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Foot : car caillassé, report contesté, gifle... Ce qui pose problème avec le match Ajaccio-Le Havre

La Ligue de football a annoncé la tenue de deux réunions mardi 22 mai "en urgence", deux jours après les nombreux incidents lors du match Ajaccio-Le Havre.

Article rédigé par franceinfo
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La rencontre entre Ajaccio et Le Havre en barrage de Ligue 2, à Ajaccio, le 20 mai 2018. (MAXPPP)

"Ecœurant", "honteux"... La polémique enfle après les incidents lors de la victoire de l'AC Ajaccio contre Le Havre en prébarrages de Ligue 2, dimanche. Le club corse dénonce un "lynchage médiatique" tandis que les Normands exigent de  gagner cette rencontre sur tapis vert et envisagent de porter plainte. La Ligue de football a annoncé la tenue de deux réunions "en urgence" mardi 22 mai pour trancher. Pourquoi ce match pose-t-il problème ? Franceinfo fait le point.

1Le car du Havre arrêté et caillassé

"Vous êtes des Français de merde", "sale Arabe". Vendredi 18 mai, le match entre Le Havre et Ajaccio, comptant pour l'accès en Ligue 1, devait avoir lieu à 20h45, mais le bus des joueurs du Havre Athletic Club (HAC) a été la cible de supporters corses, à l'entrée du stade François-Coty à Ajaccio. Quelques heures avant le début du match, le car des Normands a été arrêté et encerclé pendant plus de trois heures par une centaine de supporters ajacciens. Les supporters corses ont lancé des fumigènes, des bombes agricoles et proféré des insultes racistes en direction des joueurs, résume Le Monde.

Bloqué, le bus n'a pas pu avancer et les joueurs sont restés enfermés dans le véhicule à la demande des forces de l'ordre, par mesure de sécurité. Dans l'impossibilité de jouer le match, les Havrais ont repris un vol vers minuit pour rentrer en Normandie.

2La décision de reporter le match

Samedi matin, contre toute attente, la commission des compétitions de la Ligue de football professionnel (LFP) décide de reporter le match le lendemain, toujours au stade François-Coty, estimant que "l’AC Ajaccio n’[était] pas responsable de ces incidents". Immédiatement, de vives protestations s'élèvent du côté des Normands. Les dirigeants du Havre demandent à ce que le match soit joué à huis clos ou délocalisé."Les conditions ne semblent guère réunies pour garantir la sécurité des joueurs, a demandé le dirigeant normand Pierre Broccolicchi. Le match doit être délocalisé, voire disputé à huis clos."

Malgré la situation, Ajaccio refuse les requêtes des Normands. Le club fait valoir que sa 3e place au championnat lui attribue le droit de disputer à domicile cette rencontre de barrages. Du côté des joueurs, certains Ajacciens reprochent même à leurs adversaires d'avoir refusé de jouer vendredi. Au micro de BeIN SportsRiad Nouri, joueur d’Ajaccio, se dit "dégoûté". 

Moi j’ai envie de jouer ce soir. Ils (les joueurs du Havre) jouent leur carte aussi, je comprends. On aurait peut-être fait pareil. Moi, j’ai déjà vu des bus qui n’avaient plus de vitres.

Riad Nouri

sur beIn Sport

3La gifle reçue par Mateta après son penalty

Dimanche, 19 heures, au stade François-Coty. Le coup d'envoi du match est sifflé dans un contexte de vives tensions. A la 16e minute, les Ajacciens prennent l'avantage (1-0) avant l'égalisation des Havrais vingt minutes plus tard (1-1). Le score ne change pas jusqu'à la fin du temps réglementaire et la tenue d'une prolongation qui fait redoubler la tension dans le stade, décrit Le Monde

A la 108e minute, l'Ajaccien Mathieu Coutadeur est le premier à être expulsé pour s'être mis tête contre tête avec l'arbitre, Franck Schneider. Comme le veut le nouveau règlement de la Fifa, l'acte s'étant déroulé dans la surface de réparation, l'arbitre accorde un penalty au Havre.

A la 111e minute, le Havrais Jean-Philippe Mateta se charge de transformer le penalty et donne l'avantage aux Normands (1-2). Pour célébrer son but, le joueur prêté par Lyon se lance dans une imitation du geste de la victoire de son ancien coéquipier Memphis Depay, à l'attention des supporters corses. Une provocation peu appréciée par les joueurs de l'ACA qui en viennent aux mains sur leurs adversaires, le Corse Gimbert giflant au passage Mateta dans la cacophonie la plus totale.

Après de longues échauffourées dans le stade, l'arbitre finit par infliger trois cartons rouges d'un coup, aux Normands Jean-Philippe Mateta et Denys Bain et au Corse Joris Sainati.

4Le retour de l'entraîneur d'Ajaccio après son expulsion

Nouvelle indignation lors des tirs au but. Alors qu'il s'était fait expulser à la 84e minute pour avoir donné un coup de pied dans une bouteille d'eau, l'entraîneur d'Ajaccio, Olivier Pantaloni, revient sur le terrain pour conseiller ses joueurs et choisir l'ordre des tireurs, sous le regard indifférent de l'arbitre. Selon les règles, il doit pourtant rester dans les tribunes et n'a pas le droit de revenir sur le terrain. 

5L'exfiltration des officiels du Havre des tribunes

Dans les tribunes de Timizzolu, la députée de Seine-Maritime Agnès Firmin-Le Bodo et le président du club havrais, Vincent Volpé, assistent à la rencontre ensemble. Après le pénalty de Mateta, ils sont violemment pris à partie par des supporters ajacciens et sont la cible d'insultes racistes, affirme la députée à France Bleu Normandie.

"Un projectile a été lancé en direction du président du HAC, Vincent Volpe. Je n’ai pas réussi à voir de quoi il s’agissait. Il reçoit aussi un coup de pied dans le dos de la part de quelqu’un dans la tribune", décrit la députée à 20 Minutes. Des agents de sécurité exfiltrent les deux officiels des tribunes et les amènent dans le vestiaire.

Je cherche le meilleur adjectif pour qualifier cette soirée, mais je ne le trouve pas : désolant, consternant, apocalyptique, c’est un peu tout ça à la fois…

Agnès Firmin

à 20 Minutes

Les autorités corses n'ont pas la même lecture des événements. "Une députée du Havre et le président du club ont souhaité, à un moment, quitter les tribunes et rejoindre les couloirs des joueurs. Il ne s'est rien passé, mais il y a eu un moment de tension fort après le penalty et je pense que, par précaution, ils ont souhaité se mettre à l'abri", a expliqué une source à l'AFP.

6La réaction de la Ligue de football professionnel

Finalement, Ajaccio finit par égaliser grâce à Ghislain Gimbert, le même qui une demi-heure auparavant avait mis une claque à Mateta, reprend Le MondeDe son côté, la LFP réagit tardivement. Face au tollé, elle annonce finalement lundi soir une réunion d'urgence jeudi, puis l'avance à mardi. Sa présidente Nathalie Boy de la Tour se garde de condamner les Corses. Elle précise sur franceinfo que c'est "l'arrivée du bus vendredi soir, des incidents et un problème de sécurité hors stade qui relevait de l'Etat et non du club".

7Le "racisme anti-corse" avancé par les Corses

Dans la foulée, le président de l'AC Ajaccio a annoncé mardi son intention de déposer plainte pour "dénonciation calomnieuse" contre son homologue du Havre, qui a assuré avoir été frappé dimanche. La veille, le vice-président de l'AC Ajaccio, Alain Orsoni, a annoncé sa démission du conseil d'administration de la LFP, dénonçant "un lynchage médiatique".

Le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a dénoncé la "haine anti-corse", et a promis une "riposte énergique" sur le terrain judiciaire. Son parti Corsica Libera a dénoncé "les racismes anti-corses" dans un communiqué et juge que "c'est tout un peuple qui est à nouveau montré du doigt et critiqué avec une violence inouïe".

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