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Fair-play financier : L'UEFA pourrait sanctionner Marseille

Le dossier de l'Olympique de Marseille, accusé de ne pas respecter les règles du fair-play financier, a été transmis à l'instance de jugement du contrôle financier des clubs, a annoncé jeudi l'UEFA, ouvrant la porte à des sanctions.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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  (SYLVAIN THOMAS / AFP)

L'Olympique de Marseille "ne s'est pas conformé aux conditions de l'accord négocié pour la saison 2019-2020" et l'enquêteur en chef de l'instance du contrôle financier "a décidé de transmettre le dossier à l'instance de jugement", a indiqué l'UEFA dans un communiqué ce jeudi. Epinglé pour non-respect du fair-play financier, l'Olympique de Marseille a signé un accord avec l'UEFA, par lequel le club phocéen est contraint de réduire ses dépenses pendant quatre saisons.

Dans cet accord, qui court jusqu'à la saison 2022-2023, l'OM s'est engagé à afficher "un déficit maximum de trente millions d'euros" sur l'exercice clos en 2020, "zéro euro" en 2021 et enfin "de parvenir au plein respect du seuil de rentabilité" en 2023, avait précisé l'UEFA en juin dernier. Pour rappel, le fair-play financier (FPF) interdit à un club engagé en compétition européenne de dépenser plus que ce qu'il ne gagne et encadre étroitement les injections de capitaux de la part des propriétaires. 
 

"Le club devra respecter les mesures opérationnelles et financières convenues"

Les sanctions peuvent aller du simple blâme jusqu'à l'exclusion des compétitions. Ce règlement a notamment conduit l'UEFA à sévèrement sanctionner récemment le club anglais de Manchester City, en le privant des Coupes d'Europe pour les deux prochaines saisons. Marseille, actuel 2e de Ligue 1 et qui vise une participation à la Ligue des champions la saison prochaine, s'est également vu retirer un total de six millions d'euros sur les revenus éventuels de ses participations futures aux compétitions européennes (C1 et C3): deux millions ferme et quatre millions d'euros conditionnés au respect par le club de ses engagements.

Les Marseillais devront enfin limiter à 23 (contre 25 habituellement) le nombre de joueurs qu'ils pourraient inscrire en Coupes d'Europe lors de la saison 2020-2021. "Cette restriction sera levée pour les saisons 2021-22 et/ou 2022-23 si le club respecte les mesures opérationnelles et financières convenues", avait précisé l'UEFA en juin dernier.

L'OM n'a pas dégraissé

C'est pour le premier exercice, 2018-2019, que l'OM devra passer devant l'ICFC. Le champion d'Europe 1993 a dépassé en juin dernier de quelques 40 M d'euros son déficit autorisé par l'accord. Au 30 juin, son résultat net était négatif de 91 M d'euros. Le club n'a notamment pas réussi à "dégraisser" son effectif pour alléger sa masse salariale et renflouer ses caisses par du "trading", de la vente de joueur. Par exemple l'OM n'a pas pu vendre, malgré son souhait, le Néerlandais Kevin Strootman et son salaire de 500.000 euros bruts mensuels environ.

Sur le marché des transferts, être marqué du sceau a tendance à faire baisser les prix et l'OM ne recevait que des offres trop légères pour ses joueurs, selon des spécialistes du "mercato". Dans l'accord de règlement, Marseille avait déjà été sanctionné. Le club s'est vu retirer un total de 6 M d'euros sur les revenus éventuels de ses participations futures aux compétitions européennes (C1 et C3): 2 M d'euros ferme et 4 M d'euros conditionnés au respect par le club de ses engagements.
 

Pas comme Manchester City ni l'AC Milan

Pour la saison actuelle, l'accord passé avec l'UEFA prévoit également que l'OM réduise son déficit, qui ne doit pas dépasser 30 M d'euros. Pour l'heure le club n'y est pas encore, navigant vers les -60 M d'euros selon plusieurs médias. Les quelques 40 M d'euros minimum promis par la prochaine Ligue des champions, à laquelle l'OM, 2e avec 9 points d'avance sur le premier non-qualifié, a de bonnes chances de participer, pourraient donner de l'air au club. Mais ils ne seront pas enregistrés avant le 30 juin 2020, date de la prochaine échéance.

Pour rappel, le fair-play financier (FPF) interdit à un club engagé en compétition européenne de dépenser plus que ce qu'il ne gagne et encadre étroitement les injections de capitaux de la part des propriétaires. Les sanctions peuvent aller du simple blâme jusqu'à l'exclusion des compétitions. Ce règlement a notamment conduit l'UEFA à sévèrement sanctionner Manchester City.

La situation actuelle de l'OM n'est pas comparable à celle du champion d'Angleterre en titre, accusé d'avoir triché en gonflant des revenus publicitaires, ce qu'il conteste devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). L'AC Milan, suspendu cette saison de Ligue Europa, avait, comme l'OM, été épinglé par le FPF pour son incapacité à respecter l'équilibre financier exigé par l'UEFA sur les trois dernières années.

Mais les chiffres n'étaient pas les mêmes: 126 M d'euros de pertes en 2017-2018, puis 146 M d'euros de pertes annuelles, pour au total plus d'un demi-milliard d'engloutis depuis 2014. L'OM n'en est pas encore là, mais doit vite redresser ses comptes.
 

Marseille a pris acte de la décision

"Depuis le début du projet, l'OM n'a jamais caché la nécessité d’investir massivement sur les fonds propres de son actionnaire pour relancer le club et afficher à nouveau des ambitions élevées." L'Olympique de Marseille s'est exprimé ce jeudi soir dans un communiqué qui explique que le club prend acte de la décision de la chambre d’investigation de transmettre le dossier du club à la chambre de jugement de l’instance de contrôle financier. Le champion de France 2010 se dit prêt à "collaborer pleinement et en toute transparence avec l'UEFA, et espère être traité équitablement vis-à-vis des autres clubs français et européens."

L'actuel dauphin du PSG au classement souhaite "poursuivre la construction d’un OM sportivement ambitieux et économiquement pérenne et fait de l'équilibre financier, un objectif essentiel."

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