Cet article date de plus de cinq ans.

Furiani : le 5 mai, la date qui fâche

Depuis la catastrophe de Furiani, accident le plus tragique du football français, le 5 mai 1992 à Bastia, cette date fait débat chaque saison. Depuis 27 ans, joueurs, clubs, supporters et le collectif des victimes de Furiani font pression sur les instances du foot français et le gouvernement pour que le 5 mai soit sacralisé et devienne une journée sans football.
Article rédigé par Adrien Paquier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (PASCAL POCHARD CASABIANCA / AFP)

Samedi 5 mai 2018. Les terrains du football français sont désertés par la compétition. Pour la première fois depuis 2012, le collectif des victimes de Furiani obtient ce qu’il souhaite depuis des années : un jour sans football en mémoire des 18 morts et 2 300 blessés lors de l’effondrement de la tribune du stade de Furiani avant la demi-finale de coupe de France Bastia-OM le 5 mai 1992.

L’année 2018 a donc fait date dans l’histoire du football français, mais le débat est revenu sur la table une nouvelle fois cette année. Ce dimanche 5 mai 2019, la Ligue de Football Professionnelle (LFP) a programmé 5 rencontres du championnat de France de Ligue 1. De quoi faire remonter la colère et mettre en lumière un compromis établi en 2015 mais qui est loin de satisfaire toutes les parties. 

2012, l’insurrection

Hasard du calendrier ou maladresse de la Fédération Française de Football, la finale de la Coupe de France 2012 est programmée le samedi 5 mai, 20 ans jour pour jour après la catastrophe Furiani. Pour ne rien arranger, la 36e journée de Ligue 1 à l’époque était aussi maintenue. De quoi provoquer l’insurrection de tous.

Si les familles des victimes avaient obtenu, via la ministre des Sports Chantal Jouano, un report de la finale par la FFF, c’est sous la pression d‘une pétition qu’ils ont réussi à contraindre la LFP de reporter la journée de championnat. La mobilisation des stars du foot français, comme Didier Deschamps ou encore Jean-Pierre Papin, qui avaient signé cette pétition, avait agi comme une caisse de résonance. Une première prise de conscience à l’époque qui a lancé le début d’une large mobilisation.

#PasDeMatchLe5Mai

Néanmoins, la LFP a continué d'organiser une journée de championnat le 5 mai les années suivantes. Alors, comme en 2012, c’est du terrain qu’est venu un soutien pour le collectif des victimes de Furiani. Joueur Bastiais à l’époque, Toifilou Maoulida a lancé via ses mythiques bandelettes le #PasDeMatchLe5Mai, en postant une photo sur Twitter. Un hashtag qui a eu une résonance nationale et qui a poussé les instances gouvernementales à réagir face à cet élan de mobilisation.

Sous l’impulsion du Ministère des Sports et son secrétaire d’Etat Thierry Braillard, un engagement est pris sous deux mesures le 22 juillet 2015 : l'organisation d'un hommage national aux victimes tous les 5 mai, et l'absence de matches sur l'ensemble du territoire lorsque le 5 mai tombe un samedi.

Attendre 2029

Au fil des années, les revendications n’ont donc pas cessé de croître face à ce compromis qui permet à la Ligue de se protéger pour maintenir les rencontres de championnat lors de cette date anniversaire. "Ils ne veulent pas comprendre que c'est inconcevable pour les familles", se désole Josepha Giudicelli, présidente de l'association des victimes de Furiani. "On veut vraiment sacraliser cette date, pas de matches professionnels, car c'est le football professionnel qui a tué", insiste-t-elle.

Face au maintien de la 35e journée de Ligue 1 ce dimanche 5 mai 2019, l'association est donc montée au créneau le 19 avril via une lettre ouverte adressée à la Ligue. "Les instances du football français n'ont toujours pas pris en compte la portée de ce drame" et le gel des rencontres doit être effectif le 5 mai et "ce quel que soit le jour."

Depuis, la parole des acteurs du championnat, puis le #PasDeMatchLe5Mai, ont repris de plus belle. "Il y a des personnes qui arrivent à décaler des matchs pour des raisons "moins graves". Là, il y a une catastrophe qui a eu lieu, je pense que c'est un bon moyen de rendre hommage à ces personnes-là et la Ligue ne fait pas ce qu'il faut pour le faire, c'est dommageable pour le football français." a témoigné l’attaquant de Saint-Etienne, et ancien Bastiais, Wahbi Khazri.

Le prochain samedi 5 mai, tombera en 2029, puis en 2035. D'ici là, en attendant d’éventuelles avancées, cette date restera un jour de mémoire et de commémoration avec une minute d'applaudissement sur les terrains de l’Hexagone.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.