Frank McCourt et l’OM face à la cruelle logique économique
Margarita Louis-Dreyfus était peut-être la plus gênée dimanche soir, dans la tribune présidentielle de l’OM. Quelques mois après avoir vendu le club à l’homme d’affaires américain (pour 45 M€), l’ancienne patronne du club phocéen retrouvait pour la première fois le Vélodrome. Mal lui en a pris, l’équipe qui aura coûté 300 millions d’euros en 20 ans à la famille Dreyfus a pris une rouste, de surcroît contre le grand rival parisien. Son départ de la tribune, quelques minutes avant-même la fin du match, suggère que « MLD » n’était pas forcément très à l’aise...
Pas d’argent, pas de miracle
« Comme les supporteurs, je rêve de gagner la Ligue des Champions », avait déclaré en septembre dernier son successeur à la tête de l’OM. Mais ce qui était possible en 1993 sous l’ère du controversé Bernard Tapie, ne l’est sans doute plus aujourd’hui. La correction subie contre le PSG et la 7e place en championnat de Marseille rappellent que les temps ont bien changé, et que sans projet sportif mais surtout financier, les « miracles » n’auront plus lieu dans la cité phocéenne.
A son arrivée, McCourt a d’abord dû travailler sur son image de dirigeant, ternie notamment par la mise sous tutelle financière du club de baseball des Dodgers, dont il avait été le propriétaire de 2004 à 2012. Il a depuis tenté de rassurer en promettant notamment de garder l’accessibilité au Vélodrome aux Ultras, ce qu’il n’avait pourtant pas su ou voulu faire avec les Dodgers. Il a par ailleurs eu le mérite de la franchise : « Je ne pourrai pas signer chèque sur chèque, comme le font les Qataris avec le PSG », avait-il prévenu, tout en assurant vouloir investir plus que l’ancienne patronne.
4e budget de L1
Les finances sont pourtant le nerf de la guerre avec le football moderne. Comme le dit lui-même McCourt, il n’y a que les résultats qui comptent. Il aura sans doute noté que les plus lourdes défaites de l’OM cette saison l’ont été face aux plus gros budgets du championnat. Contre Paris et ses 500 M€ de budget, l’OM a pris 5-1. En novembre, c’était une défaite 4-0 face à Monaco (145 M€), puis une autre 3-1 face à Lyon (235 M€). Avec 100 M€, soit le 4e budget de L1, l’OM n’est pas tant à plaindre que cela et son classement actuel n’est pas si catastrophique. Sauf que pour franchir un palier et retrouver le podium et une éventuelle place en Ligue des Champions, un budget conséquent est presque obligatoire.
McCourt pourrait prôner le contre-exemple de l’OGC Nice, qui avec « seulement » 42 millions d’euros, nargue les plus grosses cylindrées. Mais d’une part, le risque de voir les Aiglons se faire de nouveau piller leurs pépites dès la saison prochaine est important. D’autre part, le succès des Azuréens tient à la fragile alchimie opérée entre les jeunes joueurs talentueux et l’entraîneur, Lucien Favre. De ce côté, McCourt a démontré en recrutant Rudi Garcia qu’il misait beaucoup sur le rôle du coach pour tirer le meilleur de ses joueurs.
La bonne -et longue- voie
Mais contre la machine parisienne, cela ne suffit visiblement pas, pas plus que de débourser 30 millions d’euros pour faire revenir Dimitri Payet (parti pour 15 M€). Le PSG, Lyon et Monaco ont mis la barre si haut, que l’OM semble promis à une place de second rôle pour quelques années encore… McCourt peut toutefois contredire cette vérité, et son président Jacques-Henri Eyraud a d’ores et déjà fait du prochain mercato d’été « un objectif principal ». L’autre bonne nouvelle vient de l’ambition de donner au club un centre de formation digne de ce nom, l’OM n’étant classé qu’en 22e position des centres de formation en France. Le projet mis en place par McCourt va donc plutôt dans le bon sens. Il ne reste plus aux supporteurs marseillais qu’à patienter ou prier…
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