"L'impunité doit cesser", alerte le porte-parole du Collectif Rouge direct après les chants homophobes entendus lors de PSG-OM
Une belle et nette victoire sur le terrain, mais des chants inacceptables dans les tribunes. Lors du PSG-OM, dimanche 24 septembre, le Parc des princes, dépourvu de supporters marseillais privés de déplacement, a été le théâtre de nouveaux chants homophobes pendant de longues minutes. "Il est impensable de rester sourd à de tels chants haineux et homophobes dans nos tribunes", a réagi lundi 25 septembre, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, sur X (ex-Twitter).
"Peu importe la rivalité et l'enjeu, ils doivent être combattus sans répit par les supporters, les acteurs de la compétition, les instances et les pouvoirs publics", écrit-elle encore, en annonçant également que "la commission de discipline" de la Ligue de football professionnel "est désormais saisie". Elle "invite" également le PSG "à déposer plainte pour identifier les auteurs et les traduire devant la justice, pour qu'ils soient sortis des stades."
De son côté, le Paris Saint-Germain a également vertement condamné ces chants. Dans un communiqué, le club "condamne toutes les formes de discrimination, notamment l'homophobie, et tient à rappeler qu'elles n'ont leur place ni dans les stades, ni dans la société".
Même dénoncés, ces comportements demeurent "accablants" selon Julien Pontes, porte-parole du Collectif Rouge direct, qui relève sur Twitter "un niveau d’homophobie dans le football [qui] n’est plus tenable et appelle des réactions extrêmement fermes". Pour franceinfo: sport, il revient sur ces faits d'homophobie qui se banalisent au sein des stades.
Franceinfo: sport : Les chants homophobes entendus lors du match PSG-OM montrent une nouvelle fois que rien ne bouge, malgré les tentatives de sensibilisation mises en place depuis plusieurs années.
Julien Pontes : On constate une aggravation logique des manifestations d'homophobie dans les stades de football parce que la loi de l'impunité est systématique. Dans ces conditions, il est évident que le phénomène ne peut que s'aggraver. Ce que la Ligue de football professionnel (LFP) fait avec ses partenaires associatifs, c'est ce qu'on appelle du Pinkwashing, c’est-à-dire faire semblant d'agir contre l'homophobie.
De plus en plus de joueurs refusent de porter le maillot arc-en-ciel, né de l'initiative. Aucun joueur ne relaie le port de ce maillot sur ces réseaux sociaux par exemple. C'est de l'enfumage. Et quand on voit un joueur, en l'occurrence Kévin N'Doram (FC Metz), dire devant les caméras que lui et son équipe "jouent comme des tapettes [le 18 août 2023]", vous voyez le niveau d'inefficacité de ce que propose la LFP.
Pendant ce temps-là, en Premier League, ils font ce qu'il faudrait faire depuis des années, c'est-à-dire identifier les auteurs d'homophobie, les interpeller, les juger et les interdire de stades. Sur les vidéos du match d'hier, on peut y voir des supporters qui sont parfaitement identifiables. Quand Madame la ministre dit : "Tolérance zéro", je réponds :"Très bien, faisons comme en Angleterre".
Faudrait-il durcir les sanctions actuelles (financières, fermeture de tribune, parfois avec du sursis) avec un volet judiciaire et financier par exemple ?
Effectivement, il faut des sanctions financières dissuasives pour les clubs, que la LFP refuse aujourd'hui de prendre, surtout quand il s'agit de clubs aussi exposés, aussi riches et puissants que le PSG. C'est toujours la même chose. Ce n'est pas une amende de 1500 euros avec sursis contre un club, comme a eu l'OM il y a quelques années, qui va changer les choses.
Nous avons fait une proposition à Madame la ministre il y a une quinzaine de jours. Nous proposons qu'il y ait pendant les matchs, une commission tripartite avec d'un côté la police, la division nationale de lutte contre le hooliganisme, les directeurs sécurité des clubs, et aussi des militants associatifs LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans, intersexes, queers).
Et puis, quand on entend ce qu'on a entendu hier au Parc des Princes, le règlement prévoit des arrêts de match. Normalement, l'arbitre doit interrompre le match. Pourquoi cette règle n'a-t-elle pas été appliquée ? On est dans l'anomalie permanente avec l'homophobie dans le football, dans l'impunité. Et cela doit cesser.
Comment expliquez-vous que les mesures en place ne soient pas toujours appliquées, comme les arrêts de match que vous mentionnez ?
Il faut poser la question à la LFP. Je crois qu'il y a, à la fois, cette envie de ne pas se prendre la tête et de se créer des problèmes avec des "histoires d'homophobie". Le monde du sport, des fédérations, des ligues, est très viriliste. Ils n'ont pas l'intelligence de combattre un problème d'égalité des droits et de dignité.
Sanctionner les associations de supporters, reconnus coupables d'homophobie, serait-il une sanction possible et plus efficace ?
Nous sommes tout sauf anti-supporters. On ne veut pas être dans le tout répressif. Pour nous, la responsabilité première est celle du club qui doit garantir la sécurité et le bien-être de tous les spectateurs pendant les matchs. C'est d'abord à eux d'agir et malheureusement, ils ne le font pas.
Avant tout chose, il faut effectuer un vrai travail d'information auprès des supporters, de la prévention, pour faire comprendre ce que c'est l'homophobie à des supporters. Et après, ce sera plus légitime de les faire condamner. Mais cela est de la responsabilité de la Ligue et des clubs. Sans les sanctions, la prévention est nulle, donc maintenant il faut des sanctions fermes.
Peut-on dire qu'il a une particularité française sur l'homophobie dans le sport ?
Oui, parce qu'il n'y a pas de lutte sérieuse et sincère contre l'homophobie dans le football. On se souvient, par exemple, de l'ancien président de la Fédération française de football (FFF) Noël Le Graët, qui se vantait pendant la Coupe du monde au Qatar d'avoir fait partie des "leaders" contre le port du brassard One love, alors que toutes les autres fédérations européennes, que ce soit l'Angleterre, l'Écosse, le Pays de Galles, le Danemark et j'en passe, toutes les fédérations européennes avaient résisté à la Fifa pour porter le brassard.
Et la France était à part. On a eu un très bon aperçu du retard coupable des instances du football français, dans la lutte contre l'homophobie. Et cela ne change pas puisque Philippe Diallo, le nouveau président de la FFF, déclare qu'il n'y a pas de problème d'homophobie dans le football.
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