Islam Slimani, déménageur en reconversion
"Peu à l'aise avec ses pieds, sauf pour conclure à cinq mètres des cages, il ne débloquera jamais de situation compromise en dehors de la surface ou en éliminant des défenseurs autrement que grâce à son physique de déménageur". Quand So Foot dressait le portrait d'Islam Slimani en octobre 2015, personne n'avait son mot à redire. Jusqu'en août dernier, la validité des propos cités n'aurait pas non plus été remise en question. Mais voilà, depuis son arrivée à Monaco, Slimani a surpris son monde. Auteur de 5 buts en seulement sept matches de Ligue 1, l'attaquant de 31 ans s'est surtout révélé dans la peau de passeur décisif (7 au total), lui le costaud d'1m88, lui le stéréotype du buteur à l'ancienne.
A bas les clichés
Plutôt méconnu du public français, Slimani s'est révélé sur le tard en Algérie. A 21 ans, il évoluait en troisième division de son championnat national et c'est à 25 ans qu'il a fait le grand saut pour le Portugal, à l'été 2013 au Sporting Lisbonne. Mais, c'est lors de la Coupe du monde 2014 que l'attaquant algérien a le plus marqué les esprits. Auteur de deux buts avec les Fennecs, il s'était vu refuser l'ouverture du score contre l'Allemagne en huitièmes de finale, à cause d'une position de hors-jeu. A l'époque, Slimani s'illustre surtout par sa capacité à peser sur la défense adverse. Véritable menace dans les airs, c'est un joueur volontaire et vigoureux dans les duels.
Au moment de poser ses valises en France cet été, l'ex-de Fenerbahçe portait l'étiquette du numéro 9 à l'ancienne. Il reflétait en quelque sorte l'image inversée de son partenaire d'attaque Wissam Ben Yedder, celle de l'attaquant de poche vif et technique. Mais comme le souligne bien L'Equipe dans son édition de vendredi, Islam Slimani ne saurait correspondre au cliché simpliste de l'attaquant grand et costaud, seulement dangereux dans la surface. C'est un dévoreur d'espaces, capable de décrocher pour participer au jeu et doué d'une intelligence dans l'occupation des espaces libres. "Je l'ai beaucoup fait travailler sur ses points faibles comme son pied gauche. Avant, il s'en servait juste pour marcher jusqu'au bus", raconte à France Football Vahid Halilhodzic, le premier à lui avoir donné sa chance en sélection.
Ce n'est donc pas pour rien qu'il est actuellement deuxième meilleur passeur des 5 grands championnats européens (avec 7 passes), derrière l'illustre Kevin De Bruyne (8). Le buteur de 31 ans avait sûrement déjà ces qualités en lui, mais à Monaco il s'est surpris lui-même. En sept matches de Ligue 1, il a donné une passe décisive de plus que lors des trois dernières saisons en championnat cumulées (6). Depuis sa meilleure saison en 2015/2016 (31 buts toutes compétitions confondues), Slimani semblait irrémédiablement engagé sur la pente descendante. Acheté 35M€, il n'a pas fait son trou à Leicester, qui l'a prêté deux fois, à Newcastle et à Fenerbahçe, sans que cela ne soit concluant. Quand il signe à Monaco à la fin du mercato, son arrivée en prêt sonne comme un mouvement de dernière minute pour pallier la fuite de Radamel Falcao en Turquie.
Un grand costaud au pied tendre
Si son entente avec Ben Yedder ne connait pas de coup d'arrêt, Slimani pourrait être la bonne affaire de la saison. L'option d'achat fixée par Leicester ne dépasserait pas les 10M€. "Dans les deux ou trois prochaines années, il peut faire partie des meilleurs clubs du monde et tourner au minimum à 20 buts par saison", déclarait son ex-coéquipier en sélection Carl Medjani à RFI en 2016. L'ancien défenseur d'Ajaccio n'avait peut-être pas complètement tord à l'époque. A l'heure actuelle, Slimani n'est plus qu'à 6 buts du record d'Abdelhafid Tasfaout en sélection algérienne et il est le joueur le plus décisif de Ligue 1 (5 buts, 7 passes).
La vie est belle, mais elle pourrait l'être encore plus ce vendredi soir, s'il venait à ajouter une nouvelle prestation de qualité contre Nantes. Pour l'anecdote, Islam Slimani était à deux doigts de s'engager avec le FC Nantes à l'été 2013. Sous les conseils de Vahid Halilhodzic (qui lui avait donné sa chance en sélection), les Canaris avaient transmis une offre et les représentants du joueur avaient fait le déplacement. D'après L'Equipe, Waldemar Kita n'avait pas souhaité offrir plus de 100 000€ au CR Bélouizdad. L'Algérien avait finalement rebondi au Sporting Lisbonne. La suite est celle que l'on connait.
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