. Cette période, il faut donc l'exploiter dans notre préparation au moment où ça va repartir. Maintenant, on essaie aussi de ne pas trop regarder notre propre nombril et la position sportive. Il y a une vaste question de vie générale et de société et les joueurs de football se posent également cette question. Je pense que la leçon qui pourra ressortir de toute cette période, c'est qu'il faudra savoir mieux se protéger et mieux s'entraider avec une solidarité plus importante. Il faut pouvoir se mettre au service du bien collectif."

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