Hatem Ben Arfa, l'intermittent du spectacle
"Joyeux anniversaire à moi, 1 an de placard ça se fête": C'est avec ce message et une photo de lui sur Instagram, pouces levés, devant un gâteau avec une bougie, que HBA avait ironisé en avril sur sa galère au PSG. Son dernier match, c'était le 5 avril 2017, en quarts de finale de Coupe de France, face à Avranches (4-0), avec un doublé et une passe décisive. Depuis, rien. Pourquoi ? La direction du PSG n'a pas apprécié que Ben Arfa se plaigne directement auprès de l'émir du Qatar, propriétaire du club, que son président Nasser Al-Khelaïfi - présent à ce moment là - ne répondait pas à ses sollicitations, avait révélé le JDD. "Il n'y a eu aucun caractère d'invective à l'égard de qui que ce soit. Hatem est arrivé avec le sourire, et il a fait comprendre à l'émir que c'était sympa de lui dire bonjour, parce que c'était plus difficile d'arriver à parler avec le président", avait commenté auprès de l'AFP son avocat, Jean-Jacques Bertrand.
Génie, mais impulsif
Ce fut l'épisode de trop pour un joueur qui ne fut jamais vraiment dans les petits papiers de son entraîneur Unai Emery. Il n'a plus jamais été appelé avec les pros du PSG et fut même pressé de partir. Ce qu'il ne fit pas, préférant rester jusqu'au terme de son contrat, pour redevenir un joueur libre de tout contrat cet été. L'Equipe évoquait un salaire total (importantes primes comprises) de quelques 10 millions d'euros annuels pour le joueur, mais sur le plan sportif, son passage au PSG fut un gâchis. En y arrivant à l'été 2016, il espérait revenir au sommet après s'être relancé - déjà - à Nice lors d'une saison bluffante 2015-16 après six mois sans jouer - déjà - à cause d'un imbroglio juridique cette fois. Ce retour de flamme lui avait même permis d'être réserviste chez les Bleus pour l'Euro-2016. Son parcours dégage un terrible parfum de frustration. Ben Arfa était sans doute le plus technique de la génération dorée née en 1987, avec Samir Nasri, Jérémy Menez et Karim Benzema, champions d'Europe des moins de 17 ans. Mais dès le départ, son itinéraire a été épineux pour ce jeune talentueux né à Clamart (Hauts de Seine) de parents tunisiens. Dans le fameux documentaire "A la Clairefontaine", plongée dans la préformation au centre technique national (entre 13 et 15 ans), on voit les deux facettes d'un tout jeune Ben Arfa, à la voix encore fluette. D'un côté, le petit génie balle au pied, de l'autre un tempérament impulsif qui s'embrouille avec un de ses partenaires.
"Tu m'as volé mon fils!"
L'étiquette d'"enfant terrible du foot français" lui restera collée. A Lyon, où il fera ses débuts en pro, HBA ne s'entend pas avec Benzema: une image restée célèbre montre les deux joueurs s'ignorant superbement lors d'un remplacement de l'un par l'autre au cours d'un match très médiatisé contre Lille au Stade de France. A Marseille, Ben Arfa vexé d'être remplaçant, refusa d'entrer en jeu quand son entraîneur de l'époque, Éric Gerets, le lui demanda. Il quittera l'OM avec pertes et fracas, en passant par la case "discussion orageuse" dans le bureau de son président d'alors Jean-Claude Dassier. Direction Newcastle: des gestes de grande classe, l'amour des supporters, mais il rejouera sa partition en mode clash avec son coach Alan Pardew. Et l'équipe de France? Une misère au regard de son potentiel: 15 sélections, 2 buts. Et toujours des soucis. Ben Arfa aura des mots avec son sélectionneur Laurent Blanc lors de l'Euro-2012. Sa convocation devant la commission de discipline fédérale le mois suivant avait d'ailleurs donné lieu à une scène surréaliste avec une altercation publique entre son père et l'agent du joueur, au cri de "tu m'as volé mon fils!" Pour jouer au foot, Ben Arfa avait dit un jour qu'il était prêt à aller au "Pôle Nord". La Bretagne, c'est moins loin.
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