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Monaco sacré champion de France : derrière les paillettes, les hommes de l'ombre du triomphe monégasque

Ils s'appellent Nabil Dirar, Danijel Subasic, Andrea Raggi ou Valère Germain. Ils n'ont pas fait les gros titres comme Radamel Falcao, Kylian Mbappé ou Bernardo Silva, mais sont tout aussi importants dans le titre monégasque.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Les joueurs monégasques fêtent leur qualification en demi-finale de la Ligue des champions, le 19 avril 2017. (VALERY HACHE / AFP)

Ils sont champions de France. L'AS Monaco a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès en battant Saint-Etienne (2-0), mercredi 17 mai. Les Monégasques mettent ainsi fin à 14 années sans titre de la plus belle des manières : ils dominent un PSG galactique qui pulvérise le meilleur total de points d'un deuxième de Ligue 1.

L'ASM est un champion atypique qui aura mis la France du football dans sa poche en pratiquant un jeu magnifique. Si le mérite en revient surtout à Leonardo Jardim, le coach portugais sous-coté de la Principauté, à la paire d'attaque Falcao-Mbappé ou aux prodiges du milieu Bernardo Silva et Thomas Lemar, il serait injuste d'oublier les artisans de l'ombre du triomphe monégasque.

Valère Germain, l'âme du club

L'attaquant monégasque Valère Germain, lors du quart de finale retour de Ligue des champions contre le Borussia Dortmund, au stade Louis-II, le 19 avril 2017. (BORIS HORVAT / AFP)

Si Monaco a dépassé la barre des 100 buts alors que la saison n'est pas encore terminée, c'est en partie grâce à Valère Germain. Certes l'attaque de l'ASM bénéficie de deux stars avec Falcao et le supersonique Kylian Mbappé, que l'Europe entière s'arrache après une poignée de matchs. Mais même relégué sur le banc, même condamné à jouer les matchs en bois (comme la demi-finale de Coupe de France avec la réserve monégasque face au PSG), personne n'a entendu Valère Germain, au club depuis 2009, se plaindre. "Tant mieux pour le club que Kylian ait explosé, confiait-il à L'Equipe début mai. D'autant que Guido Carrillo [le 4e attaquant du club] a été blessé et que sans lui, on aurait eu du mal à tourner à deux attaquants. (...) Les aspects personnels, en ce moment, on doit les oublier." Un sens du collectif appréciable pour le club d'autant que l'attaquant au cheveu sur la langue peut se vanter d'un bilan très correct en Ligue 1 (9 buts et 3 passes décisives).

Tiémoué Bakayoko, le combattant du milieu

Le milieu monégasque Tiémoué Bakayoko fête son but en huitième de finale de la Ligue des champions contre Manchester City, le 15 mars 2017. (PASCAL GUYOT / AFP)

Milieu défensif, le poste ingrat par excellence. Alors que son compère de l'axe Fabinho attire la lumière en inscrivant des penalties (sept de ses huit buts), Tiémoué Bakayoko se coltine le sale boulot en mettant des bâtons dans les roues aux attaquants adverses. Longtemps, il a eu l'étiquette du garçon surcoté, inconstant : brillant contre Arsenal un soir de huitième de finale de Ligue des champions en 2015, effacé quand le pedigree de l'adversaire manque de clinquant.

Pour son tout premier match avec Monaco lors de la saison 2014-2015, Leonardo Jardim remplace le milieu acheté 8 millions d'euros à Rennes au bout d'une demi-heure de jeu. Il ne refoulera les terrains que deux mois plus tard. Longtemps, il a traîné comme un boulet sa réputation bling-bling, symbolisée par sa Porsche Cayenne rose. Depuis son véhicule a été repeint en noir, et "Baka" a effectué ses débuts en Bleu, récompense d'une saison de marathonien avec 50 matchs.

Kamil Glik, l'"assassin" en défense

Le défenseur de Monaco Kamil Glik lors d'un match face à Guingamp, au stade du Roudourou, le 25 février 2017. (FRED TANNEAU / AFP)

Son petit surnom, c'est "l'assassin". Héritage d'un tacle sanglant contre Emanuele Giaccherini, qui jouait alors à la Juventus, quand Kamil Glik portait les couleurs du rival piémontais, le Torino. Carton rouge direct, et une place dans le cœur de tous les supporters granata. Le défenseur monégasque est d'abord un joueur qui ne fait pas semblant : blessé au front lors de l'Euro qu'il dispute avec la Pologne, il joue avec un filet sur la tête quitte à ressembler à un coton-tige.

Dans sa carrière, rien n'a été offert à ce joueur : repéré, puis refourgué par le Real Madrid, il bourlingue dans les tréfonds des championnats polonais, puis italiens, avant d'enfin émerger au Torino. Kamil Glik est un joueur croyant aussi. S'il est avéré qu'il customise ses brassards de capitaine avec des pensées de Jean-Paul II, on ignore s'il passe à confesse pour ses tacles assassins et coups de coude dans le pif sur les ballons aériens. "C'est un joueur différent de ceux qu'on achète normalement. Il a de la maturité et est international", se félicitait Leonardo Jardim à son arrivée.

Danijel Subasic, le gardien du temple

Le gardien monégasque Danijel Subasic lors du huitième de finale retour de Ligue des champions contre Manchester City, le 15 mars 2017, au stade Louis-II. (VALERY HACHE / AFP)

Il est arrivé quand l'ASM végétait en Ligue 2. Le robinet d'argent russe était à peine ouvert, et il fallait être soit visionnaire, soit en manque de défis pour se lancer dans cette galère. Après avoir failli signer à Brest et à Evian Thonon Gaillard, il fait le choix de la Principauté. Cinq ans plus tard, il est toujours là, mais le niveau autour de lui s'est considérablement élevé. Plus question de s'offrir le luxe de marquer un but sur coup franc à la 38e journée. C'est la seule fois qu'on le verra de ce côté-là du terrain.

Son rôle, désormais, c'est de distiller son expérience à un groupe enthousiaste, mais un peu trop juvénile. Comme il le disait de manière imagée : "A part moi, Falcao et Glik, tous les autres sont des enfants, ils vont encore à la crèche. Mais des enfants talentueux." En début de saison, il avait fixé un objectif, directement lié... à ses vacances : "Pour moi, le plus important, c'est le championnat. Cette saison, on a envie d'être directement en poules et ne pas commencer en juillet avec quatre matches pour aller en Ligue des champions [les deux premiers de Ligue 1 sont directement qualifiés pour la compétition européenne]." L'objectif a été atteint au-delà de ses espérances.

Andrea Raggi, le guerrier du prince

Le défenseur de l'AS Monaco Andrea Raggi lors du match Monaco-Leverkusen, le 27 septembre 2016. (VALERY HACHE / AFP)

Lui aussi est un rescapé de la Ligue 2. Et Andrea Raggi se plaît tellement sur le Rocher qu'il n'échangerait pas sa place, sauf peut-être pour aller au Real Madrid ou au Barça. "C'est le top niveau et la belle vie", sourit-il dans L'Equipe. Oui, il a un style de jeu assez rustre. Oui, il a des lacunes techniques. Oui, il est capable de jouer partout en défense, mais il n'excelle jamais vraiment nulle part. Mais sur le plan de l'état d'esprit, il est irréprochable : "Un défenseur, c'est là pour faire la guerre et pour défendre son but. J'ai toujours aimé ça. (...) Après, si tu es Thiago Silva, c'est autre chose, tant mieux", poursuit-il 

"Ecoute-moi, si on gagne la Ligue des champions, on se fait tatouer tous les deux, ok ?", a-t-il lancé début mai à un journaliste de Nice Matin. Raté pour la coupe aux grandes oreilles. Mais le tatoueur attitré de Raggi aura quand même du travail. "Si on est champion, je me tatoue le blason du club, poursuivait-il. Un gros sur la cuisse ou sur le cœur… je ne sais pas encore. Le club, je le porte déjà dans mon cœur, au fond de moi."

Nabil Dirar, le couteau suisse marocain

Le milieu monégasque Nabil Dirar lors du match Bayer Leverkusen-Monaco, le 7 décembre 2016. (PATRIK STOLLARZ / AFP)

Lui aussi est arrivé quand le club de la Principauté végétait dans les bas-fonds en deuxième division. Acheté 7,5 millions d'euros au Club Bruges, record de la L2 française quand même, l'international marocain pensait bien rebondir. Mais pas aussi haut : "Quand j’ai signé à Monaco, c’était pour évoluer en Ligue 1, je ne pensais pas jouer en Coupe d’Europe", confie le milieu offensif dans L'Equipe.

Jamais titulaire indiscutable, Nabil Dirar a toujours répondu présent quand le club a fait appel à lui, même quand il fallait porter le brassard à l'Emirates Stadium d'Arsenal, ou dépanner en défense en Ligue des champions. Les frasques de jeunesse du "Cristiano Marrakech", capable de mordre un joueur adverse ou d'insulter son club, semblent très loin. "J'ai toujours cru au projet monégasque. C'est un grand honneur de porter ce maillot", confiait-il en 2015 à RFI.

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