Football : à Marseille, les débordements à répétition autour du terrain laissent un goût amer
Envahissements de terrain, affrontements entre supporters, jets de projectiles... Le début de saison de Ligue 1 de football a été marqué par de nombreux incidents dans les stades. Pour l'OM, auteur d'une bonne entame dans le championnat, ces incidents répétés gâchent un peu la fête.
Pour l'OM, la saison de Ligue 1 a commencé à Montpellier, le 8 août. Et dès cette première journée, le milieu de terrain marseillais Valentin Rongier est atteint par un projectile. Une bouteille, qui le blesse à la bouche, alors qu'il célébrait un but de son équipe. "Moi, je ne joue pas au football pour me prendre des projectiles dans le visage, lance le joueur de l'OM, ça, c'est sûr, et c'est aussi ça qui est dommage." Ce soir-là, le match est interrompu sur de nouveaux jets de projectiles, avant de se finir sur une victoire de Marseille. Depuis, pour ne parler que de Marseille, il y a eu Nice-OM, le 22 août (terrain envahi, bagarre entre supporters, joueurs et membres de l'encadrement, la rencontre est définitivement arrêtée) puis Angers-OM, le 22 septembre (après le match, des dizaines de supporters marseillais sortent du parcage visiteurs et détruisent du matériel avant que les stadiers ne rétablissent l'ordre).
Pourquoi ces incidents se répètent-ils ? Valentin Rongier n'a pas d'explication. Mais il le regrette d'autant plus que le retour du public dans les stades, après les restrictions sanitaires, était très attendu. "Tout le monde était frustré, avec le Covid-19, de ne pas profiter de ce sport ensemble, observe le milieu de terrain. Jouer à huis clos, c'était nul. Cela nous attriste de voir qu'il y a des débordements, qui ne sont pas petits. Cela nous concerne, mais il y en a aussi dans d'autres stades, et on aimerait que cela s'arrête vite."
Le terrain, un "endroit sacré"
Son entraîneur Jorge Sampaoli aussi aimerait que ça s'arrête, et vite. Le coach argentin est presque surpris par l'ampleur de ces incidents en Ligue 1: "Cela me paraît étrange, relève l'Argentin. Il y a sûrement une analyse sociale plus profonde à mener pour expliquer ces comportements qui n'aident pas les déplacements. Beaucoup d'affrontements que j'ai pu observer en France viennent, à mon avis, du fait que les gens sont toujours en train de s'opposer sur quelque chose. Nous critiquons, nous faisons obstacle à l'autre... Il faut faire cesser tout cela, sinon ce sera sans fin, et ce sera la fin du football."
Moins pessimiste que Jorge Sampaoli, Jacques Cardoze. Le directeur de la communication de l'OM estime que les outils pour mettre fin à ces comportements existent, et que dans d'autres championnats – l'Espagne, l'Angleterre –, ils ont fonctionné. "Quoi qu'il arrive, il faut faire beaucoup de pédagogie, estime Jacques Cardoze, et dire à tout le monde que le terrain, c'est un endroit sacré. Personne ne doit y accéder, quitte à être frustré du résultat. Il faut savoir accepter la frustration, cela fait partie de la vie."
Est-ce vraiment la frustration qui amène les débordements ? Maxime, supporter de l'Olympique de Marseille, pense plutôt à une mauvaise maîtrise des émotions, qui n'ont pas pu s'exprimer pendant des mois. "Il y avait tellement d'engouement autour de l'équipe, autour du monde du football en général, les supporters ont été privés longtemps de pouvoir venir au stade, observe-t-il. Là, le fait de pouvoir revenir au stade, il y a une alchimie en plus, il y a une ferveur en plus, ce qui fait qu'il y a des fois pendant lesquelles cela peut dégénérer."
"Malheureusement, les conflits entre supporters, cela ne résout rien, mais on ne s'arrêtera jamais de crier 'Allez l'OM'", sourit le jeune homme. En effet, les incidents ne découragent pas les supporters marseillais ; depuis l'ouverture de la campagne, lundi 20 septembre, plus de 20 000 personnes ont pris un abonnement pour assister aux matchs de l'OM cette saison.
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