Droits TV de la Ligue 1 : "Le milliard d'euros est hors d'atteinte", selon un expert

Pas de lot vendu, ni d'accord trouvé. L'échec des enchères des droits TV de la Ligue 1 a marqué un tournant, mardi 17 octobre. Cette vente, organisée par la Ligue de football professionnel (LFP), n'a pas permis aux lots de trouver preneurs pour la période 2024-2029. Un échec "prévisible" et qui signe la fin du rêve du milliard d'euros, estime auprès de l'AFP Philippe Bailly, président de NPA Conseil, cabinet spécialisé en économie de l'audiovisuel.

Comment comprendre qu'aucun média n'ait souhaité débourser 530 millions d'euros par saison pour le premier lot ou 270 millions pour le deuxième ?

Philippe Bailly : Cet échec était prévisible, au moins sur le lot 1. A partir du moment où Canal + n'était pas là [après l'annonce en septembre de son refus de participer, NDLR], on ne voyait pas quel acteur y allait. Sur le lot 2, cela confirme ce qu'on pouvait pressentir pour Amazon Prime Vidéo, qui aurait payé plus cher (que son lot actuel de 250 millions d'euros) pour un portefeuille moins qualitatif.

Vincent Labrune, [président de la LFP, qui avait annoncé viser le milliard d'euros en cumulant les droits vers l'étranger, NDLR] s'est-il vu trop beau ? Il a fait le job : pour vendre sa voiture on ne dit pas que le pneu est crevé, on refait la peinture et on la dit en bon état. Mais le milliard est désormais hors d'atteinte... Je ne sais pas si Labrune y croyait.

Quels sont les scénarios possibles pour les négociations de gré à gré des prochaines semaines ? Canal + en froid avec la LFP peut-il revenir dans le match ?

Canal + pourrait vouloir prendre deux matches dont celui du dimanche soir. Le groupe n'a plus absolument besoin de la L1 mais le match du dimanche soir précédé du magazine Canal football club est ancré comme une tradition. Pour Amazon, ce qu'il y a de plus probable, si les lots peuvent être retricotés, c'est de faire comme en Angleterre ou aux Etats-Unis, où il n'a qu'un nombre limité de matchs, comme un cadeau aux abonnés normaux, et de supprimer le Pass Ligue 1, qui est une exception pour eux.

Le 2e lot pourrait aller à beIN ou DAZN [la plateforme de streaming sportif]. BeIN Sports ne sont pas ceux qui ont montré le plus d'appétit depuis le début, ils ont dit : "Pourquoi pas, mais on ne cassera pas notre tirelire". Dans une partie qui se joue de gré à gré, où il n'y a plus de contrainte sur le prix, ils pourraient vouloir attraper un lot, notamment pour exposer le PSG [les deux entités ont pour actionnaires principaux le fonds qatari QSI, NDLR].

La Ligue 1 paie-t-elle une fois de plus son manque d'attractivité par rapport à la Premier league anglaise ou la Liga espagnole ?

Globalement le paysage des droits TV du football est stagnant. En Italie par exemple, cela fait quatre mois qu'ils négocient et ils n'ont toujours pas atterri. Le seul pays où les droits ont augmenté, c'est l'Arabie saoudite [qui a recruté des stars à prix d'or l'été dernier, NDLR]. Mais la bonne nouvelle pour les clubs de Ligue 1, c'est que dans un contexte où beaucoup de monde en Europe joue sur des enveloppes rabotées, ce sera plus facile de conserver ou acheter des joueurs.