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INFO FRANCETV INFO. La Ligue de football professionnel prépare une action en justice contre le jeu Mon Petit Gazon

Article rédigé par Clément Parrot, Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le milieu argentin du PSG Angel Di Maria, lors d'un match contre Lille, le 13 février 2016 au Parc des princes, à Paris. (STEPHANE ALLAMAN / AFP)

Né en 2011, ce jeu de "fantasy football" a su rassembler 200 000 joueurs. Un succès auquel la LFP pourrait mettre un terme.

C’est une petite phrase qui a fait trembler une bonne partie de la rédaction de francetv info : "Tu connais Mon Petit Gazon ? Eh bah ça va bientôt disparaître !" Selon cette source proche du dossier, la Ligue de football professionnel (LFP) prépare une action en justice contre le jeu en ligne, qui pourrait conduire à sa fermeture. Mon Petit Gazon, MPG pour les intimes, est un jeu de "fantasy football", lancé en 2011. Le principe est simple : chaque joueur est invité à piocher dans les effectifs de Ligue 1 pour se constituer une équipe et affronter ses amis.

Monté par trois copains, salariés dans le marketing, MPG est d’abord un site créé "pour la déconne". Un design simple, des blagues potaches – le joueur peut annuler un but adverse grâce à la "valise à Nanard" et quelques photos de filles dénudées… L’équipe ne se prend pas au sérieux. Le succès est pourtant au rendez-vous : en mars 2016, MPG revendique 200 000 joueurs, dont les auteurs de ces lignes.

Une levée de fonds de 40 000 euros

Des joueurs de Ligue 1, comme Benezet ou Imorou, s'y mettent. Un autre justifie sa prestation du jour auprès des internautes qui l'ont "recruté". "On ne s’est jamais dit qu’on créerait un site qui ferait autant de visites, et qui nous prendrait autant de temps à gérer", confiait Grégory Rota, l’un des fondateurs du jeu, à Konbini, quelques mois plus tôt.

MPG change alors de division. Grégory Rota démissionne pour se consacrer entièrement au développement du site. Un appel aux dons permet aux fondateurs de lever 40 000 euros en mars 2016 sur une plateforme de crowdfunding pour refondre le site et créer une application mobile. Un développement qui pourrait être freiné par les juristes de la Ligue de football professionnel.

Silence radio à la LFP

La LFP a en effet décidé de passer à l’attaque. Elle a missionné le cabinet d'avocats Joffe & Associés pour préparer une action en justice contre MPG. "Nous sommes en discussion avec eux", confirme-t-on à la Ligue. "C'est nous qui nous occupons de ce dossier, reconnaît un avocat de Joffe, avant de se retrancher derrière ses obligations de confidentialité. Je ne peux pas vous dire si nous allons aller jusqu'au contentieux".

Quel est le problème de la LFP ? La Ligue refuse de s'expliquer. De fait, MPG exploite tous les week-ends son bébé, la Ligue 1. Il concurrence également son jeu maison, Ligue 1 Fantasy. Lancé la même année, il ne rencontre pas le même succès. A l'issue de la première saison, la Ligue, qui a changé plusieurs fois de sponsors (Parions web, Yahoo, Panini), revendiquait 100 000 joueurs. Aujourd'hui, elle refuse de donner un chiffre.

"Il n'y a pas de jurisprudence en France"

Sollicitée par francetv info pour donner un avis sur la situation, l'avocate Anouck Michelin s'étonne que la Ligue n'ait pas attaqué avant 2016 : "Elle aurait agi avant si le bienfondé de leur action leur paraissait incontestable." Elle émet quand même trois hypothèses. La question de la propriété intellectuelle, qui ne lui paraît pas évidente à défendre, d'autant plus que MPG a protégé sa marque dès 2011. Le jeu n'utilise ni les maillots ni les images des joueurs, seulement leurs noms et ceux des clubs pour les seuls besoins du jeu et non ceux de publicité. "Il n'y a pas de jurisprudence en France, explique-t-elle préalablement. Mais à l'étranger, les tentatives de ce genre contre des sites de fantasy ont échoué". 

Un autre angle d'attaque pourrait être la concurrence déloyale ou faussée avec le jeu de la Ligue, comme le craint l'équipe du site. Mais "cela reste délicat à démontrer, à moins que leur jeu soit soumis à des contraintes particulières, ils vont devoir ruser, jouer finement", estime Anouck Michelin. Le plus probable serait que la Ligue cherche à tordre le bras à MPG pour obtenir un compromis, un "objectif plus commercial que judiciaire". A moins, glisse-t-elle, que la LFP ne sorte du chapeau des droits privatifs conclus avec les clubs ou avec les joueurs qui lui confèreraient des exclusivités.

"On fait plus la promotion de la Ligue 1 qu'autre chose"

Du côté du site Mon Petit Gazon, l’heure n’est pas encore à la panique. "On a juste reçu une lettre de la LFP au début de l’année et on a répondu à ses questions, explique Grégory Rota. Au moment de la création du site, on avait consulté un cabinet d’avocats, qui nous avait assuré qu’il y avait peu de risques. On avait aussi fait une demande d’autorisation à la Ligue, mais on n'a jamais reçu de réponse."

Grégory Rota tente également de se rassurer sur les intentions de la LFP : "En ce moment, ils ont beaucoup de boulot avec le départ de Frédéric Thiriez [le président de la LFP cède sa place en fin d’année], je doute qu’on soit leur priorité." Et puis une action de la Ligue lui semblerait assez incongrue : "Je ne vois pas comment on peut les déranger avec notre jeu, alors qu’au final, on fait plus la promotion de la Ligue 1 qu’autre chose."

D’autres "fantasy leagues", des jeux en ligne du type de MPG comme Fantasyfoot.fr, ont reçu un courrier d’avertissement de la LFP, mais, pour l’instant, impossible de savoir si la menace est réelle. "On attend un peu de voir la première décision de justice pour savoir ce qu’il en est", confie Grégory Rota. De son côté, Anouck Michelin conseille à la petite équipe de Mon Petit Gazon de ne pas baisser les bras. "Il y a matière à se battre, estime-t-elle. Il ne faut pas qu’ils se laissent intimider par la LFP. Même si c'est David contre Goliath, il ne faut jamais s'avouer vaincu."

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