: Interview Ligue 1 sur l'IPTV et Telegram : "Les acteurs de ces plateformes sont de véritables groupes mafieux", juge l'Association pour la protection des programmes sportifs
C'est une pratique qui gagne du terrain. Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont connectées pour regarder le début de la nouvelle saison de Ligue 1 du 17 au 19 août, au détriment de la plateforme britannique DAZN. De nombreux fans de foot ont utilisé l'application Telegram, ou encore le système de l'IPTV, des solutions illégales qui permettent de ne pas payer d'abonnement aux diffuseurs du championnat de France. Xavier Spender, président de l’Association pour la protection des programmes sportifs (APPS), s'inquiète de cette pratique.
Quel impact a la diffusion d'événements sportifs, dont la Ligue 1, sur les plateformes IPTV et Telegram ?
Xavier Spender : Ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est qu'aujourd'hui les acteurs de ces plateformes sont des véritables groupes mafieux. Ils tirent un profit important de cette activité de piratage des contenus, que ce soit d'ailleurs des contenus sportifs ou d'autres types. Cela peut être des podcasts de radio, des films, des émissions de télévision. Aujourd'hui, tous les médias et contenus sont soumis à du piratage. Le sport, bien évidemment, est particulièrement visé par les pirates et en particulier parce qu'il a une spécificité qui est celui du direct. C'est plus difficile à combattre. Notre objectif, c'est d'arriver à faire stopper ces diffusions illégales le plus rapidement possible, donc la réactivité est un élément important. Ce qui fait que dans le domaine du sport, ça nécessite un travail très fort de la part des ayants droit et des diffuseurs pour faire couper ces flux illicites.
L’application Telegram a beaucoup fait parler d’elle, avec la diffusion illégale de nombreux matches de Ligue 1 le week-end dernier. Comment endiguer cela ?
Telegram n’est pas très réactif quand on lui demande de couper les flux, c'est clair. Depuis cette année, il y a une réglementation européenne qui a été mise en place auprès des plateformes digitales. Si ces dernières sont peu coopérantes avec la réglementation en vigueur, elles seront poursuivies dans le cadre local en France, mais également au niveau européen pour les obliger à appliquer la réglementation en vigueur.
Mais concrètement, quelle est la solution pour contrer Telegram et l’IPTV, qui prennent de plus en plus de parts de marché ?
Pour l’IPTV – entre 2 et 2,5 millions d’utilisateurs en France –, les ayants droit et les diffuseurs combattent régulièrement, avec leurs prestataires, les plateformes IPTV qui diffusent les retransmissions sportives. Il faut savoir que près de 30% aujourd'hui des utilisateurs de ces plateformes sont soumis à des blocages opérationnels des flux. [Dans une ordonnance rendue le 2 août 2024, le président du Tribunal judiciaire de Paris a ordonné le blocage par les fournisseurs d’accès à internet français de l'accès à des sites de streaming en direct et à des services IPTV majeurs diffusant sans autorisation les championnats de Ligue 1 McDonald's et de Ligue 2 BKT.]
"Dans ce jeu du chat et de la souris, des moyens sont à notre disposition pour pouvoir opérer des blocages ou combattre les acteurs qui mettent en place ces systèmes. Ces moyens sont de plus en plus nombreux et les opérateurs et les diffuseurs y arrivent. On peut couper des flux, on peut interdire l'accès aux services des plateformes."
Xavier Spender, président de l’Association pour la protection des programmes sportifsà franceinfo
On peut attaquer également directement les serveurs de streaming de ces acteurs. Cela fait partie de tous ces outils qui sont aujourd'hui à la disposition des ayants droit pour essayer de protéger ce qui fait le modèle économique du sport en France. Il ne faut pas oublier que la diffusion des contenus, le modèle économique de la vente de droits est aujourd'hui un des moyens principaux de financer l'ensemble de la filière sportive, du club amateur jusqu'aux clubs professionnels. Et ce, quels que soient les sports. Donc attaquer le modèle économique du sport aujourd'hui, c'est s'en prendre à l'ensemble de la filière sport sur le territoire national.
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